En cette période de « reprise », peu de changements notoires dans le quotidien des Très petites entreprises de Guadeloupe. Quant aux possibles évolutions…, elles se font ardemment désirer. Entretien avec Alan Nagam, président de la Fédération des Très petites entreprises de Guadeloupe.
Quelle est la situation des Très petites entreprises à ce jour ?
Actuellement, la situation économique de la Guadeloupe ne permet pas aux Très petites entreprises d’avoir une condition financière correcte. On tient le coup, mais il n’y a pas de marché, aucune proposition, les communes sont en difficulté, les communautés d’agglomération ne proposent pas de marché. Aujourd’hui, les choses restent difficiles.
Quelles perspectives, selon vous ?
Pour l’instant, il n’y a pas de perspectives de développement économique en Guadeloupe. L’économie de comptoir est à bout de souffle, et pour nous, c’est le statu quo : on végète. C’est malheureux, mais depuis le mois de mai, nous vivons des séances politiques. D’abord, il y a eu des ateliers pour préparer le Congrès des élus en Guadeloupe. Puis, il y a eu le CIOM* et son catalogue de mesures ; Et, aujourd’hui, nous sommes dans les élucubrations pour les élections sénatoriales. Les élus n’entendent que la voix de ceux qui financent leurs campagnes électorales.
Parmi les propositions validées par le CIOM*, lesquelles pourraient permettre aux Très petites entreprises de se relancer ?
Il y a les grandes lignes, de bonnes idées, mais aussi beaucoup d’incohérences : on ne voit pas comment mettre cela en œuvre concrètement, leur faisabilité. D’un côté, on parle de produire en Outre-Mer, et de l’autre, du coût des importations !
Que préconisez-vous ?
Depuis longtemps, je propose la création d’un fonds d’investissement pour stimuler la croissance des Très petites entreprises ultramarines. À La Réunion, depuis 2018, on accompagne la production, l’innovation et l’industrie. En Guadeloupe, on n’a rien créé d’équivalent ! La Réunion produit 48 % de sa consommation en élevage : bœuf, poulet…
Existe-t-il un projet de développement et d’accompagnement de l’agriculture et de l’élevage en Guadeloupe ? On avance au petit bonheur la chance. On ne sait pas de quoi sera fait demain parce qu’aujourd’hui, le potentiel de la Guadeloupe n’est pas pris en compte ! Il serait temps qu’on prenne en considération les secteurs qui, en Guadeloupe, peuvent générer de la croissance !
Nous avons quelques idées, mais c’est aussi aux politiques, aux ingénieurs, techniciens… d’élaborer ce plan, de recenser les capacités de production de la Guadeloupe, ce qui va générer de la croissance, créer de la valeur ajoutée et offrir des emplois, notamment aux jeunes. C’est tout ce travail qu’il faut effectuer en amont pour proposer un projet de développement économique, industriel, culturel et social sur 15, voire 20 ans à l’Etat et aboutir à une situation économique viable. Or, aujourd’hui, on parle beaucoup mais on ne fait rien.
Entretien : Cécilia Larney