Juriste, spécialisée dans les Droits humains, Sabrina Cajoly a initié plusieurs actions depuis 2020, notamment auprès de l’ONU, pour permettre aux usagers de Guadeloupe d’avoir accès à l’eau.
Guadeloupéenne, Sabrina Cajoly a défendu la cause de populations issues de pays en voie de développement. Surprise ! De retour en Guadeloupe, elle constate que l’accès à l’eau ne coule pas de source. Et, quand les robinets sont alimentés, le produit qu’ils délivrent n’est pas toujours potable. Malgré ces défaillances, les factures – exorbitantes – pleuvent chez les usagers.
Un capharnaüm qui ne peut laisser Sabrina Cajoly, juriste spécialisée en Droits humains, particulièrement en Droits des enfants, également victimes de cette situation, indifférente. Résolue à faire bouger les lignes, Sabrina Joly a entrepris une série d’actions, notamment auprès des Nations Unies pour alerter sur la situation de l’Outre-mer, et particulièrement de la Guadeloupe.
« Ma contribution à mon pays ! »
« Le manque d’eau est une violation d’un droit fondamental qui impacte d’autres droits humains : la santé, le logement, l’environnement, l’accès à un niveau de vie décent, à l’éducation…, explique Sabrina Cajoly. Entamer ces actions est ma contribution à mon pays ! »
En 2020, en pleine crise Covid alors que le lavage des mains était l’un des gestes élémentaires de protection, la juriste soumet un rapport aux Nations Unies qui en tiennent compte. Là où d’autres destinataires ont détourné le regard…
En mai, l’examen de la situation des Droits de l’homme en France par les instances des Nations Unies a été l’occasion de mettre le dossier de l’accès à l’eau dans les Outre-mer, sur la table.
« Remédier au cauchemar des populations. »
« C’était la première fois que le problème de l’eau dans les territoires d’Outre-mer était abordé de manière aussi précise, souligne Sabrina Cajoly. En mai, j’ai mené un plaidoyer sur la base d’une vidéo que j’ai réalisée avec les parents d’une enfant de 3 ans, lourdement handicapée, expliquant que le manque d’eau entrave son droit à la santé. »
Le Comité des Droits de l’enfant a appelé la France à « prendre des mesures pour remédier aux conditions inhumaines et au cauchemar quotidiens que subissent les populations. »
S’il est vrai que des chantiers de rénovation du réseau d’eau sont en cours ici et là en Guadeloupe, il n’en demeure pas moins que la situation des usagers évoluent… peu.
« Provoquer un électrochoc ! »
« Toutes ces mesures s’inscrivent dans la durée, déplore Sabrina Cajoly. Il faut déclencher un plan d’urgence pour approvisionner la population en eau potable en attendant la réparation des réseaux d’eau et d’assainissement avec des distributions de citernes équipées et raccordées pour les foyers, écoles et structures sanitaires. Pour pallier la non-potabilité de l’eau, il faudrait distribuer de fontaines et bonbonnes d’eau minérale réutilisables. »
En plus de ces propositions, qu’elle souhaite soumettre aux décideurs, Sabrine Cajoly a saisi le parquet de Pointe-à-Pitre, pour des recours au civil et au pénal, avec le cabinet Vigo (Paris). L’enquête ouverte permet d’auditionner les plaignants. « L’objectif, insiste Sabrina Cajoly, c’est de provoquer un électrochoc auprès de ceux qui ont une responsabilité dans la situation actuelle de l’eau en Guadeloupe. Il s’agit aussi d’envisager l’indemnisation des usagers et d’alléger la pression financière sur des personnes privées d’eau et qu’on menace de saisies sur le compte bancaire ».
Depuis le mois d’avril, la Ligue des Droits de l’homme a rejoint le lot des plaignants.
Cécilia Larney