Eau et assainissement : la Guadeloupe c’est le tiers-monde !

La brochure Eau et assainissement – Les chiffres clés a été réalisée par l’Observatoire de l’Eau de la Guadeloupe, qui est une structure partenariale portée par l’Oce de l’Eau Guadeloupe. Il est le fruit d’un travail collaboratif entre l’Oce de l’Eau, les services et établissements publics de l’État (DEAL, ARS et Préfecture), le Conseil Régional, le Conseil Départemental et les diérents opérateurs du territoire. Ce document, lu en détail, peut faire peur ! La Guadeloupe, côté eau et assainissement, n’est pas encore au XXIe siècle.

L’eau potable devient de l’eau usée une fois passée par les canalisations, l’utilisation humaine ou animale. Le transfert est connu. En Guadeloupe, l’eau de pluie, qui devient de l’eau de source en Basse-Terre ou de l’eau des nappes dites phréatiques en Grande-Terre, se trouve essentiellement en Basse-Terre, les montagnes de cette région stoppant ou obligeant les nuages à s’élever pour les franchir, ce qui provoque une réaction : la différence de température entre, disons, Capesterre Belle-Eau au niveau de la mer, 30° et le sommet de la Soufrière, 23° entraînant une production de pluie. Qui s’écoule vers la mer, en rivières ou ruisseaux. On nous dire : simpliste comme raisonnement. Simpliste mais compréhensible.

100 millions de m3 prélevés sur la ressource

Chaque année, un peu plus de 100 millions de m3 d’eau sont prélevés (+2% chaque année), 85% pour de l’eau potable, 12%pour l’irrigation, 3% pour d’autres usages domestiques. « Alors que la population diminue, le prélèvement continue d’augmenter parce que ces volumes d’eau supplémentaires sont en réalité prélevés pour tenter de compenser les pertes d’un réseau de distribution défaillant… » dit l’étude.

Où est prélevée l’eau ? 91% en Basse-Terre, 7% en Grande-Terre, 2% à Marie-Galante.

Où sont les usines de production de l’eau que nous buvons ? A Perrin/Les Abymes, à Deshauteurs/Sainte-Anne, 

 Les captages, cependant, sont tous en Basse-Terre : Bras-David, Duclos,Grande Rivière à Goyaves, Vernou, Belle-Eau Cadeau, La Digue, Moreau, Moustique. Ces captages sont utilisés par des feeders deau potable ou d’eau brute. Ainsi, l’eau de Belle-Eau Cadeau, à Capesterre Belle-Eau, est conduite jusqu’à… la Désirade. Et les eaux captées à capesterre Belle-Eau, Goyave, Petit-Bourg alimentent… toutes les communes, de Terre-de-Bas à Beauséjour, en passant par le Gosier.

Qui gère le captage et la distribution de cette eau ? 13 autorités organisatrices en 2011, puis 5 en 2016. Dont le fameux SIAEAG et quatre EPCI. Bientôt, dit-on, mais on en parle depuis… 2014, il devrait n’y avoir qu’un Syndicat Unique (Ouvert) de l’Eau. 

60% de l’eau captée et transportée arrose les plantes…

La Guadeloupe (et la Martinique est dans le même cas) met en distribution, chaque année, environ 80 millions de m3 d’eau potable. 39% sont réellement consommés par la population. Le reste arrose les plantes… En cause l’état du réseau : il y a des fuites. Mais il y a aussi des compteurs, anciens, qui ne totalisent plus la consommation, et il y a des piquages clandestins sur le réseau…

Où le réseau est-il le moins efficient ? A Capesterre Belle-Eau, Trois-Rivières, Goyave, Petit-Bourg, Baillif, Basse-Terre, Vieux-Habitants, en Basse-Terre, sur la riviéra, du Gosier à Saint-François, en Grande-Terre. Là le taux de perte sur le réseau est de… 65% au mieux.

La qualité de l’eau ? Les services officiels prélèvent de l’eau pour analyser ce qu’elle contient. En Guadeloupe, de l’aluminium, des pesticides, des bactéries. Mais, en quantités infimes, dans certains secteurs, après de fortes pluies. Pour connaître la qualité de l’eau potable dans son quartier, il y a un site : https://orobnat.sante.gouv.fr. Mais ce n’est valable que si vous habitez l’Essonne. Les rédacteurs du document doivent être d’ailleurs… Il n’y a sans doute pas de spécialistes de l’eau en Guadeloupe.

Les stations d’épuration hors-service

Une station d’épuration en Guadeloupe. Photo Office de l’eau

Les eaux usées ? Elles sont collectées et traitées. C’est ce qu’on appelle l’assainissement. C’est important. Très important. Savez-vous que 4 Guadeloupéens sur 10 vivent dans une zone raccordée à un système d’assainissement. Seulement 4 ? Oui, et le raccord ne veut rien dire. 

Sur 18 stations de traitement des eaux usées… 5 seulement fonctionnent. Les autres non. Ou ne sont pas conformes. Ou n’ont jamais été conformes (Capesterre Belle-Eau). Seules sont conformes les stations de Saint-François, Le Moule, Morne à l’Eau, Anse-Bertrand, Lamentin et Trois-Rivières.

« Cette situation très dégradée est due, selon les cas, à des ouvrages de traitement hors service, à une exploitation défaillante, à des incidents ponctuels ou à la vétusté de certains ouvrages. Ces disfonctionnements ont des conséquences négatives sur l’état environnemental des eaux littorales (origine principale supposée de la dégradation des récifs coralliens) et sur la qualité des eaux de baignade du territoire», explique l’étude.

Et puis il y a les 60% de Guadeloupéens qui ne sont pas reliés au réseau de collecte des eaux usées. Pour ceux-ci, leurs déjections et eaux de vaisselle filent directement dans les sols, dans des ravines, à la rivière, à la mer… Mais les autorités veillent depuis quelques temps. Ainsi, en refaisant certaines voies d’accès et de circulation dans Jarry les entreprises chargées de faire les travaux se sont-elles rendu compte que des entreprises n’étaient reliées à aucun réseau de collecte…

Côté eau et assainissement, la Guadeloupe c’est le tiers-monde !

André-Jean VIDAL

Vous pouvez aussi consulter le dossier détaillé des chiffres clés sur le site : http://www.guadeloupe.gouv.fr/content/download/21936/135803/file/chiffres%20cles%202020.pdf

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​