Invités à témoigner pour le lancement de « Vakans sans accident », opération inédite de la préfecture de Guadeloupe, les victimes de la route veulent que leur tragique accident serve de leçon aux usagers de la route.
Leur vie et celle de leur entourage ont basculé suite à un accident de la route. Certains sont morts. D’autres en ont réchappé au prix de lourdes séquelles qui les marqueront à vie. Aux traumatismes physiques s’ajoutent les traumatismes psychologiques.
Comme une onde de choc, un accident de la route impacte durablement la victime, mais aussi son entourage, un aspect trop souvent négligé. À l’instar des comportements à risque (vitesse excessive, téléphone au volant, dépassement sans visibilité, conduite en état d’ébriété ou sous l’effet de produits stupéfiants…) qui ont pourtant une conséquence directe : depuis le début de l’année, en Guadeloupe, on recense 25 tués et 250 blessés.
« La situation n’est plus tolérable, commente Xavier Lefort, préfet de Guadeloupe. Entendre le témoignage des victimes est une manière de rappeler à chacun que la route est dangereuse, que tout peut arriver quand on prend le volant et qu’il faut que nous mettions fin à des comportements qui ne sont plus acceptables. Il faut une prise de conscience pour que ça s’arrête. La route ne doit pas être un endroit où on se tue, où on se blesse ! Nous devons arriver à avoir des vacances, en juillet et en août, sans accident. C’est une responsabilité que nous portons les uns et les autres. »
Douloureux retour à la réalité
Lancée par la préfecture de Guadeloupe, la Sécurité routière, la Police nationale, la gendarmerie, le SDIS et leurs partenaires (Routes de Guadeloupe, l’association des restaurateurs…), l’opération Vakans sans accident est un challenge collectif à relever. Symboliquement, la présentation de l’opération s’est déroulée à la clinique Choisy (Le Gosier), l’établissement où précisément de nombreuses victimes de la route reprennent connaissance après un violent accident.
Ce douloureux retour à la réalité est accompagné d’une longue et difficile acceptation – parfois – de leur état : un membre amputé, des traumatismes divers dont certains s’estomperont avec le temps et d’autres qui les accompagneront pour leur reste de leur vie. Pour eux, autant que pour leurs proches, c’est un quotidien à réinventer. Une nouvelle vie à construire dans la douleur.
L’Eglise de Guadeloupe associée à la sensibilisation
Parallèlement à cet appel à la responsabilité de chaque usager de la route, les autorités multiplieront les actions de prévention, de contrôle, avec des sanctions alourdies sur le territoire. Mais, reconnaît Xavier Lefort, « rien ne vaut la prise de conscience individuelle ».
Associée à cette opération de sensibilisation, l’Eglise de Guadeloupe était représentée par le Père Foucan, futur vicaire général. « L’Eglise se soucie de ce qui se passe sur les routes de Guadeloupe, explique-t-il, particulièrement les nombreux accidents et infractions qui peuvent être évités. Nous appelons à la prudence, au respect de l’autre, du Code de la route… Il y a moins d’un an nous avions célébré une messe au Carmel pour une Guadeloupe avec moins d’accidents. »
Partenaire de l’opération Vakans sans accident, Routes de Guadeloupe affiche désormais le nombre de blessés et de tués dans le département. Pour que nul n’ignore que sur la route nous sommes tous concernés.
Cécilia Larney
Ça n’arrive pas qu’aux autres
- « Après mon accident et 8 mois de coma, j’ai dû tout réapprendre, y compris à parler ! », témoigne une victime qui s’était endormie au volant.
- « Après 18 jours de coma, c’était un choc pour moi, ma femme, mes enfants, de me voir avec 70 kilos en moins !, raconte Ludovic, polytraumatisé. On ne conduit pas pour soi, mais aussi pour les autres. »
- « Je ne souhaite à aucune mère de vivre les 8 années que j’ai passées auprès de mon fils tétraplégique, aveugle, triple traumatisé crânien après un accident. »
- « En mars 2020, un conducteur en état d’ébriété a voulu doubler trois voitures d’un coup : il nous a percutés, raconte Mélinda. Mon compagnon est mort sur le coup. J’ai eu du mal à accepter ce que je suis devenue : j’ai subi 23 anesthésies et aujourd’hui, je suis épileptique suite à un traumatisme crânien. »