Décolonisons l’écologie, un documentaire poignant

Basé sur l’analyse de Malcolm Ferdinand dans son ouvrage, Une écologie décoloniale – Penser l’écologie depuis le monde caribéen, le documentaire Décolonisons l’écologie – Reportage au cœur des luttes décoloniales et écologistes est disponible sur YouTube.

Signé Annabelle Aim, Cannelle Foudrinier et Jérémy Boucain, Décolonisons l’écologie va à la rencontre des acteurs sociaux, écologiques, culturels et agricoles de Martinique pour interroger le patrimoine écologique de l’île au regard de la crise du chlordécone.

Après 9 jours de tournage, les trois réalisateurs livrent un document fort de sens qui, en filigrane, tente de répondre à la question : « Pourquoi les luttes écologistes sont indissociables des luttes antiracistes ? ».

Au cœur des luttes sociales

Décolonisons l’écologie – Reportage au cœur des luttes décoloniales et écologistes est présenté comme un road-movie, un voyage au cœur des problématiques et questionnements écologiques de la Martinique.

Le documentaire pose un regard nouveau, approfondi, sur les luttes locales liées à la résilience alimentaire et la pollution des terres. Un reportage poignant au cœur même des luttes sociales en Martinique, en contact avec ses acteurs.

Activistes, les trois réalisateurs, Annabelle Aim, Cannelle Fourdrinier et Jérémy Boucain affirment œuvrer dans la perspective d’une « écologie décoloniale ».

Cannelle Fourdrinier et Jérémy Boucain, deux des réalisateurs du documentaire.

« Notre projet militant est parti de plusieurs constats : les personnes racisées sont les premières concernées par la crise capitaliste, aux impacts environnementaux, sanitaires et sociaux, et pourtant, celles-ci sont invisibilisées au sein de la lutte écologique mainstream, dans les instances de décisions, de construction des stratégies de lutte et de production des enseignements, expliquent-ils. Nous avons écouté et appris de celles et ceux qui, depuis la Caraïbe, et notamment en Martinique, sont les mieux placé(e)s pour apporter des solutions radicales à ce système colonial, capitaliste, écocidaire, génocidaire. »

Une écologie décoloniale

Ce documentaire pertinent, que l’on prend énormément plaisir à visionner, est directement inspiré de l’ouvrage, Une écologie décoloniale – Penser l’écologie depuis le monde caribéen, de l’ingénieur en environnement martiniquais Malcolm Ferdinand, paru aux éditions Seuil en 2019.

Dans ce livre, l’auteur expose son concept d’« écologie décoloniale », estimant, en premier lieu que : « Derrière sa prétention d’universalité, la pensée environnementale s’est construite sur l’occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. (…) ». Il poursuit en affirmant que : « Penser l’écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d’une région où impérialismes, esclavagismes et destructions de paysages nouèrent violemment les destins des Européens, Amérindiens et Africains ». Ainsi, Malcolm Ferdinand définit ce qu’il appelle « l’écologie coloniale » et expose, à contre-sens, l’idée d’une « écologie décoloniale ».

Selon l’auteur, il s’agit de « panser cette fracture » sociétale dans la dynamique d’un « habiter ensemble » qui préserverait les écosystèmes tout autant que les dignités humaines. C’est de cette idée fondamentale liée à la résilience de nos sociétés créoles, post-esclavagisées, que nait l’idée ce documentaire qui veut interroger depuis la Caraïbe, et notamment en Martinique, les stigmates de la colonisation et de ses conséquences environnementales. Un documentaire réalisé en collaboration avec le collectif des ouvrier.ère.s empoisonné.e.s par les pesticides de Martinique.

Rodolf Etienne

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