Avec les vagues successives de kidnapping qui semblent cibler particulièrement les professionnels de santé, l’Association médicale haïtienne a donné plusieurs conférences de presse pour déplorer cette situation et attirer l’attention sur sa conséquence immédiate: l’exode des médecins les plus qualifiés.
Avec les vagues successives de kidnapping qui semblent cibler particulièrement les professionnels de santé, l’Association médicale haïtienne a donné plusieurs conférences de presse pour déplorer cette situation et attirer l’attention sur sa conséquence immédiate: l’exode des médecins les plus qualifiés.
« Nous ne pouvons même pas organiser une réunion. Tout se fait en ligne. L’AMH va avoir 75 ans, on ne peut rien planifier pour célébrer cette date. Nous avions eu une rencontre au sein de l’AMH, à chaque fois qu’on pense à un médecin pour faire partie d’un comité, on apprend qu’il n’est plus en Haïti. La majorité des médecins n’est pas en Haïti », avait déploré le secrétaire général de l’Association médicale haïtienne, le Dr Jean Ardouin Louis-Charles, sur les ondes de Magik 9 en début d’année.
À la fuite des médecins spécialistes s’ajoute, en cette fin d’année, celle des résidents qui sont en formation dans les principaux hôpitaux universitaires du pays. Dans une enquête menée dans les différents services du plus ancien et plus grand centre hospitalo-universitaire d’Haïti (HUEH), la situation est très alarmante.
S’il faut considérer les quatre services de base, sur les huit résidents en première année au service de pédiatrie de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, un seul répond à l’appel en cette fin d’année.Les sept autres ont quitté le service à cause de la situation sécuritaire du pays. La majorité sont des bénéficiaires du programme humanitaire Biden.
Au service de médecine interne, neuf résidents ont fui le pays pour aller vers d’autres cieux, dont quatre en première année de résidence, quatre en deuxième année et un en troisième année. Un total de 27% sur les 33 résidents qui devraient être en formation dans ce service.
Au service d’obstétrique et de gynécologie, sur les cinq résidents recrutés en première année, deux ont déjà quitté le pays, selon les informations obtenues sur place. « Certains résidents sont en attente d’une confirmation; on peut difficilement prédire le nombre de médecins qui va terminer la formation », a confié un résident du service.
La chirurgie générale est la moins touchée par la vague migratoire avec un seul résident en troisième année qui est parti dans le cadre du programme humanitaire Biden.
Au-delà de ces services de base, d’autres spécialités assez rares ont perdu des résidents dans la vague de migration qui vide les institutions haïtiennes des ressources humaines les plus qualifiées.
Le service d’orthopédie accuse une perte de deux résidents parmi les six en première année, toujours dans le programme Biden. Deux résidents en première année d’anesthésiologie ne sont plus là. Ils sont deux résidents en première année de radiologie sur quatre à quitter le pays. Trois résidents sur un total de neuf ont laissé le service d’otorhinolaryngologie. Quatre résidents sur 11 sont aux abonnés absents au service de dermatologie.
Le responsable de la résidence hospitalière à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti,le Dr Rodolphe Malebranche, dit avoir constaté cette augmentation cette année par rapport aux années précédentes. « Ceux qui décident de fermer leurs dossiers écrivent au chef de service directement. Cependant, comme je suis en copie, j’ai vu les dossiers et effectivement, il y a une augmentation », a confié le Dr Malebranche.
Pour le directeur exécutif de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, le Dr Jude Milcé, il s’agit d’une « hécatombe ». « Cela va au-delà des résidents, beaucoup de cadres et d’autres professionnels ont émigré. La situation est plus grave du côté des infirmières, estime le Dr Milcé. La majorité des professionnels recrutés l’ont été pour remplacer ceux qui sont partis. Nous ne sommes pas encore au stade de renforcement, nous essayons juste de combler les vides. »
Le Dr Jude Milcé déplore le fait que certains employés sont partis sans avertir la direction. Cette situation, dit-il, empêche le recrutement de nouveaux cadres. Dans les autres hôpitaux universitaires et parmi les internes, la réalité n’est pas différente. Parmi ceux qui sont restés, beaucoup sont en attente d’une confirmation du programme humanitaire Biden ou d’une lettre d’acceptation d’une université en Europe ou au Canada.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/245563/de-moins-en-moins-de-specialistes-en-medecine-en-haiti