Dans le dossier de l’eau, Josette Borel-Lincertin a déjà beaucoup donné

Le 13 janvier, le secrétaire général de l’UNSA et le délégué syndical UNSA-SIAEAG écrivaient à Josette Borel-Lincertin (mais aussi au président du Conseil régional, aux présidents d’EPCI, au préfet) pour dire leur inquiétude extrême à l’approche de la date à laquelle le SIAEAG, l’entreprise qui les emploie doit être dissoute, fermée, liquidée.
On a fait des gorges chaudes du fait que la présidente du Conseil départemental ait déclaré et écrit qu’elle ne prendrait pas à sa charge les dettes du SIAEAG. Et elle a dit pourquoi.

Le courrier, dont l’intégralité est publiée ci-dessous, permet de mieux comprendre l’attitude de Josette Borel-Lincertin.

« Sans jamais varier de position,
même lorsque j’ai été bien seule… »

Josette Borel-lincertin

« Je comprends et je partage, écrit la présidente, l’inquiétude que vous exprimez devant les échéances incertaines auxquelles les salariés du SIAEAG sont confrontés depuis que le Gouvernement a indiqué il y a plusieurs mois sa volonté de dissoudre la structure à des échéances qu’il n’a cessé, depuis, de repousser. »

Elle rappelle : « Sans jamais varier de position, même lorsque j’ai été bien seule, je n’ai eu de cesse de m’opposer à cette volonté de liquider une structure qui, au regard du volume de créances qu’elle détient, dispose des moyens de sa survie, pour peu que le travail de recouvrement soit conduit avec célérité et efficacité. »

« Le SIAEAG doit demeurer jusqu’à la création du syndicat mixte ouvert destiné à être la future autorité de gestion de l’eau et de l’assainissement », dit encore la présidente du Conseil départemental qui rappelle son soutien financier au fil des années. Elle énumère : « C’est le Département qui a conduit et pour une part financé sur ses fonds propres l’essentiel des travaux qui ont concerné les infrastructures de production et de distribution de l’eau potable du SIAEAG… C’est le Département qui a converti une ligne de trésorerie de 2,5 millions d’euros accordée en 2018 en subvention d’équilibre afin de permettre au SIAEAG de faire face à ses dépenses courantes… C’est le Département qui, en décembre 2020, a procédé au règlement à hauteur de 2,8 millions d’euros d’une dette de la régie Renoc-Eau du SIAEAG vis-à-vis de Karuker’Ô afin de garantir la continuité du service d’eau potable notamment dans le nord Grande-Terre. Et c’est le Département, mais également l’Office de l’eau, qui se comporte en créancier bienveillant et compréhensif du SIAEAG, alors même que les sommes dues dépassent les 25 millions d’euros. » 

Elle conclut son propos : « Si le SIAEAG est encore aujourd’hui opérationnel et que ses équipes sont en mesure de remplir leurs missions, j’ose écrire que c’est en grande partie grâce aux interventions constantes du Département à ses côtés non pas depuis un an, non pas depuis trois ans, mais depuis bientôt six ans. »

« Comment ne pas se demander si l’insolvabilité du SIAEAG n’a pas été, pour une part, délibérément organisée ? »

Sébastien Lecornu, même s’il est un camarade de Josette Borel-Lincertin, n’en est pas moins à ses yeux un garçon qui manque de tact : « Vous conviendrez avec moi, dit-elle, que l’Etat ne peut pas nous demander de prendre en charge les conséquences des décisions qu’il prend seul, qu’il impose et qu’il devrait, dès lors, assumer seul. D’autant que les menaces régulières de dissolution agitées localement et nationalement par l’Etat tout au long de ces derniers mois ont eu, vous le savez, des conséquences particulièrement dommageables sur l’efficacité du recouvrement des factures et des créances.
Comment ne pas se demander si l’insolvabilité du SIAEAG n’a pas été, pour une part, délibérément organisée ? »
, interroge-t-elle.

Et elle proclame : « Je suis attachée, en tant qu’élue et en tant que Guadeloupéenne, à ce que chacun prenne ses responsabilités et que l’Etat ne se défausse pas sur la Région et le Département qui ne sont pas plus compétents que lui en matière d’eau potable et d’assainissement. »

Pour résumer son propos elle écrit, égratignant au passage et mettant en avant sa prudence légendaire : « Pour ma part, la perspective d’échéances électorales à venir ne saurait me faire perdre ma boussole en cédant à la tentation d’engager l’argent public du Département là où tout indique qu’il n’est pas nécessaire ou, à tout le moins, que d’autres acteurs — et en premier lieu l’Etat — ont aussi à prendre leurs responsabilités, à notre suite. D’autant que l’explosion des dépenses sociales liées à la crise du COVID-19 nous contraint à maîtriser nos charges. »

Pour la suite, elle explique : « Je reste une ardente militante d’un syndicat mixte ouvert rassemblant l’ensemble des acteurs de l’eau de la Guadeloupe. Le Département a délibéré pour cela dès décembre dernier et nous avons prévu de participer à sa dotation d’amorçage à hauteur de 5 millions d’euros. C’est une preuve de plus de notre engagement et de notre volonté d’agir sitôt que le préfet aura accédé à notre demande de convoquer la commission départementale de coopération intercommunale. »

André-Jean Vidal

La lettre de Josette Borel-Lincertin au syndicat UNSA :

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