Infatigable défenseur des traditions, Alex Nabis a porté sur les fonts baptismaux de nombreux concepts culturels qui ont forgé des générations (Vendredi Pichon, Kaoka, Nwèl kakado…).
La 4e soirée On ti Zyédou du Conseil départemental a mis en lumière les nombreuses réalisations d’Alex Nabis, le 19 décembre, à l’habitation L’Oiseau (Vieux-Habitants).
Vous êtes à l’origine de nombreux concepts qui ont été pour des générations de Guadeloupéens une rencontre avec leur identité. D’où vous vient votre motivation ?
Alex Nabis : Ma mère était très créative : elle chaussait la bourgeoisie de Basse-Terre en « tan Sorin » en tressant des fibres de karata. J’ai vu ma mère créer des choses avec rien du tout. D’autre part, pendant mes études, pendant deux ans, mon thème privilégié c’était la créativité : j’ai appris à réinventer, à créer. Puis, j’ai eu beaucoup de chance : j’ai toujours collaboré avec des gens qui avaient du talent et qui ne comptaient pas leurs efforts, même si j’apportais ma contribution !
En initiant, avec d’autres, le « théâtre de conscientisation », mais aussi le Nwèl kakado…, vous avez légué au milieu culturel un bel héritage. Un parcours qui ne fait pas sans sacrifice ?
Pour réaliser tout ce que j’ai fait, j’étais souvent absent : je n’ai pas vu grandir mes enfants. J’ai perdu ma famille, l’un de mes fils est décédé à l’âge de 10 ans : ça marque un homme. Les gens me disent que dès que je m’implique dans un projet, il fonctionne : j’aurais voulu qu’il en soit de même pour ma famille. Il y a forcément quelques « bobos ».
Votre parcours a été un chemin de vie avec des rencontres…
J’ai commencé tôt, à la fin des années 1960, j’avais 20 ans, modestement puis j’ai arrêté. J’ai passé des concours, j’ai fait des études, puis je suis revenu. Mais, je n’ai jamais considéré le travail comme une contrainte : pour moi, j’allais expérimenter les choses, poursuivre mon apprentissage et progresser. Dans mes projets, même ceux sur lesquels je travaille actuellement, à 75 ans, il y a toujours une part d’expérimentation, de recherche… Je continue à faire le job et du mieux possible !
Entretien : Cécilia Larney
Un parterre de personnalités
À Vieux-Habitants, « l’endroit où il se sent le lieu », Alex Nabis, formidable fédérateur, a accueilli ses nombreux invités, mardi 19 décembre. Personnalités politiques (Jules Otto, maire de Vieux-Habitants, Victorin Lurel, sénateur), représentants des instances culturelles (François Derudder, Sophie Biraud, directeur et directrice adjointe de la DAC Guadeloupe), artistes (Yannick Cabrion, Jean-Marc Ferdinand, Christian Laviso, Mario Coco, Alain Verspan, Fanswa Ladrezeau et Zèb a fanm qui ont clôturé la soirée, Joby Julienne, Jean-Claude Antoinette…), amis et compagnons de route dont Ludmillia Cognon, psychologue clinicienne, Pierre Reinette… avaient fait le déplacement pour témoigner de leur reconnaissance.
