Crise sociale. L’état des lieux en Guadeloupe

« Sébastien Lecornu prend acte des propositions formulées par les élus guadeloupéens et réaffirme la volonté de l’Etat de maintenir le dialogue avec les collectivités territoriales », énonce un communiqué du ministère des Outre-mer.

Il n’est nulle part indiqué si l’Etat — son représentant, une mission interministérielle — sera dans une négociation tripartite Collectif/Intersyndicale – Collectivités – Etat. 

Un mandat au préfet
pour un plan jeunesse

Seule certitude, le préfet de Guadeloupe a reçu mandat « afin d’évoquer les premières pistes de travail pour élaborer un plan pour la jeunesse guadeloupéenne. »

C’était l’une des demandes faites par les maires qui avaient tenu réunion, durant le séjour du ministre en Guadeloupe, avec Sébastien Lecornu en visioconférence, seize élus, disait-il, dont les maires des communes les plus peuplées ou les plus impactées par la violence, les problèmes d’emploi, etc. donc un panel suffisant pour comprendre leurs attentes

Que dit le ministre dans ce communiqué ? 

Que « comme il l’avait précisé lors de son déplacement en Guadeloupe lundi 29 novembre, nombre de ces revendications concernent les compétences des collectivités territoriales. Le ministre se félicite ainsi que les élus y répondent dans le respect des périmètres de chacune d’entre elles. »

En forme de voyez cela entre vous… 

Mais, s’il semble ne pas souhaiter s’asseoir encore à la table des négociations avec le Collectif/Intersyndicale, « Sébastien Lecornu rappelle également la disponibilité des services de l’Etat pour accompagner les élus dans ces réflexions. »

Donc, échanger avec les élus pour peaufiner le soutien de l’Etat pour tel ou tel point des négociations dans lequel l’Etat pourrait être impliqué, administrativement ou financièrement, d’accord. Mais…

Un point de divergence

Mais, souvenons-nous que le ministre des Outre-mer a toujours dit, en Guadeloupe, en Martinique et plusieurs fois devant les caméras de médias nationaux, qu’il ne négocierait pas avec des personnes qui ne dénonceraient pas les exactions et les tirs contre des forces de l’ordre, pour résumer les violences commises en marge du conflit social. 

Et à ce jour, le Collectif/Intersyndicale n’a pas dénoncé, qui a rajouté à ses revendications : « les parties réclament de l‘institution judiciaire la révision de la politique pénale pratiquée à l‘encontre de tous les manifestants interpellés dans le cadre du conflit en cours. » (In. Projet Accord de méthode envoyé par l’UGTG/LKP et les autres parties du Collectif aux autres parties : Elus et Etat, et sans doute aux organisations patronales qui souhaitent être à la table des négociations).

Sachant qu’on demande aux élus et au représentant de l’Etat de signer/approuver le document dans lequel cette revendication est inscrite… Il semble qu’il y ait là un point de blocage plus difficile à lever que les barrages.

Aujourd’hui, une conférence de presse du Collectif/Intersyndicale va se tenir devant le CHU pour commenter la contre-proposition des élus et dire la suite de la mobilisation sociale.

Il semble qu’une proposition de rencontre ait été faite au préfet, aux présidents des collectivités et aux parlementaires par le Collectif des organisations pour parfaire le protocole d’accord de méthode, le valider et ouvrir les négociations. 

Une rencontre très vite

Sans doute, ce vendredi, ou très rapidement, ces interlocuteurs devraient se rencontrer. 

Avec ou sans l’Etat — le Collectif/Intersyndicale ne pense pas que des négociations sérieuses puissent se tenir sans l’Etat. Les syndicats (et les satellites qui gravitent autour dans le Collectif de lutte contre l’obligation vaccinale) veulent des garanties au plus haut niveau. 

Ce qui dénote une méfiance des promesses faites par les élus. Pourtant, ceux-ci ont fait le job et leurs propositions actées mardi 7 décembre (voir le document en pièce jointe) et transmises au Collectif/Intersyndicale sont remarquables et constituent une réelle avancée sociale. 

Cependant, la levée du barrage de Perrin, cette nuit, sans heurt, peut laisser penser que toute communication entre certaines parties du Collectif/Intersyndicale et l’Etat peuvent exister…

A suivre. 

Concernant les demandes des élus concernant l’eau, l’habitat, la jeunesse, le ministre est sensible aux attentes de la population. Mieux, « une plateforme de consultation en ligne sera mise en place dès le début de la semaine prochaine pour donner la parole à toute personne qui souhaiterait partager ses propositions pour répondre aux problématiques de la jeunesse guadeloupéenne », annonce-t-il. 

Quant à l’obligation vaccinale, elle s’applique à tous les publics concernés, pour lesquels, conformément à ce qu’il a déclaré ici ou ailleurs, « des instances de dialogue et d’écoute sont mises en œuvre depuis lundi 6 décembre, sous l’autorité du ministre des Solidarités et de la Santé, pour accompagner individuellement les personnes qui s’interrogent sur l’obligation vaccinale prévue par la loi. »

Il ne reviendra pas sur la loi du 5 août 2021. Il n’y aura pas d’adaptation pour les régions d’Outre-mer qui relèvent du droit commun national. 

André-Jean VIDAL

Le communiqué du ministre :

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, prend acte des propositions formulées par les élus guadeloupéens pour répondre aux demandes du collectif. Comme il l’avait précisé lors de son déplacement en Guadeloupe lundi 29 novembre, nombre de ces revendications concernent les compétences des collectivités territoriales. Le ministre se félicite ainsi que les élus y répondent dans le respect des périmètres de chacune d’entre elles.

Sébastien Lecornu rappelle également la disponibilité des services de l’Etat pour accompagner les élus dans ces réflexions.

Le ministre des Outre-mer confirme que l’Etat est prêt à subventionner des investissements dans des infrastructures d’eau potable et d’assainissement dans le cadre d’un contrat de progrès avec le SMEAG.

Le Gouvernement a par ailleurs d’ores et déjà programmé jusqu’à 30 millions d’euros de subventions en 2021 et 2022 notamment pour des investissements d’urgence pour réparer des fuites.

En 2021, plus de 2 500 fuites ont été réparées avec la Région. En 6 ans — entre 2014 et 2020 —, ce sont au total 90 millions d’euros qui ont été investis par l’Etat.

Conformément au mandat donné par le ministre des Outre-mer au préfet de la Guadeloupe, Alexandre Rochatte, une réunion avec les maires du territoire, en présence des services de l’Etat concernés, a été organisée le 7 décembre afin d’évoquer les premières pistes de travail pour élaborer un plan pour la jeunesse guadeloupéenne.

Par ailleurs, une plateforme de consultation en ligne sera mise en place dès le début de la semaine prochaine pour donner la parole à toute personne qui souhaiterait partager ses propositions pour répondre aux problématiques de la jeunesse guadeloupéenne.

L’amélioration de l’habitat est une priorité du gouvernement, à travers la réhabilitation du parc social et du parc privé. Concernant le parc privé, “Ma PrimeRénov” s’est déployée avec succès en outre-mer en 2021. Le projet de loi de finances pour 2022 prévoit d’élargir l’aide pour l’amélioration de l’habitat aux propriétaires occupants modestes.

L’Etat est prêt à discuter avec la Région et le Département sur les modalités d’accompagnement des personnes qui pourraient bénéficier de ces aides, afin de mieux les mobiliser sur le territoire. 

La pédagogie et le dialogue promus dans les établissements de santé font leurs preuves : 281 personnes ont d’ores et déjà régularisé leur situation sur les 3 dernières semaines. Pour aller plus loin, des instances de dialogue et d’écoute sont mises en œuvre depuis lundi 6 décembre, sous l’autorité du ministre des Solidarités et de la Santé, pour accompagner individuellement les personnes qui s’interrogent sur l’obligation vaccinale prévue par la loi. 

Elles sont ouvertes à tous les professionnels de santé qu’ils travaillent à l’hôpital, en établissement médico-social ou dans le secteur libéral. A ce jour, 68 professionnels sont inscrits. Un rendez-vous est proposé à chacun d’entre eux. Ces travaux d’accompagnement se poursuivront pendant le premier trimestre 2022.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​