Covid. Trois parlementaires enquêtent sur la gestion de la pandémie Outre-mer

Les parlementaires ont rencontré des élus. Photo SGDD

Le principe d’une mission parlementaire pour enquêter sur la gestion de la pandémie de la Covid Outre-mer a été actée depuis quelques semaines. Elle a été demandée par certains syndicats locaux. Mais aussi par des élus domiens persuadés que l’Etat n’a pas fait tout ce qu’il aurait dû faire. L’art de repousser vers là-bas les reproches faits à l’Etat mais aussi à la classe politique par une population qui a payé et paie encore un lourd tribut à la maladie.

Yaël Braun-Pivet, présidente de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, accompagné de deux autres députés, Philippe Gosselin et Stéphane Mazars, sont en Guadeloupe, après être passés en Martinique, entre autres pour constater la gestion de l’état d’urgence sanitaire voté par le parlement le 11 septembre et qui se prolonge jusqu’au 15 novembre dans nos pays.

Visite de routine puisque ce type de visite est régulier, annuel, afin de constater ce qu’il en est d’une problématique qui relève de sa compétence, toutes les questions régaliennes et tous les sujets relatifs à l’état d’urgence sanitaire cette fois-ci.

Visite marathon avec des dizaines de rencontres en trois journées. Les trois parlementaires ont vu le préfet Alexandre Rochatte, l’ARS Valérie Denux, le président du Conseil départemental Jean-Philippe Courtois, Chantal Lérus et Sylvie Gustave dit Duflo, deux élues du conseil régional, le directeur du CHU Gérard Cotellon, etc.

Bref, tous ceux qui, de près ou de loin, ont quelque chose à voir avec la gestion de la pandémie depuis mars 2020.

Si Yaël Braun-Pivet réserve ses conclusions sur ce qu’elle a entendu et constaté au rapport qui sera présenté le 13 octobre à l’Assemblée nationale, moment où un nouveau texte sur l’état d’urgence sanitaire devrait être présenté en conseil des ministres, elle n’en a pas moins répondu à quelques questions.

« Il y a un intérêt continu de la Commission des lois pour les territoires Outre-mer. »

Pourquoi cette mission ?

Il y a un intérêt continu de la Commission des lois pour les territoires Outre-mer.

La commission des lois a un intérêt pour cette question d’état d’urgence sanitaire depuis le mois de mars 2020 et nous avons voulu voir comment était géré l’état d’urgence sanitaire, quelle était l’adhésion de la population aux règles, comment s’organisent les contrôles, comment s’organise l’Etat pour faire face à cette épidémie, en termes de santé, d’éducation, de soutien à l’économie. Le champ est très vaste. 

« Quand on explique les choses, qu’on parle rationnellement, qu’on montre les avantages de la vaccination, ça marche. »

Si on constate un respect des règles, notamment les gestes barrières, il n’y a pas de réelle adhésion à la vaccination.

Les gestes barrières oui, on le constate tous les jours, respect des règles aussi, le couvre-feu, les distances, le confinement, donc une vraie adhésion. C’est comme partout : les populations ont vu les ravages de la pandémie. On sait qu’il faut s’en protéger. La population adhère.

Sur la vaccination, le rythme est moins rapide que dans l’Hexagone. C’est dommage car aujourd’hui la vaccination est réellement le seul moyen d’éviter les formes graves de Covid, d’être moins soumis à la réanimation ou à des traitements très lourds. Et puis, elle entraîne moins de contamination. Ici, il faut convaincre, aller vers la population. Quand on explique les choses, qu’on parle rationnellement, qu’on montre les avantages de la vaccination, ça marche. Il faut prendre son bâton de pèlerin et aller vers chacun. Il faut aussi une exemplarité à montrer de la part des personnes qui peuvent porter un message fort et sont écoutées. Seule la vaccination permettra qu’il n’y ait pas de couvre-feu, pas de confinement, et les établissements ouverts.

Y a-t-il eu assez de communication pour convaincre ?

On peut toujours mieux faire ; L’important, quand on communique, c’est de toucher la cible. L’objectif est d’avoir un haut niveau de vaccination. En conséquence, il faut sans cesse adapter sa communication. Nous avons rencontré le président du Conseil départemental, des élus régionaux, tout le monde a conscience qu’il faut mieux cibler la communication. Nous avons vu avec l’ARS, le préfet, qu’il fallait l’adapter, trouver d’autres relais. C’est l’affaire de tous. Nous, hommes et femmes politiques, mais aussi les artistes, les sportifs, les présidents d’associations, chacun doit prendre sa part et c’est comme ça qu’on y arrivera. 

« Ceux qui sont leaders d’opinion
doivent assumer et lever la voix. »

Teddy Riner, Christiane Taubira, entre autres personnalités au fort pouvoir médiatique, se refusent à promouvoir la vaccination. Quel est votre commentaire ? 

Je trouve cela dommage parce que, quand on est engagé, notamment en politique, on a des responsabilités, on doit prendre ses responsabilités quand on sollicite le suffrage des compatriotes. Après, il faut prendre ses responsabilités surtout dans une situation comme celle-ci. Ceux qui sont leaders d’opinion doivent assumer et lever la voix. 

Des médecins, de passage en Guadeloupe, ont parlé, en citant le CHUG et son fonctionnement, de maltraitance. Non, on ne bat pas les malades mais on les soigne dans des conditions déplorables, avec peu de moyens. Qu’en dites-vous ? 

Je suis convaincue que, pendant cette crise, tout le monde fait de son mieux, que tout le monde se bat u maximum de ses capacités et bien souvent au-delà et c’est ce qu’il faut retenir. L’engagement de l’Etat est massif, sans réserve. On a fait venir des soignants, mis les moyens, mobilisé. On travaille dans l’urgence. Après, il y a un nouveau CHU qui va être livré. L’investissement sur le long terme est important. 

« Les décisions qui ont été prises et qui sont prises le sont devant une situation qu’on ne maîtrise pas. »

Des soignants volontaires se sont fait huer en Martinique.

Je ne trouve pas cela normal puisqu’il y a des gens qui se sont dévoués, qui sont venus au secours des populations et de leurs camarades soignants. Après ce que je retiens c’est la réaction minoritaire de 0,1% de la population. 99, 9% de la population de nos îles est tout à fait reconnaissante à ces soignants d’être venus manifester une solidarité humaine. 

On a essayé, au fil des rencontres, de vous convaincre qu’on avait fait tout ce qu’il fallait ? 

Les gens rencontrés ont parlé naturellement, puisque nous les avons rencontrés face à face et pas en groupe. Ils ont donné le sentiment qu’ils ont fait du mieux qu’ils ont pu face à une situation pas tout à fait rationnelle, avec des moyens pas toujours là mais ils ont vite pris la mesure de cette situation, fait ce qu’ils pensaient être bon. Les décisions qui ont été prises et qui sont prises le sont devant une situation qu’on ne maîtrise pas. Donc, ils ont fait avec conscience du mieux possible. 

André-Jean VIDAL

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