Après un conseil de défense sanitaire et un conseil des ministres exceptionnels, ce lundi 27 décembre, le président de la République et le gouvernement du Premier ministre Jean Castex ont décidé de temporiser. Le passe vaccinal sera soumis au Parlement et en vigueur le 15 janvier. Outre-mer, la Réunion passera en état d’urgence sanitaire tandis que la Martinique verra cet état prolongé.
Face à plus de 100 000 cas de Covid chaque jour, face à plus de 12 000 personnes hospitalisées et plus de 3 000 personnes en réanimation, les observateurs pensaient que l’Etat allait prendre des mesures restrictives à l’instar de ce qui est fait dans les pays européens voisins.
Sans aller jusqu’à des confinements de régions entières, ou un report de la rentrée scolaire pour garder les enfants à la maison et éviter qu’ils se contaminent et, en retour, contaminent leurs familles, demandés par certains médecins et scientifiques, il était loisible d’envisager un couvre-feu pour la nuit du 31 décembre, d’autres mesures.
Le chef de l’Etat et le gouvernement ont choisi la persuasion plutôt que la dissuasion.
Voici les mesures développées par Jean Castex et le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran.
. Face à deux vagues qui sont concomittantes sur le territoire national, celle du variant Delta et celle du variant Omicron, le gouvernement a décidé de ramener à trois mois après la plus récente vaccination contre la Covid l’injection d’une troisième dose, dite de rappel.
. Le passe sanitaire sera transformé en passe vaccinal, après vote par le Parlement. Ce passe vaccinal sera obligatoire et impératif (plus de test) pour entrer dans des lieux de loisirs accueillant du public en grand nombre : cinémas, théâtres, salles de sports, etc.
. La chasse aux faux passes est ouverte et l’amende sera portée à 1 000 euros (au lieu de 135 actuellement).
. Les mesures actuelles de restriction seront prolongées et amplifiées pour enrayer la propagation du variant Omicron.
. Les discothèques resteront fermées.
. Les grands rassemblements ne devront pas comprendre plus de 2 000 personnes en milieu clos, pas plus de 5 000 personnes en milieu ouvert.
. Les grands concerts sont interdits.
. La consommation ne pourra se faire qu’assis dans les bars.
. La consommation de boissons et d’aliments sont interdits dans les moyens de transports collectifs.
. Le 31 décembre, il n’y aura pas de couvre-feu mais il faut prohiber de soi les dîners de famille ou amicaux avec trop de personnes, aérer les pièces des logements, respecter les gestes barrières.
. Les cérémonies de vœux sont partout interdites.
. Le télétravail doit être appliqué dans tous les lieux où cela est possible, trois voire quatre jours par semaine. Une concertation va être ouverte par la ministre du Travail et de l’Emploi Elisabeth Borne cette semaine.
. Les entreprises affectées par les mesures de restrictions nouvelles seront indemnisées (les conditions sont à l’étude).
. Le masque sera obligatoire partout, en intérieur comme à l’extérieur dans les centre-villes (les préfets apprécieront la situation dans leurs régions).
. Il n’y aura pas de couvre-feu.
Les écoles seront fermées en tout dernier recours, un accroissement des dépistages est prévu à la rentrée. Pas question de repousser la rentrée scolaire.
. Pour ce qui est de la durée d’isolement des personnes dépistées Covid et cas contacts, les règles seront fixées d’ici la fin de la semaine. Des contraintes moindres toucheront les personnes vaccinées.
La vaccination, rien que la vaccination
Jean Castex, dans son discours, a mis en avant la vaccination. Essentielle à ses yeux. Et la dose de rappel, indispensable pour lutte contre le variant Omicron.
« Alors que la 5e vague portée par le variant dit Delta est loin d’être terminée, même si elle est moins puissante qu’il y a quelques semaines, une nouvelle vague déferle sur notre continent avec le variant Omicron. Ce cumul s’est traduit le 24 décembre dernier par le franchissement symbolique de 100 000 cas de contamination quotidien. La tendance sur 7 jours glissants est aujourd’hui de plus de 70 000 cas, le taux d’incidence national est ainsi supérieur à 700, soit au plus haut depuis le début de la crise, et nous déplorons 122 677 décès dus au virus dans nos établissements de santé.
Le niveau d’hospitalisation continue sa progression. Certes à un rythme modéré, mais la situation y demeure particulièrement tendue. D’abord parce que nos soignants sont épuisés ensuite parce que d’autres pathologies affectent fortement le niveau d’activité. Pour faire face à cette situation, la vaccination reste au cœur de notre stratégie comme dans celle des États voisins. J’entends bien autour de moi se lever certaines interrogations. Je suis régulièrement interrogé : Je ne comprends pas, Monsieur le Premier ministre, je suis vacciné, j’ai même reçu mes 3 doses et pourtant j’ai contracté le variant Omicron, alors là vaccination ne serait-elle pas efficace ? La réponse est claire, si la vaccination n’empêche en effet ni d’être contaminé ni de transmettre la maladie, elle réduit ce risque d’être contaminé et ce risque de transmettre la maladie, mais surtout, elle prémunit contre les formes graves de la Covid et cela reste vrai pour le variant Omicron, surtout lorsque l’on a les trois doses ou deux doses, plus la maladie. Donc oui, il est très clair que la vaccination nous protège et que, par voie de conséquence, elle protège les autres et elle protège les services de santé soumis à très rude épreuve.
L’immense majorité des personnes hospitalisées avec des formes graves de la Covid ne sont pas vaccinés ou n’ont pas de couverture vaccinale complète. Je peux vous dire qu’il n’y a pas photo sur la nature des hospitalisations et des formes graves : ce sont des personnes non vaccinées ou des malades vaccinés mais atteints de comorbidités graves. L’élément clé décisif est et demeure la vaccination. Voilà pourquoi, comme je vous l’ai dit lors de ma précédente intervention, nous faisons tout pour accélérer et renforcer la vaccination, faire peser la contrainte sur les non vaccinés tout en cherchant à convaincre celles et ceux de nos concitoyens qui en sont encore très éloignés. »