Covid. Au CHUG, une noria d’ambulances et deux conteneurs réfrigérés…

On se souvient de Serge Letchimy, président de la Collectivité Territoriale de Martinique, ressortant de la morgue du Centre Hospitalier Universitaire de la Martinique (CHUM), les larmes aux yeux et témoignant « qu’il y a des morts partout, même dans les couloirs. »

Au CHUG, on pousse
les murs, on rajoute des lits

En Guadeloupe, l’accélération de la pandémie à la Civid-19 a entraîné un surcroit de malades. Si tous n’en meurent pas, il y a beaucoup d’admissions en milieu hospitalier, au Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG) et au Centre Hospitalier de la Basse-Terre (CHBT).

On pousse les murs pour admettre les malades qu’apportent les sapeurs-pompiers : plus de quarante transports chaque jour, selon les chiffres du Service Départemental d’Incendie et Secours (SDIS).

Les malades ne sont pas
(encore) triés selon leur âge

S’il n’est pas vrai, information démentie par le directeur du CHUG, Gérard Cotellon, qu’on trie les malades et qu’on les classe en fonction de leur âge et de leur état à l’entrée, il n’en reste pas moins évident que certains malades, arrivant trop tard, décèdent au bout de quelques jours de réanimation. Quoique les équipes soignantes fassent.

Ainsi, en une semaine, il y a eu une soixantaine de décès en milieu hospitalier et deux sorties, malades sauvés.

ET combien de personnes atteintes et mortes chez elles sans soins ?

Ceux qui décèdent chez eux
et ne sont pas comptabilisés

Le directrice générale de l’Agence Régionale de Santé (ARS), Valérie Denux, l’a dit au cours de la dernière conférence de presse point Covid, mercredi : « Nous ne savons pas combien de personnes décèdent chez elles, nous n’avons pas les retours des mairies. » En fait, les mairies ont du retard dans le traitement des certificats de décès obligatoirement signés par des médecins. Et sans certificat de décès, pas de déclaration, pas d’enterrement possible… D’où la morgue encombrée de corps depuis une semaine. « Nous avons vu avec le préfet pour que les mairies soient sensibilisées à ce problème… », a ajouté Mme Denux.

Des conteneurs réfrigérés
dans la cour de la morgue

Deux conteneurs réfrigérés (comme ceux qui servent à l’emport des bananes vers l’Europe) ont été posés derrière le CHUG, dans la cour de la morgue. Les corps en trop y sont entreposés jusqu’à ce que les pompes funèbres viennent les récupérer pour inhumation.

Des corps qui attendent, dans deux conteneurs. Photo DR/RS

Triste spectacle que ces corps emballés dans une housse blanche, posés sur des étagères, puis mis en bière au fur et à mesure des départs.

Il y a comme un déni de la situation d’urgence. En effet, à cette incurie des mairies qui ne font pas leur travail vient s’ajouter le fait que des médecins — malgré la catastrophe sanitaire — sont partis en vacances. « Le médecin traitant de mon père est en congés. Il ne répond pas. Il n’a pas de remplaçant, je ne sais pas à qui demander un certificat de décès, les médecins ne se déplacent pas chez les particuliers », témoigne un homme. Le corps est resté à la maison, une journée, deux journées… La troisième journée il a enfin trouvé un médecin qui s’est déplacé pour voir le corps, délivrer un certificat de décès.

André-jean VIDAL

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