A l’initiative d’un collectif de médecins guadeloupéens*, une réflexion a été menée sur la pandémie de Covid-19 qui frappe durement l’archipel. Leur analyse, impartiale et méthodique, présente le coronavirus, son mode de propagation, les symptômes, l’efficacité vaccinale, mais aussi des traitements les plus souvent évoqués : l’hydroxychloroquine, l’ivermectine, et les anticorps monoclonaux.
Membre du collectif de médecins guadeloupéens signataires d’une lettre d’information sur la Covid-19, le Dr Ménard Seymour, médecin généraliste et en gériatrie, constate quotidiennement les effets de la situation sanitaire dans sa pratique. « Depuis la fin du mois de juillet, nous sommes submergés par des situations qui nous interpellent avec beaucoup de cas positifs », explique le Dr Seymour. Cette augmentation de cas positifs de Covid-19 a une incidence directe sur la prise en charge des autres pathologies ; les capacités des établissements hospitaliers étant dédiés aux soins des patients Covid.
Aujourd’hui, face à une 4e vague de contamination très virulente en Guadeloupe, les médecins de ville sont sur le pont pour accompagner leurs patients dans ce nouvel épisode Covid. On est loin de la configuration de ces derniers mois… « La place des médecins de ville a été négligée, constate le Dr Seymour. On a vu s’installer une certaine défiance par rapport à la vaccination parce que, dès le départ, nous n’avons pas eu ce rôle qui est le nôtre, celui d’informer, de dialoguer avec notre patientèle comme nous le faisons habituellement. »
Déconstruire les Fake News
La nature ayant horreur du vide, face à un virus « inconnu » qui a alimenté toutes les spéculations depuis 2020, les uns et les autres se sont tournés vers les réseaux sociaux et d’autres sources peu viables d’information. Une démarche qui a conforté leur décision de ne pas se faire vacciner. Désormais, la voix du médecin se fait entendre. Un travail supplémentaire de pédagogie qui permet aux médecins de ville d’expliquer le bien-fondé des conduites préventives par rapport à la pandémie de Covid-19.
« Les gestes barrières restent fondamentaux. En prévention d’une prochaine vague, la vaccination est recommandée pour ceux qui ne sont pas atteints. Très souvent, ce qui est véhiculé par les réseaux sociaux, tient à la composition du vaccin. Or, ce vaccin est de réalisation récente, mais la technologie de fabrication date des années 1980/90. »
« Agir pour sauver notre pays »
Avec jusqu’à 100 décès Covid par semaine en milieu hospitalier, plus ceux qui interviennent quotidiennement à domicile, pour le groupe de médecins, signataires de la lettre d’information, l’urgence de la situation ne permet plus de tergiverser.
« En plus du respect des gestes barrières : port du masque, distanciation physique, lavage des mains, la Guadeloupe doit adhérer massivement à la vaccination. La vaccination n’empêchera pas une contamination, rappelle le Dr Seymour. Mais, le vacciné ne développera pas de formes graves, n’ira pas en réanimation. Et, les lits disponibles pourront à nouveau accueillir des patients souffrant d’autres pathologies ou victimes d’accidents. Notre vision humaniste nous interdit de tenir certains propos qui ne vont pas dans l’intérêt de l’homme, de l’humain. Il n’est plus temps de choisir son camp, mais d’agir pour sauver notre pays », conclut le collectif de médecins.
Cécilia Larney