Connaître les cétacés de la Caraïbe pour mieux les protéger

L’expédition scientifique inédite d’études des mammifères marins qui évoluent dans les eaux caribéennes touche à sa fin. L’une des dernières escales de l’équipage Ti Whale an nou se fera en Guadeloupe, jeudi 30 septembre.

Spécialiste en écologie marine, Jeffrey Bernus a su mobiliser les bonnes énergies autour d’un projet qui fait sens. Pendant 4 mois, son association, Caribbean Cetacean Society, avec le projet Ti Whale an nou, a mené une vaste mission de collecte de données visuelles et acoustiques des cétacés de la Caraïbe, d’Anguilla à Grenade. Une expédition scientifique inédite qui permettra, à terme, d’avoir une vision à 360° des populations de mammifères marins qui évoluent dans nos eaux.

« Jusqu’ici, commente Jeffrey Bernus, de Caribbean Cetacean Society, chaque association, chaque scientifique menait des études pour son île. Notre association permettra une coopération caribéenne. »

Identifier dauphins et baleines

En combinant les sons émis par les cétacés, captés par l’hydrophone, et l’observation visuelle, l’équipage repère les dauphins ou baleines qui sont dans la zone étudiée. Puis, vient la phase de photo-identification qui permet de capturer l’image de la nageoire caudale des cachalots.

Jeffrey Bernus, à la marina de Rivière-sens (Gourbeyre).

Connaître les cétacés qui se déplacent d’une île à l’autre permettra de mieux les protéger. Une étude d’autant plus importante qu’elle s’est affranchie des frontières entre les différentes îles des Petites Antilles pour se consacrer exclusivement aux espèces étudiées. Un patrimoine marin commun aux îles de la Caraïbe.

« Depuis fin mai, nous avons échantillonné chaque île des Petites Antilles, explique Jeffrey Bernus. A la fin du projet, en août, nous avons décidé de le rallonger d’un mois pour impliquer la Guadeloupe et la Martinique pour sensibiliser les acteurs politiques ou privés du territoire. »

Cap sur la Martinique

L’escale de l’équipage touche à fin en Guadeloupe. Tous les deux jours, l’association accueillait à son bord des élus, des partenaires privés pour une mission au large des côtes. En dehors des membres de la collectivité régionale (lire ci-dessous), des étudiants en Master de biologie marine (pôle Guadeloupe) y ont effectué un stage.

Après un dernier passage en Guadeloupe, ce jeudi 30 septembre, l’équipage rejoindra la Martinique. La dernière mission de la Caribbean Cetacean Society consistera à former des agents du parc naturel régional de Martinique. Ils apprendront à faire de la photo-identification ainsi que le suivi scientifique en vue de la mise en place d’une réserve dans le Nord de l’île.

Après les sorties en mer, l’association Caribbean Cetacean Society éditera un rapport pour chaque île de la Caraïbe. Début 2022, une analyse acoustique complétera ces premiers résultats. Des données qui permettront de déterminer des mesures de conservation des espèces marines.

Cécilia Larney

La Région Guadeloupe s’engage

Sylvie Gustave-dit-Duflo, à la photo-identification.

Vice-présidente de la Région Guadeloupe, présidente de la première Agence régionale de la biodiversité d’Outre-mer, Sylvie Gustave-dit-Duflo a embarqué avec Jean-Marie Pilli, vice-président de la Région Guadeloupe et le chef du service Environnement, les 25 et 26 septembre. Pendant deux jours, ils ont pu s’assurer du « bon usage des fonds publics » pour cette étude scientifique. Cette sortie en mer a également permis de prendre conscience de la nécessité pour la Région Guadeloupe de renforcer son soutien à l’association Caribbean Cetacean Society pour pérenniser les travaux.

Pour le futur observatoire de la biodiversité
Les membres de la Caribbean Cetacean Society avec la délégation Région Guadeloupe.

« Nous avons pris la mesure du travail effectué, constate Sylvie Gustave-dit-Duflo, vice-présidente de la Région Guadeloupe. J’ai d’ailleurs proposé un partenariat à plus long terme, pour une étude longitudinale sur 4 à 5 ans. Nous mettrons en place, dès 2022, une convention de subvention de trois ans. L’idée c’est que les données collectées alimentent l’observatoire de la biodiversité que l’Agence régionale de la biodiversité doit monter. L’argent public doit nous permettre d’avoir une meilleure connaissance des cétacés du bassin antillais. »

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