« Compte tenu de l’ampleur de la situation et des risques dune crise sociale majeure en Guadeloupe… » Les élus ont décidé d’écrire au Premier ministre Jean Castex. Une boule puante de plus…
La situation est en effet tendue au Vélodrome de Gourde-Liane. Depuis mercredi matin, le Collectif des socioprofessionnels bloque les grands axes avec leurs engins de travaux publics, camions, gravats, palettes, vieux pneus. Mercredi après-midi, une réunion de crise s’est réunie en territoire régional, au Vélodrome de Gourde-Liane : il y a là, outre les présidents des collectivités majeures, Ary Chalus, Josette Borel-Lincertin, les présidents des EPCI, des parlementaires, le préfet Alexandre Rochatte, des hauts fonctionnaires de l’Etat, dont le directeur régional des Finances publiques, Guy Bensaïd, le secrétaire général aux Affaires économiques et régionales, Régis Elbez, le directeur de la CGSS, Jean Véron. Et le Collectif des socioprofessionnels mené par José Gaddarkan, président de la Fédération du BTP et Jean-Yves Ramassamy, son porte-parole.
Que veulent-ils ? La plateforme de revendications comprend 32 points. Mais, on comprend que ce que veulent les chefs d’entreprises qui se sont déplacés, c’est l’annulations charges fiscales et sociales des entreprises et l’abandon des poursuites pour non-paiement de celles-ci, parfois depuis deux ou trois ans… faute de grands marchés de travaux publics. L’effet boule de neige fera, sans doute, que les petites et moyennes entreprises profiteront de cette aubaine.
Le blocage de la Guadeloupe ne fait pas l’unanimité, d’ailleurs, au sein du monde économique fortement impacté par la crise sanitaire et ses restrictions qui ont sévèrement plombé le compte des sociétés. Faut-il, en période difficile, bloquer la Guadeloupe, donc bloquer l’économie ?
Pour Bruno Blandin et le Medef, ce n’est pas une solution. Pour Patrick Vial-Collet et la CCIG, c’est un mauvais coup porté à l’économie déjà bien mal en point.
Au sein du Collectif, même, il y a les pour et les contre, ceux qui veulent aller jusqu’au bout, ceux qui veulent, maintenant que le préfet et les élus ont été sensibilisés, qu’il va y avoir, sinon une réunion globale, des ateliers par secteur d’activité, mettre la pédale douce.
Un communiqué du ministre
Sébastien Lecornu, une lettre
au Premier ministre Jean Castex
Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, dans un communiqué, a appelé à lever les barrages et poursuivre les négociations.
Il rappelle : « Les entreprises de Guadeloupe ont bénéficié de plus d’un milliard d’euros de mesures d’urgence (650 millions au titre du prêt garanti aux entreprises, 140 millions d’euros au titre de l’activité partielle, 150 millions d’euros au titre du fonds de solidarité). Plus de 150 millions d’euros de mesures économiques d’urgence ont ainsi bénéficié aux entreprises de Guadeloupe des secteurs des transports et des BTP. »
Il rappelle que les entreprises peuvent bénéficier d’un moratoire de 36 mois pour les charges fiscales et sociales. Il suffit qu’elles soient en règle et qu’elles en fassent la demande. Les entreprises de moins de 250 salariés, dit-il encore, ont bénéficié d’une exonération des charges sur les mois de décembre 2020, janvier et février 2021 si elles ont été victimes d’une fermeture administrative ou si elles appartiennent aux entreprises de l’événementiel perdant plus de 50% de leur chiffre d’affaires…
En milieu d’après-midi, après de nombreuses interruptions de réunions, des suspensions au cours desquelles le Collectif a examiné les propositions du préfet et du directeur de la CGSS de demander un moratoire sur les charges fiscales et sociales afin d’obtenir une suspension des poursuites, refusé par le Collectif, les élus présents ont décidé d’écrire au Premier ministre et de lui exposer la situation qui, visiblement, est en train d’échapper aux élus.
Que dit le courrier ?
« Au regard du nombre important d’entreprises qui, du fait de le détérioration de leur santé financière, ne peuvent accéder aux aides publiques ni à la commande publique car elles ne sont pas à jour de leurs cotisations fiscales et sociales, nous, cosignataires du présent courrier, vous demandons, dans le cadre de la crise sanitaire et compte tenu de la spécificité du tissu économique locale :
- de décider, par voie d’ordonnance, dans les meileurs délais, l’annulation des charges fiscales et sociales des petites et très petites entreprises de Guadeloupe, pour toute la durée de la crise sanitaire;
- de surseoir aux avis à tiers détenteur et aux poursuites judiciaires à l’endroit des entreprises durant une période nécessaire à leur permettre de mettre en place leurs moratoires, dont les premiers paiements commenceraient après la crise sanitaire… »
Et de poursuivre : « Ces dispositions nous paraissent indispensables pour rétablir le calme et réussir la relance économique souhaitée par le Gouvernement et les collectivités locales, indispensable pour préserver les emplois et limiter l’aggravation du chômage. »
A suivre…
André-Jean VIDAL
Le courrier au Premier ministre :