Depuis la décision du préfet de Guadeloupe, Alexandre Rochatte, de mettre en place un « confinement allégé » pour freiner la progression du virus, la ville de Pointe-à-Pitre n’est plus que l’ombre d’elle-même. Moins de passage, moins de chalands dans les rues et beaucoup moins de magasins ouverts, la ville tourne au ralenti.
Ce matin, comme tous les jours depuis le début du confinement allégé, ce mardi 27 avril, les rues de Pointe-à-Pitre sont désertes. Ce désert peut être attribué à la forte pluie qui a balayé la région ce jeudi, au petit matin, mais surtout au confinement allégé qui a maintenu les Guadeloupéens chez eux. « C’est très désert depuis quelques jours, souffle Robert, un riverain. Mais je ne m’en plains pas, je trouve que ce confinement allégé est une bonne chose, surtout si la décision permet de faire souffler l’hôpital. »
Les forces de l’ordre veillent
Même constat aux abords de la rue Frébault, où on n’est pas accueilli par un traditionnel embouteillage. Sur les trottoirs, quelques personnes traversent les rues, en passant devant les stores fermés des magasins. Les commerçants sont les premiers à voir les effets de ce confinement, contrôlé par les forces de l’ordre qui font quelques passages afin de s’assurer que les personnes qui circulent sont munies d’une attestation.
« D’habitude, je ne passe jamais par la rue Frébault à cause de la foule, explique Marie-Laure, une habitante de Saint-François. Je travaille à Jarry et quand je finis, je passe par Pointe-à-Pitre pour rentrer chez moi en bus. Normalement, je fais un petit tour pour esquiver la rue Frébault, mais aujourd’hui je me suis dit pourquoi pas ? »
Au milieu de la rue, une voiture profite du vide pour s’arrêter devant l’enseigne de restauration rapide et discuter avec un passant au sujet du match de football de la vieille (entre le Paris Saint-Germain et Manchester City, ndlr). En temps normal, quelques clients se seraient déjà arrêtés au magasin de Pierre qui est exceptionnellement vide.
« Comment tenir pendant trois semaines ? »
« Il y a vraiment peu de passage, témoigne Pierre, gérant d’un établissement de restauration. On ne sait pas encore comment on va faire pour tenir ces trois semaines : nos loyers ne baisseront pas et nos charges resteront les mêmes. »
Un peu plus loin, Damien Ruffault, opticien, a opté pour le chômage partiel pour une partie de son personnel.
« On essaie de garder nos horaires habituels parce qu’on ne sait pas quand un client peut passer. Mais, pour ne pas être trop nombreux à travailler, alors que ce n’est pas nécessaire, j’ai dû placer certaines personnes en chômage partiel », explique-t-il.
Depuis ce mardi, environ 80 % des magasins de la rue Frébault ont dû fermer leurs portes. Le confinement allégé mis en place par la préfecture durera trois semaines.
Tafari Tirolien
« Tout le monde est ouvert sauf nous ! »
La décision du préfet de la région de fermer certains magasins ne fait pas l’unanimité, notamment chez les propriétaires d’enseignes de prêt-à-porter. « C’est une décision stupide, commente Samir Al Warrak. Les opérateurs téléphoniques sont ouverts, les pharmacies…, tout le monde est ouvert sauf nous. Comme si notre activité favorisait la transmission du virus. Sur quoi cette décision se base-t-elle ? Je faisais du sport hier, j’ai vu une quarantaine de personnes entassées dans un bus. À Destrelland, ils sont collés les uns aux autres au niveau des caisses, mais nous qui avons deux ou trois clients en même temps dans 70 mètres carrés, on nous ferme ».
Les commerçants se plaignent également des mesures mises en place pour accompagner cette nouvelle fermeture. « L’année dernière, on a eu quoi ? Un prêt ? Il faut le rembourser donc c’est une dette supplémentaire. Aujourd’hui, on nous parle de 1500 euros, qu’est-ce que j’en fais ? Mon loyer est de 3500 euros. On ne veut pas de leurs 1500 euros : nous voulons juste travailler ! »