Professeur de science politique à l’Université des Antilles, ancien recteur, ancien ambassadeur, Fred Constant anime une conférence-débat, au Gosier, samedi 18 mars.
Après un webinaire sur les vocations géopolitiques des Outre-mer à l’heure de la globalisation, initié par le CAGI (Centre d’analyse géopolitique et internationale), en collaboration avec la Région Guadeloupe, ce vendredi 17 mars, Fred Constant animera une conférence-débat, samedi 18 mars, autour du thème, Les Outre-mer dans l’espace international : quelle valeur géopolitique aujourd’hui ?
Le Gosier, hôtel Arawak. Samedi 18 mars, à 18 h 30.
Qui est Fred Constant ?
D’origine martiniquaise, né en 1960, Fred Constant est agrégé de sciences politiques. Il a enseigné dans divers établissements d’enseignements supérieurs (dont l’Université des Antilles (il y était vice-président aux Affaires internationales), l’Université d’Aix-Marseille, à Paris ensuite, mais aussi à l’Université de New York, à l’Université de Berkeley (Etats-Unis), à l’Institut universitaire de Florence (Italie)) avant d’être recteur de l’Université internationale francophone Léopold-Sédar-Senghor d’Alexandrie, en Egypte.
En 2009, après les 44 jours LKP, il est nommé rapporteur national des Etats Généraux des Outre-mer.
Intégré dans la carrière diplomatique, il exerce depuis 2005, d’abord chef du service de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France à l’Île Maurice, puis en qualité de conseiller de coopération et d’action culturelle pour la zone Caraïbes à l’ambassade de France à Castries (Sainte-Lucie), puis ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane avant d’être nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Française en Guinée en 2016. En 2019, il revient dans son corps d’origine, l’enseignement.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le récent Géopolitique des Outre-mer, entre déclassement et (re-valorisation, éditions le cavalier bleu.
Quel rôle jouent les Outre-mer — au sens large, non seulement français mais espagnols, portugais, etc. — sur l’échiquier international ?
S’ils sont essentiel pour affirmer le poids des nations — il n’y a qu’à voir la France et sa précieuse ZEE, ses ressources minières en Nouvelle-Calédonie, sa biodiversité exceptionnelle, toute Outre-mer ou presque, son vivier de main d’œuvre —, ce poids est bien moindre quand il s’agit de considération. Et la France est un modèle du genre, qui n’exploite pas cette fameuse ZEE, qui n’exploite pas sa biodiversité, qui ne développe pas ses Outre-mer, champions du chômage des jeunes.
« Théoriquement, dit souvent Fred Constant, les Outre-mer n’ont pas d’existence légale en politique internationale. Ce sont des satellites liés à leurs Etats et ces régions ultrapériphériques n’entretiennent pas de relations internationales avec les pays de leur environnement. Tout passe par le gouvernement central. »
Pourtant, Serge Letchimy, président de la CTM, veut, très officiellement, avec l’aval du gouvernement français, entretenir une représentation quasi-diplomatique martiniquaise dans la Caraïbe. Ou à tout le moins pouvoir faire intégrer la Martinique dans l’OECO non en qualité d’associé au travers de l’Etat français, mais entièrement, avec une représentation établie, droit de vote…
Fred Constant incite les puissances à s’appuyer sur ces Outre-mer pour démultiplier leur influence en utilisant la connaissance qu’ont ces régions de leur environnement.
Depuis 2009, la France a lâché du lest, autorisant les collectivités d’Outre-mer à signer des accords avec des pays tiers et à adhérer à des organisations de coopération internationale (AEC, OECO). Ces territoires peuvent avoir des représentants dans les ambassades de France de leurs zones, mais Paris garde le dernier mot et accorde plus ou moins d’autonomie à ces régions… en fonction de ses intérets.
De tout ceci, Fred Constant a fait un ouvrage passionnant.