Environ 1,3 million de travailleurs étrangers installés au Royaume-Uni ont préféré quitter le pays depuis le début de la crise sanitaire. Nicolas Négoce est allé à la rencontre de membres de la communauté antillaise confrontés à la crise sanitaire loin de chez eux, dans la capitale britannique.
Orlène Bordelais, Rémy Diacock et Jeanine Desroses sont trois Antillais installés à Londres. Ils partagent leur expérience de la pandémie. Arrivée dans la capitale britannique en janvier 2020 en tant que fille au pair, la Guadeloupéenne Orlène Bordelais croit en des lendemains meilleurs.
« J’ai pensé à rentrer en Guadeloupe, surtout par rapport à la peur de mes proches et aussi compte tenu du fait que je suis sans emploi et que j’ai du mal à en trouver. La pandémie est venue briser les rêves de beaucoup d’étrangers, mais je garde espoir : je ne me vois pas quitter Londres sans une réelle expérience professionnelle à ajouter sur mon CV. »
Le quotidien est devenu compliqué
Pour rester positive, Orlène profite du confinement pour apprendre à cuisiner des plats traditionnels. En effet, pour tous les résidants au Royaume-Uni, la gestion de la vie au jour le jour est devenue compliquée. Dans ce pays frappé par deux variants et totalement à l’arrêt depuis plusieurs mois, les chiffres sont alarmants. Quatre millions de cas, 117 000 décès.
Le Guadeloupéen Rémy Diacock vit très mal la situation. « Je suis employé au sein d’une compagnie aérienne et depuis des mois, notre base à Londres est fermée. J’ai trouvé un autre emploi temporaire car des licenciements économiques sont en cours et je ne sais pas si je serai affecté. Évidemment, c’est très inquiétant. On ne sait pas de quoi sera fait demain. Je ne sais pas si je vais pouvoir travailler à nouveau dans l’aviation civile, rester à Londres, rentrer définitivement en Guadeloupe. C’est très difficile. »
Un sentiment de solitude
Comme le confiait Rémy, qui prenait aussi des cours d’acrobatie avant la crise sanitaire, la première difficulté pour la majorité des expatriés c’est l’isolement quand on est confiné ou sous couvre-feu dans un pays étranger. L’éloignement de la famille rajoute au sentiment de solitude.
« Le plus difficile, pour moi, c’est d’être isolée, confie Orlène. Ma famille et mes amis me manquent. Je ne connais pas énormément de personnes ici parce que je suis arrivée quasiment au début de la pandémie. J’ai une amie qui vient me voir toutes les deux semaines à peu près, mais je ressens quand même la solitude. C’est incroyable comme scénario. »
« Netflix, mon meilleur ami »
De son côté, Jeanine Desroses, Martiniquaise, cadre dans une entreprise, préfère regarder le côté positif de cette situation exceptionnelle.
« Je vis dans un appartement et je suis devenue claustrophobe. Trouver une routine était un défi pour savoir quand manger, comment faire de l’exercice à l’intérieur ou quand sortir faire une promenade, mais aussi limiter l’expérience télévisuelle, même si Netflix est rapidement devenu mon meilleur ami. Côté travail, je suis chanceuse car j’ai pu me mettre au télétravail dès le tout début de la pandémie. L’un des avantages est que j’ai pu faire des économies ! Je vis plus sainement et plus simplement. »
Nicolas Négoce
Le vaccin fait débat
Pour venir à bout de la pandémie, le gouvernement britannique mise sur les mesures strictes contre la propagation du virus, mais surtout sur les vaccins. Le Royaume-Uni a d’ailleurs atteint, le 15 février, son objectif de vacciner environ 15 millions de personnes vulnérables. Un souffle d’espoir pour Rémy et Orlène qui adhèrent au principe. Par contre, Jeanine y est totalement opposée. « Je suis à 100% contre le vaccin, parce que je pense que c’est une entreprise politique et pharmaceutique. Je suis ravie que le Dr Joseph en Guadeloupe ait trouvé un remède naturel avec le Zeb a pik contre la Covid-19. J‘ai hâte de voir les prochaines étapes. »
En attendant, le gouvernement britannique espère rouvrir les écoles à partir du 8 mars et sortir progressivement du confinement – le troisième – instauré depuis le début de l’année.