La disparition des insectes menace la survie de nombreux écosystèmes. L’enquête à suivre sur Arte.tv.
Depuis 1990, la population d’insectes aurait chuté de 75 % en Europe. Aussi captivante qu’alarmante, cette enquête internationale pointe le rôle des néonicotinoïdes, des insecticides neurotoxiques dans le désastre écologique en cours. « C’est la pire extinction de masse que la planète ait vécue », alerte l’entomologiste américain, Jonathan Lundgren.
Comment expliquer cet effondrement ? Le principal coupable serait à chercher du côté des néonicotinoïdes. Apparus au Japon dans les années 1990, ces insecticides dit « systémiques », souvent utilisés en traitement préventif des semences, se propagent dans toute la plante pour la protéger des ravageurs. Plus efficaces que les pesticides pulvérisés, ils ont été massivement adoptés par les agriculteurs.
Une source de profit pour les multinationales
Leur marché, détenu par une poignée de multinationales (Syngenta, Bayer-Monsanto, Basf), pèserait entre 3 et 4 milliards de dollars à l’échelle planétaire.
Dans le même temps, les études scientifiques s’accumulent pour dénoncer les ravages de ces neurotoxiques. Pollinisateurs ou rouages essentiels de la chaîne alimentaire, les insectes s’éteignent à une vitesse record, affectant en cascade les populations d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens.
Interdits, mais…
La santé humaine serait elle aussi menacée : perturbateurs endocriniens potentiels, les néonicotinoïdes, dont on retrouve des résidus sur les aliments d’origine végétale, sont soupçonnés de causer certains cancers et d’altérer le neurodéveloppement dès le stade fœtal.
Pressions sur les chercheurs, les décideurs politiques et les autorités de régulation, financement d’études favorables à leurs produits, tests d’homologation biaisés : de leur côté, les lobbies de l’agrochimie brouillent les pistes pour entretenir l’immobilisme.
Au sein de l’Union européenne, les principaux néonicotinoïdes sont interdits depuis 2018, mais ces insecticides sont restés utilisés jusqu’en janvier 2023 sur dérogation, notamment en France pour la betterave sucrière.
Ce documentaire basé sur l’enquête de Stéphane Foucart, Et le monde devint silencieux – Comment l’agrochimie a détruit les insectes (éd. Seuil, 2019) retrace l’histoire des néonicotinoïdes et décrypte leurs effets en compagnie de nombreux spécialistes : chercheurs, représentants d’ONG environnementales, eurodéputés, agriculteurs, apiculteurs…
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