Haïti progresse de six places et occupe la 93e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2024 de Reporters sans frontières (RSF). En 2023, Haïti figurait à la 99e place alors qu’en 2022, le pays occupait la 70e place.
Reporters sans frontières (RSF) a dévoilé, vendredi 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, son classement mondial. Haïti est passée de la 99e place en 2023 à la 93e place avec un score de 55,92 dans ce classement mondial de la liberté de la presse 2024.
Toutefois, RSF tient à rappeler que la crise en Haïti continue d’impacter directement les journalistes qui sont victimes de violences accrues. Si aucun journaliste haïtien n’a été tué ou enlevé en 2024, le rapport de RSF dit noter que le contrôle des gangs qui s’étend sur la capitale, Port-au-Prince, pousse les journalistes à rester confinés à quelques quartiers où ils peuvent encore exercer leur activité, non sans risque. « Beaucoup d’entre eux ont dû se résigner à l’exil », a déploré le rapport.
Le hic, les journalistes haïtiens sont victimes d’un cruel manque de ressources financières, de l’absence de soutien de la part des institutions et d’un accès difficile à l’information, a observé RSF.
« Depuis 2021, ils sont aussi la cible des gangs et sont régulièrement victimes de menaces, d’attaques, d’enlèvement ou d’assassinats, en toute impunité. Depuis la chute du gouvernement d’Ariel Henry en mars 2024, le journalisme est encore davantage pris en étau entre une vague de violence d’ampleur et la crise sociale, économique et politique », a poursuivi RSF qui appelle à la protection de la liberté de l’information qui, selon l’institution, est la condition de toutes les autres libertés.
Dans ce classement mondial 2024 de la liberté de la presse, la République dominicaine monte de la 43e à la 35e place ; le Canada occupe la 14e place et les Etats-Unis chutent de 10 places et occupent à présent la 55e.
Selon RSF, ce classement prouve que la liberté de la presse est menacée par celles et ceux même qui sont censés la garantir : les gouvernements et les autres acteurs politiques. « Parmi les 5 indicateurs qui composent les scores des pays, l’indicateur politique baisse nettement », a constaté RSF qui souligne qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autorités politiques n’assurent pas leur rôle de garant d’un cadre exemplaire pour l’exercice du journalisme et pour le droit du public à une information fiable, indépendante et plurielle.
RSF dit observer plus loin une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias et un accroissement des pressions exercées par l’État ou d’autres acteurs politiques.
Alors qu’en 2024, plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes, RSF en profite pour alerter sur le fait que les forces politiques, quel que soit leur bord, jouent de moins en moins leur rôle de garant de la liberté de la presse.
« Nous observons une détérioration préoccupante du soutien et du respect de la liberté des médias ainsi qu’un accroissement des pressions politiques. Ceci va parfois de pair avec une remise en cause du rôle des journalistes, voire une instrumentalisation des médias dans des campagnes de harcèlement ou de désinformation », a fustigé RSF.