Après Timoun aw, son court-métrage multi-primé, sélectionné aux César 2022, le réalisateur Nelson Foix présente Zion, son premier long-métrage, entièrement tourné en Guadeloupe, avec un casting 100 % guadeloupéen.
Dans Zion, on retrouve des ingrédients de Timoun aw, votre court-métrage multi-primé. C’était une suite logique ?
Nelson Foix, réalisateur : Non ! Quand j’ai fait Timoun aw, je n’avais pas l’intention de faire une version longue. Je voulais partir sur une autre histoire. Un ami, Mohamed Amidi, qui m’a beaucoup soutenu durant mon parcours m’a dit qu’avec le court-métrage, j’avais une bonne carte de visite pour passer au long-métrage.
Que vous a apporté la visibilité dont a bénéficié Timoun aw au national et à l’international ?
La crédibilité, de la légitimité. Timoun aw a montré que j’étais capable de faire bien avec peu et ça rassure. Quand quelqu’un investit sur un long-métrage, il veut être sûr que le réalisateur tiendra « la baraque ». Il y a beaucoup d’argent en jeu, beaucoup de pression, beaucoup de travail… C’est toujours un pari ! Avec Zion, on a parié sur nous-mêmes parce que nous savons de quoi nous sommes capables. Timoun aw a souvent été décrit comme « un premier film très maîtrisé » et on a déjà les mêmes échos pour Zion.
Dans beaucoup de secteurs, on arrive toujours à être créatifs quand n’a pas beaucoup de moyens ! Zion n’a pas bénéficié d’un gros budget pour ce que nous avons réussi à faire ! Avec un budget serré, nous avons été créatifs !
Pour Zion, vous vous êtes aussi engagé en tant que producteur ?
C’est important pour la production locale d’avoir des projets de l’ampleur de Zion. Axel Lafleur [NDLR : producteur, Black Moon Films] était mon premier assistant sur Timoun aw. On s’est vraiment bien connectés professionnellement et on a décidé de monter une boîte de production. Il est producteur, et moi, j’apporte un réseau extérieur à la Guadeloupe, mes projets personnels. Être associé à la production me permet de travailler plus sereinement. Avec Black Moon Films et Zion, on espère vraiment ouvrir la porte à d’autres auteurs.
L’un de mes combats, c’est de pouvoir raconter nos histoires. Que la Guadeloupe serve de décor pour d’autres films, c’est bien, mais la Guadeloupe n’est pas qu’un décor. Il y a une population qui y vit, il y a une réalité, une culture, des problèmes… et il faut avoir une certaine légitimité pour traduire cette réalité en film.


Quel est votre cinéma de référence ?
J’ai toujours été un grand fan de Tarantino, même si mon cinéma ne s’en approche pas vraiment. Parmi les réalisateurs que j’aime beaucoup, il y a aussi le Coréen Bong Joon-Ho… et les classiques de Martin Scorsese, de Brian de Palma, les premiers films de Spike Lee, les road movies américains, les blockbusters des années 90 de Spielberg. Pour moi, Forrest Gump, de Robert Zemeckis, est un chef d’œuvre absolu !
La Haine, de Mathieu Kassovitz, m’a vraiment donné envie de faire du cinéma. Ayant grandi à Bondy, avec ce film, le cinéma me semblait plus accessible.En regardant La Haine, j’avais la sensation, de pouvoir prendre ma caméra, d’aller dehors et de faire le même film. Mais, ce n’est pas si simple !
Une bonne raison de voir Zion ?
Zion est un film ouvert à tous, qui peut plaire à des jeunes de 14/15 ans, autant qu’à des spectateurs de 85 ans. Chacun y trouvera son compte. Les ados vont prendre la ligne principale du film, qui sent la rue, qui les entraîne dans une boucle infernale… Les autres vont apprécier les messages plus profonds sur la Guadeloupe.
Zion a été entièrement tourné en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre particulièrement…
Avant d’habiter à Bergevin, pendant plusieurs années, les rues de Pointe-à-Pitre m’avaient déjà marqué. J’ai toujours trouvé cette ville incroyable : les rues, les gens, les odeurs, les bâtiments abîmés qui côtoient un flamboyant, un bananier… J’ai toujours trouvé ce contraste incroyable.
Zion, de quoi ça parle ?

En Guadeloupe, Chris partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto. Repéré par Odell, un caïd, Chris se voit confier une livraison à risque. Le jour de la livraison, il découvre qu’un bébé a été déposé devant sa porte. Commence alors, une course infernale qui le mènera à un choix crucial…
Avant-premières : en Guadeloupe, mardi 11 mars, à 19 h 30, à Cinéstar (Les Abymes). En Martinique, mercredi 12 mars, à 19 h 30, à Madiana, jeudi 13 mars, à 19 h 30, à TDS. À l’affiche à partir du 14 mars en Guadeloupe, Guyane, Martinique, et à partir du 9 avril, dans les salles de l’Hexagone.
Avec Sloan Decombes, Zebris, Don Snoop, Philippe Calodat, Lucile Kancel, Axelle Delisle…