Cinéma. « BOYO », un héritage aux prochaines générations pour redécouvrir Haïti

Plusieurs milliers d’Haïtiens et d’étrangers en Haiti et à l’échelle internationale ont déjà regardé  gratuitement le film documentaire BOYO, Haïti en 30 jours, diffusé pour la première fois aux États-Unis d’Amérique. Cette œuvre du jeune entrepreneur social haïtien Samuel Daméus, se veut être un héritage aux prochaines générations ou encore une fenêtre ouverte pour redécouvrir Haïti positivement.

BOYO, Haïti en 30 jours, ce film-documentaire de 120 minutes, est un subséquent du travail initié par Faces of Haiti, vise à offrir au monde une nouvelle perspective, complète et objective de la première République noire indépendante du monde. Une invitation à découvrir et redécouvrir ce pays tumultueux encore méconnu et mal connu, mais riche en culture, histoire et en potentiel touristique, patrimonial et historique, au- delà des filtres et des stéréotypes étrangers.

BOYO contient un format « storytelling » avec un mélange de documentaire. Mathieu Média a fait les travaux d’Editing, After Focus ; Jonathan Clément, directeur de la photographie et Samuel Daméus, producteur exécutif et réalisateur de ce projet.

Samuel Daméus confie que BOYO est le fruit d’une année et demie de travail acharné, depuis une pré-production difficile, en passant par une production au cœur de la pandémie Covid-19 et autres aléas liés à l’insécurité, le kidnapping, pour aboutir à une post-productive de 16 Tera de données des plus lassantes. Ce film-documentaire, selon notre interlocuteur, a été réalisé avec un maigre budget.

« J’octroie fièrement la réussite de ce projet titanesque à la détermination de toute une équipe dynamique et positive qui a cru en cette vision et a travaillé dans des conditions limites. Je travaille déjà sur plusieurs projets dont principalement la pré-production d’une séquelle de BOYO mais aussi soutenir financièrement les jeunes créateurs du 6e art talentueux moins fortunés », confie le jeune entrepreneur social haïtien, qui utilise l’art visuel comme médium pour promouvoir les valeurs d’Haïti à travers différentes initiatives, et aussi interpeler et sensibiliser à certains défis auquel notre pays fait face actuellement. »

« J’ai constaté avec regret que nous sommes devenus un peuple réactionnaire, nous réagissons aux mots mais nous n’agissons pas assez contre les maux. »

Samuel Daméus.

A en croire le producteur et directeur exécutif de BOYO, l’idée est venue après que Netflix a sorti en mai 2020 une série controversée History 101, dans laquelle Haïti a subi une énième fois la stigmatisation liée au VIH-SIDA. Nombreux ont été ceux qui sont montés au créneau pour dénoncer cette injustice, y compris Samuel Daméus, sur les réseaux sociaux. En conséquence, deux jours après, l’épisode 9 « AIDS » a été enlevé. Selon Samuel Daméus ce fut une victoire partielle qui a toutefois laissé un goût amer.

« J’ai constaté avec regret que nous sommes devenus un peuple réactionnaire, nous réagissons aux mots mais nous n’agissons pas assez contre les maux. J’ai également compris qu’on a beau attendre, mais les grandes productions étrangères ne trouveront jamais l’intérêt de nous vendre sous de meilleurs jours. Alors j’ai décidé d’agir. De faire un premier pas, minime et imparfait, mais dans la bonne direction. Voilà la naissance du projet de ce film-documentaire faisant le tour d’Haïti pour mettre en exergue notre histoire, notre gastronomie, notre culture, notre peuple: BOYO », a affirmé Samuel Daméus. 

« La diaspora haïtienne languit toujours vers une certaine forme de stabilité
et n’attend que ça pour rentrer au bercail et renforcer le secteur. »

Samuel Daméus

Sachant que le secteur touristique, est transversal, souffre en première ligne de l’instabilité politique du pays, il croit qu’en dépit de ce sombre tableau, les potentiels et opportunités touristiques d’Haïti sont encore là. « La diaspora haïtienne languit toujours vers une certaine forme de stabilité et n’attend que ça pour rentrer au bercail et renforcer le secteur. Le problème touristique haïtien n’a jamais été une carence d’opportunités, mais une carence de volonté nationale pour faire ce qu’il fallait et redéfinir notre offre, pour en profiter, à l’instar des destinations tropicales voisines », a-t-il indiqué.

Son aboutissement à la photographie

Licencié en communication sociale à la Faculté des sciences humaines (FASCH) de l’Université d’État d’Haïti (UEH), le trentenaire a occupé la fonction de communicant dans une organisation non gouvernementale. 

Il a une spécialisation en communication visuelle au siège social de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) à Madrid, en Espagne. D’autres spécialisations en « business communication » et en « communication visuelle » à Broward College, en Floride, sont inscrites sur la liste des formations qui ont contribué à faire progresser son travail.

Son aboutissement à la photographie participe d’une quête de sens, d’un cheminement presque spirituel. Il s’est formé aux rudiments de la photographie à Fotomatik, dirigé par Gaspard Dorélien.

S’adressant aux jeunes Haïtiens, Samuel Daméus confie qu’aucun pays ne change avec des spectateurs, mais avec des acteurs engagés à un niveau ou à un autre.

« À la jeunesse haïtienne, nous ne sommes plus l’avenir du pays mais son présent. Il est venu l’heure de l’action. L’histoire nous jugera à l’aune de nos actions, comme nous avons jugé les générations antérieures. Ne sous-estimez pas le pouvoir du premier pas, surtout celui dans la bonne direction. Il n’a pas besoin d’être parfait au premier coup, il a besoin d’être fait. Faites-le aujourd’hui, notre pays en sera reconnaissant demain. Nous sommes tous, à juste titre, les premiers ambassadeurs d’Haïti. »

 BOYO est disponible en ligne sur boyofilm.com

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/233386/boyo-un-heritage-aux-prochaines-generations-pour-redecouvrir-haiti

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