Chlordécone. Des manifestations à Fort-de-France et Pointe-à-Pitre

La chlordécone était épandue sur les bananiers… @DR

Chlordécone. Le nom d’un produit phytosanitaire qui fait scandale aux Antilles françaises depuis vingt ans. Vingt ans de procédures… et un non-lieu requis fin novembre par le Parquet de Paris. Mais, les avocats des parties civiles et les associations ne veulent pas en rester là.

Samedi, à Fort-de-France et Pointe-à-Pitre, des manifestations ont permis de comprendre que la chlordécone risque d’empoisonner encore longtemps les relations entre les Antilles et Paris.

Environ huit cents personnes, à Fort-de-France, deux ou trois cents à Pointe-à-Pitre, ont dénoncé le non-lieu requis dans l’enquête sur les dommages causés par le chlordécone.

De quoi s’agit-il ? D’un pesticide autorisé dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique de 1972 à 1993. Pesticide interdit aux Etats-Unis où il a été inventé, depuis 1973.

Les autorités savaient… les ouvriers de la banane non.

Pesticide interdit sur le territoire français depuis 1975, mais autorisé par une série de dérogations pendant quelques années dans les bananeraies françaises… parce que c’était, disaient les planteurs, le seul produit qui pouvait leur éviter de voir leurs plantations détruites par un charançon spécifique.

Alors, les ministres de l’Agriculture successifs de François Mitterrand président de la République ont signé des dérogations sous la pression des planteurs mais aussi des élus locaux.

Ce jusqu’en 1993 où les stocks ont été épuisés.

En avril, des magistrates du Pôle Santé du Parquet de Paris ont fait savoir qu’elles avaient l’intention de clore le dossier… sans demander de poursuite…

Fin novembre, le ministère public a requis un non-lieu dans l’enquête ouverte après des dépôts de plaintes, en 2006, par des associations guadeloupéennes, puis en 2007 par des associations martiniquaises.

Vingt ans plus tard, le dossier
serait clos sans poursuite

Celles-ci, par l’intermédiaire de leurs avocats, dont en Guadeloupe Me Harry Durimel, en Martinique Me Raphaël Constant, dénonçaient un « crime d’empoisonnement » et « une mise en danger de la vie d’autrui. »

Pendant presque vingt ans, les enquêteurs ont enquêté… et des pièces des dossiers ont disparu… Un véritable scandale d’Etat mêlant ministres, élus locaux, grandes familles…

Cependant, le Parquet de Paris a estimé qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre, ni l’Etat, ni les élus, ni les marchands de produits phytosanitaires — certains sont morts entretemps — considérant que les faits étaient prescrits ou non caractérisés.

A Pointe-à-Pitre plusieurs militants de la cause sont intervenus sur la place de la mairie, dont la représentante de Koumbit Fanm Karayib et Patricia Chatenay-Rivauday, présidente de l’association Vivre, qui dénonce les ravages du chlordécone.

Ils ont témoigné des méfaits médicaux de ce produit qui a imprégné les terres, envahi les nappes phréatiques en Basse-Terre, zones de culture de la banane, mais encore les légumes poussant dans la terre, toutes les racines appréciées, mais aussi l’eau des robinets, mais encore les cours d’eau, les embouchures de rivières. Polluant les ressources marines… On estime que 90% des habitants de la Martinique et de la Guadeloupe ont ce produit dans leur sang…

« Même s’il y a un non-lieu, il y a encore des éléments juridiques sur lesquels se battre », a dit Raphaël Constant. Me Harry Durimel, qui a déposé une nouvelle requête il y a quelques mois quand le procureur de Paris, dans une interview, a laissé entendre qu’il demanderait un non-lieu à la fin de l’enquête (alors que celle-ci était toujours en cours)… ne dit pas autre chose.

Emmanuel Macron pendant la campagne électorale pour sa réélection avait jugé qu’« il faut aller au bout du chemin » à la Guadeloupe et à la Martinique, qu’il faut « identifier les responsabilités », « indemniser jusqu’au bout les personnes », en particulier celles qui « ont eu à vivre dans leur chair les conséquences de ces intoxications ».

Le 6 avril, dans une vidéo adressée aux habitants de la Martinique, le chef de l’Etat avait qualifié cette affaire de « scandale », soulignant que les pouvoirs publics avaient « mobilisé près de 100 millions d’euros sur ce sujet »… avec les Plans Chlordécone et depuis peu le dépistage gratuit d’abord pour ceux qui ont travaillé dans les bananeraies, aujourd’hui pour toutes les personnes souhaitant savoir si elles portent en elles, la maladie… ou la mort.

Le Dr Malcolm Ferdinand, de la Martinique :

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