Chirurgie cardiaque. Deux greffons, prélevés aux Antilles, transplantés avec succès à Paris

Les recherches du Pr Guillaume Lebreton, chirurgien cardiaque à La Pitié-Salpêtrière (Paris), ancien interne du CHU de Guadeloupe, offrent de nouvelles perspectives aux patients des Antilles-Guyane et au-delà.

L’étude pilote Pegase a permis de prélever en Guadeloupe, puis en Martinique, deux greffons cardiaques, transplantés 12 heures après le prélèvement, à des patients à Paris. Le premier transplanté, un homme de 70 ans, en janvier 2024, « se porte bien : il a quitté l’hôpital 30 jours après l’opération », selon l’équipe qui a participé à cette première mondiale.

Il en est de même pour le deuxième patient, transplanté avec un greffon prélevé par les équipes du CHU de Martinique. Une performance technique qui autorise les équipes de l’AP-HP, IHU ICAN, des CHU de Guadeloupe et de Martinique, partenaires du programme Pegase, à poursuivre les essais et à envisager la portée de cette avancée significative pour les patients des Antilles-Guyane et d’ailleurs.

Pr Pascal Blanchet.

« Une première mondiale »

Pr Pascal Blanchet, président de la commission médicale du CHU de Guadeloupe.

En effet, jusqu’ici, un greffon devait être transplanté dans les 4 heures suivant le prélèvement pour garantir son état optimal. Ce qui excluait les prélèvements aux Antilles-Guyane, compte tenu de la durée du vol transatlantiques. Les essais réalisés ces 6 derniers mois entre les Antilles et Paris, ont permis d’augmenter à 12 heures, la durée de préservation d’un greffon.

« Grâce à une solution froide et hyperoxygénée qui perfuse le greffon cardiaque en continu, on peut augmenter la durée de préservation entre le prélèvement et la transplantation, explique le Pr Pascal Blanchet, président de la Commission médicale du CHU de Guadeloupe. Nous sommes allés au-delà des 4 heures entre le prélèvement et la transplantation. Le succès est au rendez-vous : les deux patients transplantés sont vivants, ce qui ouvre de nombreuses perspectives pour la greffe cardiaque : on peut élargir le temps, la géographie… Nous sommes très fiers de participer à cette première mondiale qui va révolutionner la chirurgie cardiaque. »

L’étude clinique se poursuit

Le Pr Pascal Blanchet (au centre), avec le Dr Pascale Piednoir (à gauche), médecin régional, et le Dr Roland Lawson, responsable de la Coordination hospitalière.

Une innovation qui a d’ores et déjà permis de prolonger deux vies, celles des premiers volontaires qui ont bénéficié des greffons acheminés depuis les Antilles vers Paris par un vol commercial. Vingt patients, non éligibles à une transplantation cardiaque classique, sont volontaires pour la suite de cette étude clinique. Pour valider définitivement la méthode, le programme Pegase entend poursuivre les essais – avec succès – jusqu’à 7 patients.

Une belle avancée pour la chirurgie cardiaque qui souligne l’investissement et la bonne coordination en amont des équipes des CHU de Guadeloupe et de Martinique, en interne, et avec celles de La Pitié-Salpétrière.

Cécilia Larney

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