Certaines victimes de la chlordécone indemnisées… mais pas toutes

Un fonds d’indemnisation des victimes de pesticides a été créé par décret gouvernemental. Il pourrait permettre aux victimes de la chlordécone d’être indemnisés… Mais, c’est loin d’être aussi simple.

La chlordécone, utilisé dans les plantations de bananes et les cultures vivrières, a été interdit aux États-Unis en 1976, suite à l’intoxication des ouvriers de l’usine qui fabriquait la molécule. Largement utilisée aux Antilles françaises comme dans toutes les plantations de bananes d’Amérique centrale et du sud, et dans la Caraïbe, ce pesticide a finalement été interdit en 1990 dans l’Hexagone, mais il a pu être utilisé jusqu’en 1993 en Guadeloupe et en Martinique parce que tous les ministres de l’Agriculture successifs depuis 1976 ont accordé une dérogation.

Depuis, l’on sait que les sols contaminés de la Basse-Terre ne seront plus utilisables, sauf pour des cultures hors-sol avant… des centaines d’années pour la culture des légumes (ignames, carottes, etc.). Les cours d’eau de la Basse-Terre, les eaux marines de Petit-Bourg à Vieux-Habitants, sont contaminées et la pêche y est interdite. Des dizaines de marins-pêcheurs ont dû cesser toute activité, à moins de se rendre derrière Marie-Galante ou de l’autre côté du Grand Cul-de-sac marin, vers Antigua.

Depuis, des associations se sont levées pour dire que les ouvriers de la banane mais aussi les Guadeloupéens qui ont consommé des légumes, qui ont mangé des poissons et fruits de mer, qui ont bu l’eau chlordéconée, présentent des pathologies particulières : nouveau-nés prématurés, cancers divers, dont le plus fréquent serait celui de la prostate. Le débat entre scientifiques est d’ailleurs largement ouvert. 

Me Harry Durimel, avocat, a lancé une procédure judiciaire pour demander la condamnation de l’Etat français qui a accordé les dérogations alors que la molécule de chlordécone était retirée des circuits commerciaux officiellement, et l’indemnisation de centaines d’ouvriers de la banane. Mais aussi de milliers d’autres victimes de la chlordécone.

Les agriculteurs et les enfants exposés avant leur naissance

Un Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), nouvellement créé, permettrait une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles. Il indemnise les agriculteurs et les enfants ayant été exposés aux pesticides avant la naissance.

Le texte créant ce fonds, paru vendredi 27 novembre au Journal officiel, entré en vigueur le lendemain, fixe le régime des indemnisations et les conditions de fonctionnement de ce fonds, dont la création avait été votée dans le cadre du budget 2020 de la Sécurité sociale.

Cependant, que deviennent les autres victimes de l’utilisation de la chlordécone puisque le décret s’applique aux seuls agriculteurs et enfants exposés aux pesticides avant leur naissance ?

A suivre.

André-Jean VIDAL

Le texte du décret : 

https://drive.google.com/file/d/1WW2m1JgN5b2c8XqcpBM4EiDPaD23605z/view?usp=sharing

Pour en savoir plus : 

https://www.arte.tv/fr/videos/095995-000-A/dossier-la-guadeloupe-et-les-pesticides/

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