Caraïbe. Cyclones : une année intense

Les météorologistes sont unanimes : l’activité cyclonique de cette année, qui s’étend jusqu’au 30 novembre, sera fortement supérieure à la moyenne dans les Caraïbes.

Météo France donne le tempo : « En moyenne sur les 30 dernières années, on compte 14 systèmes nommés dont 7 systèmes suffisamment puissants pour être qualifiés d’ouragans. Pour cette saison 2024, on prévoit en moyenne :
    • 23 systèmes cycloniques nommés,
    • dont 12 systèmes nommés suffisamment puissants pour être considérés comme des ouragans.

On pourrait donc observer cette année près du double de systèmes cycloniques et d’ouragans que la normale, ce qui ferait de 2024 une des années les plus intenses en termes d’activité cyclonique. »

TROIS CATÉGORIES
On distingue 3 catégories de phénomènes cycloniques, selon l’intensité des vents associés (intensité des vents les plus forts dans le cyclone, moyennés sur 1 minute, à 10m du sol) :

. si le vent est inférieur ou égal à 63 km/h, on parle de dépression tropicale ;

. entre 64 et 118 km/h, c’est une tempête tropicale, le centre météorologique responsable de la zone concernée lui attribue un nom ;

. à partir de 119 km/h, on parle de cyclone.

Pour classer les cyclones selon leur intensité, les météorologues utilisent différentes échelles. L’échelle de Saffir-Simpson a par exemple été développée pour les ouragans. Ils y sont classés en 5 catégories, selon la force des vents maximums et l’ampleur des dégâts potentiels. Cette classification développée par le National Hurricane Center (le service américain de suivi et de prévision des ouragans) est en vigueur uniquement sur les bassins de l’Atlantique Nord, du Pacifique central et l’est du Pacifique. 

DEPUIS LA NUIT DES TEMPS

Depuis la nuit des temps — avant que la radio, la télévision, le téléphone portable et internet aient été inventés pour nous donner une fausse impression de sécurité et nous remplir la tête de fausses inforations —, des vents violents venus du sud-est, de l’autre côté de l’Atlantique, ont balayé les îles de la Caraïbe avant même qu’elles portent ce nom.

Les premiers habitants, Amérindiens venus des côtes du Venezuela où ces vents sont inconnus, puis les habitants successifs de ces îles, Européens et Africains, puis Indiens qui ne connaissent que la tramontane, le fesh fesh et la la mousson, ont appris à craindre ces vents violents accompagnés de pluies, de dégâts considérables faits aux habitats, aux gens et aux cultures.

Les habitants ont construit en bois, puis en dur pour se protéger de ces vents et de cette furie. Aujourd’hui, on ne sait pas si demain il ne faudra pas s’enterrer pour résister à des vents de plus en plus violents, des phénomènes de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Ce sont des spécialistes qui le disent.

AU LARGE DE L’AFRIQUE

Chaque saison des ouragans, les météorologues se concentrent sur un défilé de perturbations météorologiques connues sous le nom de vagues d’est africaines, ou vagues tropicales, qui se dirigent de la côte vers l’ouest, au large des côtes de l’Afrique occidentale puis dans l’océan Atlantique.

Selon le National Hurricane Center, environ 85% des ouragans intenses et 60% des autres tempêtes se développent à partir de ces perturbations.

Cependant, il est faux de penser que les ouragans naissent tous au Cap-Vert. Si la plupart naissent près des îles du Cap-Vert, la plupart se forment plus au large, dans l’Atlantique, et se renforcent en s’approchant des îles de la Caraïbe, car ils sont gonflés d’air chaud dégagé par la mer.

D’autres ouragans naissent près de la Barbade et remontent le long des îles de la Caraïbe, sont fréquents et causent d’importants dégâts dans certaines de ces îles.

QUAND L’EAU DE MER EST PLUS CHAUDE

Pour qu’un ouragan se forme, il faut que la température de l’eau soit supérieure à 26°C sur une profondeur d’au moins 50 mètres. Le taux d’humidité doit être supérieur à 40%. Si ces conditions sont réunies, un processus complexe mais logique se déclenche. En ce moment, l’eau de mer est à 31° dans les zones où se forment les ouragans.

La chaleur fait que l’eau de mer se condense et s’évapore. Plus léger, l’air chaud monte, monte en altitude où il fait plus froid. Là, cet air chaud refroidit, se condense, forme des nuages. Ces nuages sont soumis à un phénomène original lié à la rotation continue de la terre.

Connaissez-vous la force de Coriolis ? La force de Coriolis est une force inertielle agissant perpendiculairement à la direction du mouvement d’un corps en déplacement dans un milieu lui-même en rotation uniforme, tel que vu par un observateur partageant le même référentiel. En fait, la force de Coriolis fait que les nuages tournent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord et dans le sens contraire dans l’hémisphère sud.

300 KM PAR HEURE !

Avez-vous déjà vu des photos d’ouragans prises depuis des satellites. C’est sûrement le phénomène qui, visuellement, est le plus beau, le plus rempli de mystère. Les nuages sont concentrés et s’enroulent autour d’un trou plus ou moins défini. Ce trou, c’est l’œil de l’ouragan. Les nuages tournent dans le sens des aiguilles d’une montre dans la Caraïbe. A la Réunion, le mouvement des nuages est inverse.

L’ouragan c’est une énorme masse de nuages pouvant s’étendre sur un diamètre de 300 à 500 km (Allen en 1980 mesurait même plus de 600 km !)
Elle se déplace lentement et ses vents peuvent dépasser les 300 km/h.

FIONA, PHILIPPE, TAMMY

Ces dernières années, la Guadeloupe a connu des tempêtes tropicales de forte intensité. Avec moins de vents mais beaucoup de pluies, qui ont fait d’importants ravages. Fiona (nuit du 16 au 17 septembre 2022) puis Philippe (nuit du 2 au 3 octobre 2023) et Tammy (21 au 22 octobre 2023) ont été des tempêtes tropicales de forte intensité. Elles ont fait d’importants dégâts matériels sur des sols déjà fragilisés par des périodes pluvieuses antérieures. En fait, quand les sols sont gorgés d’eau, ils ne peuvent plus en absorber d’autres, d’où des inondations, des flots d’eau qui dévalent des hauteurs vers les fonds… arrachant tout sur leur passage, notamment des ponts, des portions de routes. On l’a vu en Martinique, on l’a vu en Guadeloupe où les autorités semblent dépassées par des infrastructures routières anciennes, peu ou pas entretenues. Le Département, la Région, reconstruisent, avec le soutien de l’Etat mais, tout comme pour les réseaux d’eau laissés à l’abandon pendant quarante ans, il faudrait faire un plan de remise à niveau de tous les ponts… Des milliards d’euros.

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