Cannes de Marie-Galante : la solution électrique

« Je ne comprends pas. Dans n’importe quel pays, quand il y a une usine en panne, on ne baisse pas les bras, on répare. Et si on ne peut pas réparer, on trouve une solution au sein même de l’usine. »
Ainsi s’exprime Patrick Chelza, un Marie-Galantais, président de la Fédération des Très Petites Entreprises (FTPE) de la Guadeloupe.

Patrick Chelza fait référence à cette panne qui affecte l’usine sucrière de Grande Anse de Marie-Galante, stoppée dans le broyage de la canne et de la production de sucre depuis le 14 mars, deux jours après l’ouverture de la campagne bannière.

La solution de l’industriel, la SRMG, que préside Athanase Coquin, assisté dans sa mission par un technicien, le directeur général, Michel Claverie : réparer la chaudière. Temps de la réparation : 10 mois, autant dire que la récolte de cette année est fichue. Pas de canne, pas de sucre. Surtout pas de revenus pour 1700 planteurs de cannes, non plus que pour leurs ouvriers (la canne est coupée et ramassée à la main à 90%), et les ouvriers de l’usine au chômage technique.

Autre solution de l’industriel : acheter la canne coupée aux planteurs (67 000 tonnes) et la transporter par barge à raison de 1 000 tonnes par jour, pendant deux mois, jusqu’au continent, de là l’embarquer sur des camions… Direction l’usine sucrière de Gardel. Comme ça la canne est broyée moyennant la location de temps de broyage à Gardel SA, le sucre est là, les planteurs sont contents, la SRMG aussi qui aura les aides européennes et de l’Etat puisqu’elle a conservé ses quotas de sucre.

« Si on laisse la canne partir,
l’usine ne redémarrera jamais. »

Les planteurs et les ouvriers de l’usine

Mais, si la Région et l’Etat sont prêts à payer pour que cette campagne marie-galantaise ne soit pas un point de fixation sociale, certains planteurs, des ouvriers de l’usine et l’UGTG ne veulent pas entendre parler de transport de la canne et de broyage ailleurs qu’à Marie-galante.

« Si on laisse la canne partir, l’usine ne redémarrera jamais. » C’est leur argument. Qui se tient… Depuis vendredi 7 mai, les cannes restent dans les champs, le port de Folle Anse est bloqué et la barge qui devait transporter la canne en Guadeloupe est au large. Ça coûte cher d’immobiliser une barge.

L’idée a été émise par des techniciens de faire tourner l’usine avec des groupes électrogènes de grande puissance. Il paraît que ça pourrait marcher. La chaudière en panne fournissait de la vapeur qui fournissait, e passant par des turbines, de l’énergie. Cette énergie faisait tourner les machines pour couper la canne en morceaux, pour la broyer, pour transformer le jus de canne en sucre ou en mélasse pour faire du rhum.

« Nous avons une usine en panne, avec des centaines de gens qui attendent pour broyer leur canne, toucher leurs revenus de leur travail, et rien. Personne ne bouge. Les industriels sont là, les bras croisés,
ils attendent. »

Patrick chelza

Patrick Chelza est électricien de formation. Il est aussi représentant de la FTPE à Marie-Galante.

« Nous sommes au XXIe siècle, nous sommes en France. Nous avons des techniciens compétents. Imaginez si un des moteurs d’ EDF, en Guadeloupe, tombe en panne. Est-ce qu’on va attendre dix mois pour le réparer ? Non, on va faire venir des pièces, peut-être même un nouveau moteur pour que la Guadeloupe ait de l’électricité. Ici, nous avons une usine en panne, avec des centaines de gens qui attendent pour broyer leur canne, toucher leurs revenus de leur travail, et rien. Personne ne bouge. Les industriels sont là, les bras croisés, ils attendent. »

Pour ce Marie-Galantais, quelques personnes, les industriels, mais aussi les élus, prennent les planteurs et, à travers eux, Marie-Galante toute entière en otage.

« Les industriels, dit-il, veulent faire de l’argent sans dépenser pour moderniser l’outil de travail. L’argent, c’est celui de l’Etat, c’est celui de la Région, c’est celui de l’Europe. Et en plus, ils vendent le sucre à des prix préférentiels. Mais, ils veulent travailler avec une vieille chaudière qui a explosé à la première sollicitation… »

« Les élus et l’Etat ont l’argent pour louer une barge, faire transporter la canne
à Gardel et ils n’ont pas l’argent pour mettre en place une solution
alternative à la chaudière ? »

« Les élus, ils viennent ici faire leur politique. Ils nous mènent en bateau. L’Etat aussi. Les élus et l’Etat ont l’argent pour louer une barge, faire transporter la canne à Gardel et ils n’ont pas l’argent pour mettre en place une solution alternative à la chaudière ? », accuse-t-il.

La solution proposée depuis vendredi et une réunion à l’initiative du député Olivier Serva c’est celle de l’électrique. La chaudière en panne est remplacée par des groupes électrogènes. Mais, ça coince quelque part. Sans doute parce qu’il faut payer et que personne, surtout pas l’industriel, veut faire les frais de cette transformation de l’usine.

Patrick Chelza : « Là, on a compris que la canne ne prendra pas le bateau si on n’a pas essayé une autre alternative avant. La solution, c’est l’électrique : deux groupes électriques d’un mégawatt avec leurs coffrets pour varier les charges. Parce qu’il ne faut pas la même puissance selon les machines. Mais, ceci, un technicien peut faire les calculs. A l’usine ils ont toutes les caractéristiques des machines. S’il faut rectifier, les techniciens sauront le faire. Faites venir les groupes, avec les techniciens. En quelques jours groupes et techniciens peuvent être là. Cherchez aussi en Guadeloupe, il y a des ingénieurs, des techniciens qui connaissent ce type de problème. Faites quelque chose, décroisez vos bras ! »

En attendant, parce que la location coûte cher, la barge est repartie vers d’autres contrats…

André-Jean VIDAL

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