« Benzo », conteur, musicien, créoliste, célébré par le Conseil départemental

Les pluies diluviennes qui ont arrosé Capesterre Belle-Eau, lundi 16 décembre, n’ont pas eu raison de l’ambiance chaleureuse qui régnait dans les jardins de la distillerie Longueteau. Le Conseil départemental mettait à l’honneur l’infatigable défenseur des traditions, Moïse Benjamin, dit « Benzo ».

Yéééékrik ! Pour l’ensemble de son œuvre, un véritable livre ouvert s’étendant de la musique à la transmission des éléments de l’identité guadeloupéenne, à travers les contes, la pratique – orale et écrite – du créole, jusqu’à son métier d’enseignant, dont il est aujourd’hui retraité, Moïse Benjamin, dit Benzo, a clôturé le calendrier 2024 des soirées On ti Zyédou du Conseil départemental.

Fidèle à son engagement de mettre à l’honneur – de leur vivant – les Guadeloupéen.ne.s, véritables militant.e.s culturel.le.s, qui font la fierté du territoire, ici et ailleurs, le Conseil départemental a une nouvelle fois mis les petits plats dans les grands pour faire honneur, cette fois, à Moïse Benjamin, dit Benzo.

« Un monument de la culture guadeloupéenne »

Guy Losbar, président du Conseil départemental n’a pas caché le « plaisir personnel » que lui procurait ce moment de reconnaissance consacré à Benzo : « Nous honorons un monument de la culture guadeloupéenne, un homme engagé qui pense déjà à demain et aux autres ! ».

Président de la commission Développement culturel et gestion du patrimoine, Michel Mado a salué un « garant de l’identité guadeloupéenne ».

Nourri dès son plus jeune âge, dans son fief de Fonds-Cacao (Capesterre Belle-Eau), par les contes et la musique dans son environnement familial, Benzo, avec son chapeau de paille, a personnifié Compère Lapin aux yeux d’une nouvelle génération qui dispose désormais de traces écrites pour émerveiller à son tour, enfants et petits-enfants. Yéééékrik !

Parallèlement aux contes traditionnels qu’il a institutionnalisés, une passion dont ont hérité ses filles, Benzo, c’est aussi une vie de musique. Cette année encore, sa silhouette continuera de vibrer au rythme du saxophone pour les Chanté Nwèl du groupe Kasika.

Passionné par la langue créole

En revanche, après plusieurs décennies de parades flamboyantes et de trophées remportés avec le même groupe Kasika, Benzo a « pris sa retraite » du carnaval depuis deux ans, en ayant formé la relève.

Moïse Benjamin, c’est aussi un inlassable pédagogue, passionné par la langue créole. Il est l’auteur de méthodes d’apprentissage du créole – à l’écrit et à l’oral –, exportées dans l’Hexagone, au Canada…, et d’une plateforme dédiée au créole et disponible à la Micro-folie du Moule. Une vie dense, pleine de tout ce que lui ont apporté ceux qui l’ont précédé et qu’il a eu à cœur de partager.

« Lukubert Séjor dit souvent : « Si yo ba-w, ba-y ! ». Enfant, j’étais très curieux, confie Benzo. J’ai beaucoup reçu de la part des aînés. J’ai transmis ce qu’ils m’ont appris et c’est très important de continuer à transmettre. »

Premier vice-président du Conseil départemental, et maire de Capesterre Belle-Eau, Jean-Philippe Courtois a indiqué sa « profonde émotion et sa fierté d’honorer une figure exceptionnelle de la culture guadeloupéenne, une véritable institution. »

Eveiller l’imaginaire grâce au conte

Le « travail gigantesque » de Benzo a été souligné par le conteur Edgar Férus (Kontakaz) qui poursuit lui aussi la transmission auprès des plus jeunes pour éveiller leur imaginaire et les initier aux traditions de la Guadeloupe. Dans la même lignée, Dydier Mannette (éditions Nèg Mawon) sublime la langue créole, entre conte et poésie. Le public a apprécié !

Plusieurs artistes étaient invités à se produire au cours de la soirée. Fred Deshayes a ainsi accompagné à la guitare Paul et Anita, l’une des sœurs de Benzo, sur le titre Angoisse. Composé par Benzo en 1977, le texte, toujours d’actualité, dénonce le terrorisme…

Avec Marxian Smith (guitare), Meghan Gros a interprété plusieurs titres de jazz qu’affectionne Benzo, dont What a Wonderful World, de Louis Armstrong.

Après ces émotions, Kasika, la grande famille musicale de Benzo, a remis tout le monde d’aplomb avec un Chanté Nwèl.

Cécilia Larney

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