Benito questionne la société en peinture

Depuis le 15 avril, l’exposition de l’artiste Bénito Valadié est présentée à l’Arawak Beach Resort, au Gosier. L’artiste installé en Guadeloupe depuis 17 ans, questionne et interpelle la société sur ce qu’elle considère être la vision universelle.

Lorsqu’on se balade à travers les œuvres de Bénito Valadié un élément interpelle. Les couleurs ? Pas vraiment. La peinture, non plus. On est plus intrigué par la présence d’hommes nus sur de nombreuses toiles. Intéressé par l’art depuis l’enfance, Bénito Valadié s’est dirigé petit à petit vers la nudité. « J’ai commencé par des paysages, un peu comme tout le monde, explique-t-il. J’ai peint des toiles de Toulouse où je faisais mes études, La Havane où j’ai habité et de New York. »

« Il n’y a rien de sexuel dans ces peintures. »

Bénito

L’artiste décide par la suite de se concentrer sur des œuvres « plus personnelles ». Les villes étaient devenues trop « consensuelles ». Bénito commence à aborder ses peintures de nudité différemment. Son travail sur la nudité, souvent masculine, est considéré comme sexuel. L’amalgame et la réaction des visiteurs confirment un non-dit : la société n’est pas habituée à voir de la nudité masculine.

« Il n’y a rien de sexuel dans ces peintures : je dessine un corps nu tel qu’il est, précise-t-il. La vérité, c’est que, pendant des siècles, le corps de la femme a été idéalisé, sexualisé et érotisé dans l’art parce qu’il s’agissait de la sensibilité masculine et hétérosexuelle. »

L’art de Bénito Valadié, loin d’être conformiste, traite de plusieurs sujets de société, il s’agit d’une vision de la société avec ses défauts et ses concepts hérités de la domination de « l’homme blanc hétérosexuel ».

« On me dit souvent c’est très gay comme peinture, je réponds: « oui et alors ? ». Le plus souvent, il y a deux cas, soit l’homme est indifférent devant ces toiles, ce qui est parfaitement compréhensible ou alors, ça le dérange. Ce qui est grave, car quelque part, c’est l’expression d’une pensée qui estime que la sensibilité des autres ne devrait pas être exposée parce qu’elle diffère de la nôtre. La sensibilité des hommes vaut celle des autres, c’est ce que dit ma peinture. »

Tafari Tirolien

Benito expose à l’hôtel l’Arawak jusqu’au 25 avril.

Questionner les normes

Holy Trinity On The Dancefloor, de Bénito.

La réflexion artistique de Bénito pousse à repenser les codes de la société qui ont été universalisés. Certains us et coutumes ne sont pas nécessairement légitimes parce qu’ils ont anciens. Un constat fait par un artiste qui a connu plusieurs sociétés au cours de sa vie : la France, l’Espagne, la Nouvelle-Calédonie, Cuba et la Guadeloupe. « Quand je suis parti de la Nouvelle-Calédonie pour revenir en France, j’ai eu du mal à m’adapter. Mes parents ont alors tenté de m’inscrire à différentes activités, jusqu’au jour où j’ai eu un pinceau entre les mains. Depuis, je dessine et j’ai cette connexion avec l’art. »

Depuis, l’artiste a su imprégner les différentes sociétés qu’il a pu expérimenter dans ses toiles. Parmi ses œuvres, plusieurs abordent la question de la chrétienté ou plus largement, des divinités.

« J’ai une profonde admiration pour l’esthétique chrétienne. Quand je fais des peintures sur des représentations chrétiennes, c’est tout sauf blasphématoire. Je m’approprie ces images et j’y mets des éléments qui sont importants pour moi. Par exemple, la toile sur la trinité avec des chanteuses pop, c’est un questionnement sur ce qu’est devenue notre société qui divinise des personnes par rapport à leur succès ».

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