Asthme : les femmes plus touchées par la forme sévère de la pathologie

Le CHU de Guadeloupe organise une matinée d’information, mardi 7 mai, sur les symptômes de l’asthme, les bonnes pratiques…

La Journée mondiale de l’asthme, le 7 mai, est l’occasion pour le réseau Crisalis/F-Crin, réseau d’investigation clinique sur l’asthme sévère de mettre en lumière la prévalence de la maladie chez les femmes. Peu d’études sont en cours pour déterminer les causes de cette prédisposition féminine et définir ainsi des traitements spécifiques. Pneumologue responsable du centre de l’asthme à l’Hôpital Bichat (Paris), membre du réseau Crisalis/F-Crin, le Pr Camille Taillé alerte sur « la nécessité de nouveaux projets de recherche pour mieux comprendre les spécificités de l’asthme chez la femme. »

Près de 900 décès par an

Pathologie respiratoire chronique parmi les plus courantes, l’asthme touche 6 à 8 % de la population française, et entraîne 60000 séjours hospitaliers et près de 900 décès par an, dont 20 % chez des patients de moins de 65 ans*.

Il se caractérise par une inflammation chronique des bronches créant, des épisodes de gêne respiratoire et des quintes de toux, la fréquence et la gravité des crises variant d’un individu à l’autre. Malgré une prise en charge optimale, 3 à 5% des patients souffrent d’asthme sévère avec des crises fréquentes, un handicap à l’effort, et une dégradation de leurs capacités respiratoires à l’origine d’un fort impact sur leur qualité de vie.

Trop peu d’études cliniques

À l’âge adulte, l’asthme est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Parmi les asthmatiques sévères, près de 60 % sont des femmes, moins souvent allergiques que les hommes, avec moins d’inflammation.

Alors que les études cliniques manquent sur le sujet, des facteurs extérieurs peuvent expliquer cette prédisposition des femmes à souffrir d’asthme. Le Pr Camille Taillé, pneumologue responsable du centre de l’asthme de l’Hôpital Bichat (Paris), distingue notamment deux facteurs parmi les plus étudiés :

1. Le rôle des hormones sexuelles

On observe deux pics d’apparition de l’asthme : un premier à la puberté, qui peut être lié aux modifications hormonales, mais aussi favorisé par la réduction de l’activité physique chez les filles, ou l’utilisation de produits cosmétiques, par exemple. Un second pic est observé après la ménopause. Des données épidémiologiques suggèrent que le recours à des traitements hormonaux substitutifs pourraient aggraver les symptômes des femmes asthmatiques et même favoriser la survenue d’un asthme. La prise de poids à cette période pourrait participer à l’asthme.

Enfin, près de 40% des femmes asthmatiques rapportent une aggravation de leurs symptômes juste avant leurs règles, les spécialistes parlent alors d’asthme prémenstruel. La grossesse est également une période de vulnérabilité importante à signaler car elle peut faire l’objet d’une aggravation des symptômes de l’asthme nécessitant la prise d’un traitement adapté à confirmer auprès de son pneumologue.

2. L’exposition aux produits d’entretiens et chimiques

Autre facteur aggravant : l’exposition aux produits irritants, notamment les produits ménagers, en milieu professionnel ou au domicile. De nombreuses femmes asthmatiques exercent des métiers dans le secteur du soin, de l’entretien et du ménage, de la coiffure et sont exposées régulièrement. De nombreux travaux montrent la corrélation entre l’exposition à ces produits et l’asthme.

« Il est important également de faire de la prévention auprès des jeunes, filles ou garçons, asthmatiques qui s’orientent vers des métiers à risques pour réduire leur exposition, commente le Pr Camille Taillé. Il est également primordial de développer de nouvelles études pour comprendre les spécificités de l’asthme de la femme. »

Journée mondiale de l’asthme au CHU de Guadeloupe, mardi 7 mai, de 9 à 13 heures.

 *Source : Santé publique France
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