L’assemblée générale de l’UDE-Medef Guadeloupe se tient traditionnellement au CWTC de la Pointe Jarry, au cœur de la zone industrialo-commerciale de la Guadeloupe.
Cette année, quatre intervenants pour dire leur sentiment sur l’année passés, sur les perspectives d’avenir.
Le bilan de l’année passée doit intégrer — ce que feront les intervenants — la crise sanitaire (deux ans d’incertitudes économiques et sociétales), la crise sociale de la fin de 2021, les perspectives de l’année 2022 doit intégrer la crise inflationniste que vit le monde depuis le 1er janvier 2022.
Premier intervenant, Bruno Blandin, président de l’UDE-MEDEF. Discours tout autant politique qu’économique. Ce qui lui vaudra un commentaire amusé d’Ary Chalus, le président de Région : « Quand je partirai, tu pourras prendre ma place à la Région ! »
Bruno Blandin a rappelé que le Medef est une union d’entreprises citoyennes, que c’est la première réunion qui se tient en présentiel, depuis la crise sanitaire et la crise sociale. Il a ensuite, en une phrase, rappelé les victimes de la pandémie.
Avant de rendre un hommage appuyé à l’Etat et la Région qui ont permis de limiter les effets des crises successives depuis deux ans. « L’outil productif est toujours là », constatait-il.
Non seulement la solidarité a joué à plein mais des défis ont été relevés, comme de reprendre Corsair, compagnie française vouée à la disparition sans de généreux investisseurs-repreneurs aAntillais (pour ne pas dire Guadeloupéens). Dans la salle Patrick Vial-Collet, qui est l’un de ceux-ci a frémi de plaisir.
C’est là que Bruno Blandin est sorti de sa réserve habituelle pour lancer : « Est-ce que tout va pour le mieux en Guadeloupe ? »
Pour répondre par des expressions cinglantes.
Verbatim : « Nous vivons une situation d’apartheid, la société s’entre-déchire tandis que les jeunes talents s’en vont. », « Ce serait une erreur de penser que l’autonomie serait la solution », « Le temps des colonies n’est plus… »
Il appelait les élus à utiliser les infinies possibilités de la loi de décentralisation pour répondre aux souhaits de bien-être des Guadeloupéens.
Et prophétisait — mais nous y sommes déjà — « la fin d’un monde politique, celui du rattrapage. »
« J’appelle, disait-il, à faire la révolution », en « cessant de rejeter la faute sur les autres comme on le fait trop facilement. »
« La culture du marronnage nous conduit à la faillite commune. »
Il ne rejetait pourtant pas, en patriote, cette phrase souvent entendue dans la bouche des élus (ces derniers temps) : « Il nous faut penser Guadeloupe entre Guadeloupéens pour l’avenir de nos enfants. »
L’ancienne ministre des Outre-mer, vice-présidente du Conseil régional, prenait la parole pour rappeler le rôle de la Région Guadeloupe et la complémentarité Etat-Région pour soutenir l’économie en période de confinement. « Je veux vous parler de l’avenir, trouver avec vous les voies et moyens du développement. »
Elle rejette la société de l’importation pour lui préférer une société de production complémentaire des importations. Et met en cause des « rentes de situation » appelant à la saine concurrence.
Les « rentiers de situation » qui parsemaient la salle ont du frémir d’horreur, tout en souriant pour la photo…
Bruno Blandin :
Ary Chalus l’avait promis, il ne ferait pas de cadeau. Le président de Région a dit les millions is pour soutenir les entreprises, les aides à l’emploi des jeunes, les dispositifs d’accueil des jeunes stagiaires que les chefs d’entreprises font mine de ne pas connaître… Il a appelé à un dialogue entre chefs d’entreprises et syndicats.
Il a aussi, parce qu’il faut le dire que les EPCI et les communes n’ont pas d’argent et que s’il faut des infrastructures, c’est la Région qui se substitue en maîtrise d’ouvrage. Idem pour l’eau, avec 200 millions budgétés pour cette problématique.
« Le budget est passé, depuis mon arrivée à la Région, de 480 millions à 900 millions. » Bigre !
Ary Chalus :
Le préfet Alexandre Rochatte a énuméré crise sanitaire, crise sociale avec émeutes, crise inflationniste. Et fustigé le sport national : « taper sur l’Etat. » Il l’a fait avec le sourire…
Puis dit les 1,2 milliards d’euros mis par l’Etat dans l’économie de la Guadeloupe au travers de trois outils pour éviter la faillite de l’économie locale : le fond de solidarité, 300 millions, l’activité partielle, 150 millions, le PGE (prêt garanti par l’Etat), 775 millions, soit une moyenne de 160 000 euros par entreprise, soit encore titre de comparaison 30%de plus qu’en Martinique pour un tissu économique sensiblement égal.
Autre donnée : le PIB de la Guadeloupe représente 0,4% du PIB national, la part du fonds de solidarité versé à la Guadeloupe représente 0,7% de l’ensemble…
Depuis, il y a le plan de relance avec la Région et le Département, un total de 120 millions d’euros pour des chantiers, enfin le plan de résilience avec les mesures sur l’essence (l’aide de 0,15 euro), les mesures en faveur du BTP, du transport… l’aide à l’agro-alimentaire, bientôt les mesures en faveur du pouvoir d’achat.
Quatre constats faits par le préfet Rochatte : les relations patronat – collectivités se sont améliorées; il y a un effet sur l’immédiateté des prises de décisions; il y a une adaptation aux particularités de la Guadeloupe… Le préfet n’a pas manqué de reprocher aux chefs d’entreprises de ne pas tenter d’ouvrir leurs marchés sur la Martinique, sur la Caraïbe, même si ce n’est pas facile. Il a regretté que le dialogue social soit toujours aussi tendu alors qu’il est indispensable de l’envisager rapidement sous peine de passer de crise en crise…
« Enfin, quatrième constat et conseil : il faut être en capacité de tous travailler élus, chefs d’entreprises, société civile, pour définir ce que l’on veut pour la Guadeloupe dans 15 ans dans 20 ans, et cela on ne le fait pas. il faut travailler sur le développement endogène, travailler sur tous les domaines. »