Peintre et plasticien, Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, Jean-Marc Hunt exporte régulièrement son art à travers le monde. Une belle réussite pour l’artiste qui ouvre la voie à d’autres représentants de l’art contemporain en Guadeloupe.
Non loin de son atelier, dans un quartier du centre-ville de Baie-Mahault, Jean-Marc Hunt a aménagé un espace original et authentique, le Creolitan Museum.
La création d’un espace ouvert aux artistes faisait partie de vos projets à long terme ?
Jean-Marc Hunt : J’ai toujours fédéré les artistes autour de moi. C’était logique, le moment venu, d’avoir une base solide pour faire rayonner ces artistes que j’apprécie et qui ont aussi besoin de structurer leur travail.
Le lieu m’importait peu. L’opportunité de cet espace s’est présentée, à Baie-Mahault. En visitant avec Vanessa [NDLR : Vanessa Hunt, directrice de la Creolitan Gallery], on a tout de suite vu le potentiel du lieu. En cogitant, j’ai proposé qu’on l’appelle Creolitan Museum. Tout prenait sens autour de cette architecture créole par rapport au thème sur lequel on travaillait depuis des années : la créolité, la condition noire…, la caribéanité…, tout cela prenait sens dans ce lieu.
Situé non loin de votre atelier, le Creolitan Museum permet à d’autres artistes de travailler, d’exposer, de rencontrer le public…
Pour moi, c’est une façon de donner un exemple de ce qui est possible, pour que chaque artiste se dise : « Si lui, il y est arrivé, je peux, moi aussi, y arriver ! » Avoir un tel outil aujourd’hui permet non seulement de présenter les artistes à la communauté, mais aussi d’avoir un regard pertinent des grandes institutions sur l’art en Guadeloupe, comment nous nous développons, comment, aujourd’hui, en Guadeloupe, l’art s’exprime à travers nos difficultés, nos éloignements, notre culture… L’espace Creolitan Museum permet aux artistes de rayonner à travers mon propre réseau, en Guadeloupe et ailleurs.
En plus des partenariats privés, du soutien de la Direction des Affaires Culturelles, les gens du quartier participent ! Nous avons créé tout un monde où les habitants du quartier se rencontrent au Creolitan Museum, les adultes et les enfants viennent visiter les expositions. Bientôt, avec le Pass Culture, nous pourrons accueillir les scolaires.
Quels profils d’artistes présentez-vous au Creolitan Museum ?
Nous recherchons principalement des artistes contemporains avec un regard concret sur le monde actuel, sur la créolité, sur la manière dont nous nous envisageons dans le monde. Tout cela donne un regard assez particulier sur l’art. En ce moment, dans le cadre de l’exposition collective, Ce que murmure le lointain, nous présentons Micheline Souprayen, qui a surtout exposé à l’extérieur, mais qu’on ne connait pas suffisamment en Guadeloupe !
Parallèlement, vous poursuivez votre parcours d’artiste à l’international ?
Oui. Aujourd’hui, je peux être invité à New York, comme en Afrique ou en Europe. C’est à chaque fois une consécration de pouvoir exposer à l’extérieur. On ne remet pas forcément tout dans la balance, mais à chaque fois, c’est une nouvelle expérience. C’est toujours gratifiant d’être invité. Mais, il faut pouvoir se tenir à ses propres convictions pour ne pas se laisser emporter, garder la tête froide et veiller à ce que la machine ne s’enraille pas !
Entretien : Cécilia Larney
Ce que murmure le lointain
Avec Micheline Souprayen, Jérôme Sainte-Luce, Félie Line Lucol, Alain Joséphine, Florence Nkpa, Thierry Alet, Jean-Marc Hunt.
Jusqu’au 20 avril, l’exposition collective Ce que murmure le lointain marque l’ouverture de la Saison Créole Art Contemporain 2025, de Creolitan Gallery. Un fil conducteur : la nécessité de création chez l’artiste. L’exposition met en évidence une quête de perfection, de vérité et de beauté intelligible. Les 7 artistes contemporains franco-caribéens représentés, partagent leur ancrage au lieu, au temps, à la mémoire et au langage.
Baie-Mahault, 47. Rue Simon Chalder. Jeudi, vendredi, samedi, de 15 à 20 heures. Tél. 06 90 43 64 46. www.creolitanmuseum.com
