Il y a deux ans, le 20 juillet 2021, Ariel Henry, avec la bénédiction de la communauté internationale, notamment le Core Group, est devenu Premier ministre.
Il y a deux ans, le 20 juillet 2021, Ariel Henry, avec la bénédiction de la communauté internationale, notamment le Core Group, est devenu Premier ministre. Dans la réalité, en l’absence du Parlement et face à un pouvoir judiciaire qui ne pèse pas lourd, Ariel Henry est plus qu’un Premier ministre. Il exerce les prérogatives du président de la République, celles du pouvoir législatif et parfois celles de la justice.
Ayant le support de la communauté internationale, le chef du gouvernement a réussi à se débarrasser des jovenélistes récalcitrants qui voulaient mettre des bâtons dans ses roues après sa prise de fonction. Il a réussi l’exploit de réunir autour de lui les adversaires, voire les ennemis politiques de Jovenel Moïse. Une stratégie payante. Les manifestations anti-gouvernementales sont rares depuis l’arrivée d’Ariel Henry à la Primature.
En deux ans, Ariel Henry a le mérite d’avoir signé deux accords en vue d’une gouvernance apaisée du pays. Il faut cependant signaler que les deux accords ont été signés avec des partisans, sympathisants et amis du pouvoir. On comprend vite pourquoi ils n’ont pas aidé à faire bouger les lignes.
N’ayant ni mandat populaire ni bénédiction du Parlement, Ariel Henry n’a pris aucun engagement devant la nation. Ce n’est pas une raison de ne pas rappeler ses nombreuses promesses de rétablir l’ordre dans le pays, notamment de reprendre le contrôle de la route de Martissant, contrôlée par les gangs depuis juin 2021. Une promesse jusqu’ici non tenue. Au contraire, d’autres zones encore paisibles lorsque le chef du gouvernement prenait fonction sont aujourd’hui prises en otages par les gangs. C’est le cas de l’entrée nord de Port-au-Prince — Canaan, Onaville —, et des communes entières du département de l’Artibonite.
Le Premier ministre Ariel Henry n’a pas créé la crise sécuritaire, mais il peine à la résoudre comme il s’y est engagé. Sa demande d’assistance militaire à la communauté internationale, très critiquée par ses détracteurs, est restée pendante.
Avec la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies demandant un rapport dans 30 jours au secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, sur les options d’aide à Haïti, y compris une assistance militaire, Ariel Henry a de quoi espérer. Surtout que des pays qui étaient réticents à l’idée d’envoyer des troupes en Haïti révisent leur position.
Dans l’intervalle, le Canada, qui écarte la possibilité de prendre les commandes d’une force armée internationale en Haïti, continue de sanctionner les personnes soupçonnées dans la déstabilisation du pays et promet de renforcer la capacité de la police nationale.
Les sanctions américaines, canadiennes, dominicaines et onusiennes ne donnent pas encore les résultats escomptés. On ne peut nier cependant que les sanctionnés sont dans la tourmente, surtout certains d’entre eux qui rêvent de se porter candidats aux prochaines élections si elles se tiennent un jour.
Parlant d’élections, le Premier ministre Ariel Henry s’était engagé, à travers l’accord du 21 décembre, à remettre le pouvoir à un président élu au début de l’année 2024. À cinq mois de la fin de l’année, le Conseil électoral provisoire est toujours dans le placard.
L’éventuel accord avec des structures politiques et des coalitions de la société civile pour arriver à la tenue des élections se fait attendre. Des efforts de la CARICOM pour arriver à cet accord restent un échec.
En attendant un éclaircissement du climat politique, d’autres problèmes comme la cherté de la vie et la corruption restent entiers. De quoi pousser ceux qui ont les moyens à quitter le pays sur la pointe des pieds à la recherche de cieux plus cléments.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/243502/ariel-henry-deux-ans-a-faire-du-surplace