De Casablanca à Johannesburg, en passant par Dakar, Abidjan, Conakry, Brazzaville, la disparition de Jacob Desvarieux a provoqué l’émoi en Afrique. Quelques témoignages recueillis par Nicolas Négoce.
« Les Antilles, l’Afrique et la musique ont perdu l’un de ses plus grands ambassadeurs. Jacob grâce à ton art, tu as rapproché les Antilles à l’Afrique. Ta ville, Dakar, où tu as vécu te pleure. Adieu l’ami. » Ce sont les propos de la star sénégalaise Youssou Ndour, qui a aussi publié sur son compte Instagram un extrait de la prestation de Kassav à Bercy en 2004 où il avait chanté en duo avec Jocelyne Béroard, Jacob Desvarieux les accompagnant à la guitare. https://www.instagram.com/p/CR_VYk3gb-A/
« Africain à 100%. »
Tanguy Blais, Culture Ivoire Télévision
Jacob Desvarieux était considéré comme un fils du continent, comme un « Africain à 100% », estime Tanguy Blais de CITV, la nouvelle chaîne Culture Ivoire Télévision. Dans de nombreux pays du continent, le Guadeloupéen avait été « adopté ».
La créatrice sénégalaise Adama Paris se souvient de sa rencontre avec le co-fondateur de Kassav. C’était il y a une vingtaine d’années à Paris. « Jacob adorait l’Afrique et l’Afrique l’adorait. C’est comme ci le continent l’avait adopté. Sa disparition m’attriste vraiment. C’était quelqu’un de jovial et d’optimiste. Il restera à jamais gravé dans nos cœurs. »
Une musique mémorable
Les hommages se succèdent depuis l’annonce de la mort de Jacob Desvarieux, le 30 juillet. « Une bien triste nouvelle que la disparition de Jacob Desvarieux. Notre enfance a été bercée par #Kassav qui a apporté les Antilles en Afrique. Un concert inoubliable en Guinée en 1987 ! Il lègue à l’humanité une musique mémorable », a confié Gabriel Curtis, ministre des Investissements et des Partenariats publics privés de la Guinée.
Voix rauque et doigts en or.
Les amateurs de zouk en République démocratique du Congo sont, eux aussi sous le choc. D’ailleurs, le clip de Syé Bwa avait été tourné dans la capitale Kinshasa. Pour le Congolais Mick Elysée, chef virtuose de l’Afrofusion, « la voix rauque et les doigts en or de ce grand Monsieur ont bercé toute mon adolescence. Je reste inspiré par sa passion et son talent inimitable pour la musique. Nous avons perdu un grand artiste, mais son œuvre restera en nous pour toujours. »
Un avis partagé par la journaliste congolaise Dominique Tchimbakala : « Qu’il est difficile de voir partir les artistes que l’on aime… Ton zouk était notre médicament car il était vraiment « mizik a bon dié », la musique du bon dieu. Merci pour ton œuvre et pour ce pont musical entre l’Afrique et les Antilles. »
Côte d’Ivoire, Congo, Bénin, Cameroun
« Un illustre fils de la Côte d’Ivoire »
« Encore une fois, le coronavirus vient nous arracher le cœur à travers le décès d’un illustre fils des Antilles, que dis-je du monde et plus particulièrement de la Côte d’Ivoire, pays qu’il affectionnait particulièrement. J’ai eu l’opportunité de le rencontrer et j’ai pu assister au dernier concert de Kassav à Abidjan. Dieu ait son âme. »
Dr Raymonde Goudou Coffie, ministre, gouverneur du district autonome des Lacs, Côte d’Ivoire
« Un artiste complet »
« J’ai été un grand fanatique du groupe Kassav comme tous les Africains, dans les années 80 avec des titres comme Madiana, Zombi et l’incontournable Mwen malad-aw… J’ai assisté à leur premier concert de Brazzaville en 1987. En 2001, j’ai obtenu un featuring au Zénith de Paris entre Jacob et mon groupe Extra-Musica, nous avions ainsi tissé une relation basée sur une réciproque appréciation en préparant ce Zenith. Je garde de lui le souvenir d’un artiste complet, ouvert à toute expérience et très africaniste. »
Ferréol Gassackys, député, République du Congo
« Exceptionnel »
« Jacob Desvarieux a été un grand support pour la Fondation Kalou. Il était à Abidjan en 2016 avec nous. On garde de très beaux souvenirs avec lui. C’est un Monsieur exceptionnel. Les frères Salomon et Bonaventure Kalou sont reconnaissants, comme moi, pour tout ce qu’il a apporté à l’Afrique. »
Mamaudou Diawara, Secrétaire général de la Fondation Kalou, Côte d’Ivoire
« La fin d’une époque »
« Jacob était une véritable légende, il le restera. Il avait beaucoup de charisme. La dernière fois que l’on s’est vus, c’était il y a deux ans. Cela me fait vraiment de la peine. C’est la fin d’une époque. Qu’il dorme à côté de Dieu ! »
Stanley Enow, star du rap au Cameroun
« Un jeu unique »
« Jacob Desvarieux était capable de tout jouer. A la guitare, il avait un toucher vraiment particulier. Jacob est unique dans sa façon de jouer, d’approcher la musique dans son ouverture musicale et culturelle. »
Angélique Kidjo, artiste, Bénin