On ti zyédou, concept initié par le Conseil départemental de Guadeloupe pour célébrer ceux et celles qui font rayonner l’archipel à travers la culture, a mis à l’honneur Yvon Anzala, 75 ans, l’un des piliers du gwoka traditionnel.
Ses amis, ses compagnons de musique, sa famille, ses enfants Dominique, Valérie et Christelle qui ont chacun trouvé leur place dans le gwoka étaient présents. Le restaurant An kann-la (Les Abymes), lieu hautement symbolique pour Yvon Anzala qui y a fait ses premiers pas dans la musique, a accueilli la manifestation, lundi 27 novembre. Une soirée bien orchestrée qui a su garder son authenticité. À l’image de l’artiste célébré.
Artisan, charpentier, tonnelier, menuisier, chauffeur de camions…, Anzala a mené plusieurs vies simultanément, avec la musique en prime. « Dieu m’a donné une voix pour triompher : je bois, je mange sans abus et je me sens bien, commente-t-il. J’ai enregistré mon premier album à 23 ans. La soirée On ti zyédou me fait plaisir : on reconnaît ce que j’ai fait pour la Guadeloupe ! »
« Anzala fait partie des artistes qui renforcent notre identité culturelle. »
Guy Losbar, président du Conseil départemental
Yvon Anzala a fêté, en 2022, ses 50 ans de musique. Si sa voix et sa frappe de tanbouyé restent naturellement associées à l’univers du gwoka, le zouk, le slow, le boléro… font aussi partie des registres musicaux qu’il pratique. « Le concept On ti zyédou que nous avons lancé en septembre avec Ernest Pépin, s’est poursuivi en octobre avec Léna Blou, et en novembre avec Yvon Anzala, rappelle Guy Losbar, président du Conseil départemental. Quel que soit leur domaine d’intervention, Il s’agit de mettre à l’honneur les acteurs de la culture dont le travail contribue à faire rayonner la Guadeloupe. Anzala fait partie des artistes qui renforcent notre identité culturelle et lui donne toute sa dimension en la faisant rayonner en Guadeloupe et à l’extérieur. C’est une grande joie d’accueillir Anzala. »
Des témoignages (Brigitte Zabarel, Lukuber Séjor, Patrick Solvet, Lucie Jacquet…) et prestations musicales ont rythmé la soirée. Parmi les artistes qu’Yvon Anzala avait conviés à ses côtés, Jean-Marc Ferdinand, Jean-Pierre Coquerel, Lucien Comminges, Rosan Berthély… ont offert des prestations inédites.
À 75 ans, Anzala anime toujours des léwòz, des déjeuners en musique, fait du piano-bar… Parmi les présents offerts par le Conseil départemantal à Yvon Anzala, un tambour en mahogany-bois précieux, fabriqué par Yves Thôle. D’un maître-ka à un autre. Tout un symbole !
Cécilia Larney
Ils l’ont dit
Jean-Pierre Coquerel : « Parfois, je l’appelle Papa ! »
Membre du mouvement culturel Akiyo, Jean-Pierre Coquerel est aux côtés d’Yvon Anzala, « son idole », depuis de nombreuses années. « Mes parents écoutaient souvent Anzala et c’est grâce à eux que j’ai connu sa musique, raconte Jean-Pierre Coquerel. Un jour, je l’ai rencontré et on ne s’est plus quitté. J’étais petit au milieu d’adultes comme Anzala, Esnard Boisdur, les frères Geoffroy et d’autres. Quand je pars en tournée à Paris, en Martinique, j’invite Anzala à m’accompagner. Il est convivial, fidèle, est toujours entouré des mêmes musiciens. Parfois, je l’appelle Papa ! »
Jean-Marc Ferdinand : « La même voix à 75 ans ! »
« Depuis qu’on se connait, on ne s’est jamais lâché ! Pendant une période, j’écumais les léwòz en Guadeloupe : quand j’ai vu Yvon Anzala chanter, j’ai été subjugué par sa voix qui est toujours la même à 75 ans. Dès qu’il a un événement qui le concerne, il m’appelle. Anzala a eu l’occasion de me féliciter pour ce que je fais et c’est grâce à quelqu’un comme lui que je me suis construit. »