Anne-Sophie Nanki explore l’histoire des Antilles, de l’aliénation à l’émancipation

Réalisatrice guadeloupéenne déjà très remarquée pour son premier court-métrage, Ici s’achève le monde connu, multi-primé à l’international, Anne-Sophie Nanki a participé l’European Film Market (EFM) de la Berlinale 2023, en Allemagne.

En remontant le cours de l’histoire – encore trop méconnue – des Antilles, particulièrement les débuts de la colonisation, au milieu du XVIIe siècle, la « rencontre » entre les peuples autochtones et les « conquérants », puis les esclaves, Anne-Sophie Nanki a opté pour un angle original qui donne une dimension universelle à sa création.

Sorti en 2022, son premier court-métrage traduit sa vision de cette histoire des origines en se plaçant « du point de vue de ceux qui voient arriver les caravelles », pour reprendre l’expression du réalisateur Raoul Peck avec qui elle a collaboré au cours de sa formation.

Mention spéciale de France Télévisions

Le palmarès très étoffé que s’est construit son premier court-métrage en quelques mois, témoigne de l’effet qu’il a produit à Rhode Island, à Trinidad-et-Tobago, à La Réunion, en Guadeloupe, en Martinique, à Cannes, au Burkina Faso… Plus récemment, en février, Ici s’achève le monde connu a obtenu la mention spéciale du jury au Prix France Télévisions du court-métrage.

Désormais, Anne-Sophie Nanki s’emploie à préparer la suite, le long-métrage Ici commence le nouveau monde. Elle s’est – en partie – écrite, à la 73e édition de la Berlinale 2023, en Allemagne, du 16 au 22 février. Le film d’Anne-Sophie Nanki faisait partie des 57 projets sélectionnés pour l’European Film Market (EFM). L’occasion de belles opportunités avec des co-producteurs, des distributeurs, des programmateurs de festivals…, pour mettre en chantier son premier long-métrage.

La transformation des sociétés Kalinagos

« Je veux pousser les murs de ce nouveau monde où entrent en collision l’Europe, l’Afrique et les Amériques pour raconter le long chemin d’Ibàtali, jeune Kalinago, de l’aliénation à la société coloniale à l’émancipation, annonce Anne-Sophie Nanki. Ici commence le nouveau est l’adaptation de mon court-métrage, Ici s’achève le monde connu. Le long-métrage reprendra les deux personnages, Ibátali, indigène Kalinago épouse d’un colon français et Olaudah, captif africain en fuite, pour raconter le parcours d’Ibátali depuis son aliénation à la société coloniale émergente en Guadeloupe en 1645, voir comment ce monde de la plantation change, comment la société européenne des Antilles se forme, le rôle de l’église…, comment les sociétés Kalinagos sont transformées, les scissions que cette transformation occasionne. La thématique à laquelle je tiens beaucoup, de l’aliénation vers l’émancipation, retentit dans plusieurs mondes et vers plusieurs personnages. Je veux montrer en quoi le commerce triangulaire, grâce aux profits extraordinaires qu’elle a générés, a permis de financer la conquête coloniale, ledit nouveau monde. Je tiens à ce qu’il y ait la plantation d’Olaudah et la plantation d’Ibátali qui créent un monde où sont emprisonnés ces deux personnages. »

Accompagnée par La Région Guadeloupe et la Collectivité territoriale de Guyane

Le futur long-métrage – le premier – d’Anne-Sophie Nanki a d’ores et déjà obtenu une aide à l’écriture de la Région Guadeloupe et de la Collectivité Territoriale de Guyane. « De l’aliénation à l’émancipation d’Ibátali à travers sa fuite, j’ai aussi envie que cette histoire concerne à la fois les Antilles françaises, mais aussi l’arc caribéen et les Amériques : le Nord de l’Amérique du Sud et le sud de l’Amérique du Nord. Un espace où Européens, Africains et natifs Américains sont entrés en collision. »

Lundi 20 février, la Berlinale a consacré une soirée au cinéma français. Anne-Sophie Nanki y a participé à l’invitation de l’ambassadeur de France en Allemagne en présence de la ministre française de la Culture. La jeune réalisatrice guadeloupéenne y a rencontré la Martiniquaise Euzhan Palcy, une pionnière du cinéma.

Pour Anne-Sophie Nanki, cette nouvelle année sera essentiellement consacrée à la recherche de partenaires et de financement du long-métrage, estimé entre 5 et 8 millions d’euros. Le tournage est prévu en 2024 pour une première mondiale en 2025.

Cécilia Larney

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