Affaire Cotellon/Clavier : la suite en février

Convoqué suite à une plainte de Gérard Cotellon, directeur général du CHU de Guadeloupe, pour « menaces de mort », le syndicaliste Gaby Clavier, l’un des leaders de l’UGTG, a quitté le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre sous les applaudissements des militants, ce mardi 7 décembre dans la soirée.

Plus de quatre heures de débats pour aboutir à une suite de l’audience fixée au 1er février 2022… Annoncée à 8 heures, mardi 7 décembre, l’audience n’aura finalement débuté qu’à 14 h 45.

On aurait pu croire à un impossible procès tant les suspensions d’audience ont été nombreuses avant d’entrer enfin dans le vif du sujet. Le premier « incident » est intervenu cinq minutes à peine après le début de l’audience, quand Gaby Clavier a fait savoir au tribunal son intention de s’exprimer en créole. « Vous ne pourrez pas vous exprimer en créole : la langue de la juridiction, c’est le français », a lancé la présidente Sophie Léonardi.

En créole, et sans interprète

Des propos qui ont suscité de vives réactions de la part des huit avocats de la défense. « Le créole est reconnu comme une langue pour permettre une meilleure expression de ce que l’on ressent, a rappelé Me Tacita, ancien bâtonnier. On revient 20 ans en arrière ! La question du créole, comme celle des autres langues, a déjà été tranchée : il y a un interprète. »

Après cette première suspension de séance, Gaby Clavier a été autorisé à s’exprimer en créole, sans interprète, en sachant que ses déclarations ne seront pas prises en compte. En tant que fonctionnaire de catégorie A, les juges ont estimé qu’il était en mesure de s’exprimer en français.

L’obligation vaccinale, un véritable détonateur

Tant dans les propos de Gaby Clavier que dans ceux de Gérard Cotellon, le déclin du CHU de Guadeloupe ressortira comme un dénominateur commun. A l’apparition du Covid, en 2020, les équipes ont fait face, ensemble, comme précédemment à la suite de l’incendie. Mais, la loi sur l’obligation vaccinale et les sanctions afférentes ont fait exploser la poudrière.

Gaby Clavier a longuement insisté sur les dysfonctionnements du CHU, l’absence de traitement pour les malades atteints de la Covid-19, l’implication des soignants qui, même positifs à la Covid, devaient être à leur poste. Les mêmes qui, aujourd’hui, sont suspendus, sans salaire, faute d’avoir pu justifier d’un schéma vaccinal complet contre la Covid-19…

Des mots qui tuent…

Les faits reprochés à Gaby Clavier sont des propos tenus lors d’un meeting de l’UTS-UGTG, contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, le 29 juillet 2021, dans le hall du CHU de Guadeloupe. Ils constitueraient selon le directeur du CHU, Gérard Cotellon, une « menace de mort ». L’extrait de la vidéo traduit en français contient une phrase notamment qui figure désormais dans les tracts du syndicat : « Lè ou ka tchouyé, fo pa-w pè mò » (« Si tu tues, tu ne dois pas avoir peur de mourir »).

« M. Clavier est quelqu’un d’intelligent, d’influent. »

Gérard Cotellon, directeur du CHU de Guadeloupe.
Gérard Cotellon.

« Je sais que M. Clavier ne s’en prendra pas directement à moi, dira-t-il à la barre, mais ses propos sont des signaux qu’il envoie de façon subliminale. »

Gérard Cotellon, qui se décrit comme un « serviteur du service public », n’hésitera pas à comparer cette situation à celle qui a conduit à l’assassinat de Samuel Paty, l’enseignant décapité, après que des messages ont circulé sur les réseaux sociaux. « M. Clavier est quelqu’un d’intelligent et d’influent. C’est un exemple de sa toute-puissance. Je reçois régulièrement des menaces de mort, les photos de mes enfants, mon adresse… sont diffusées sur les réseaux sociaux. On a même annoncé mon avis de décès. »

« M. Cotellon, vous êtes un grand Guadeloupéen. »

Patrick Desjardins, procureur

Le procureur Patrick Desjardins insistera aussi sur la personnalité de Gaby Clavier, et rendra hommage « au courage de Gérard Cotellon. Vous êtes un grand Guadeloupéen. Vous suscitez une admiration immense de ma part. Vous êtes, hélas, un exemple de ce qu’on peut faire aux Guadeloupéens quand ils occupent des postes à responsabilités en Guadeloupe. »

Après cette longue entrée en matière maintes fois interrompue, restera l’audition des 12 témoins cités à la barre, dont Elie Domota, porte-parole du LKP, le réquisitoire du procureur… Mais, pour tout cela, il faudra attendre la reprise des débats, le 1er février 2022…

Cécilia Larney

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