Dans une interview sur l’affaire du chlordécone, qui a fait le tour des réseaux sociaux, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, affirme que les faits présumés sont prescrits depuis le dépôt de la première plainte des associations citoyennes et environnementalistes en 2006. Nous avons recueilli la réaction de Me Harry Durimel, suite à la diffusion de son communiqué dont de larges extraits avaient été publiés sur karibinfo.com.
Quelle est votre réaction suite aux propos tenus par le procureur de Paris ?
« Cette position du procureur de Paris est apparue comme une opération téléguidée. Parce que depuis que nous avons déposé plainte en 2006, nous n’avons entendu le procureur que pour nous contre-carrer, que pour soulever d’abord l’irrecevabilité de notre plainte. Lorsque l’on a gagné devant la Cour de cassation qui a dit que oui, nous avions qualité pour déposer cette plainte, il a trouvé que la plainte était nulle, qu’il y avait un acte accompli par un juge qui n’avait pas qualité. Donc la guérilla du procureur contre cette plainte, elle est aussi vieille que la plainte. S’il savait, comme il a dit dans cet article, que la prescription était acquise dès 2006, il l’aurait dit. Donc c’est un nouveau subterfuge, une nouvelle astuce qu’il croit avoir trouvé pour nous contre-carrer encore, mais de même que l’on a vaincu sur l’irrecevabilité, de même que l’on a gagné sur la nullité, on gagnera aussi sur la prescription !»
Et quand, interpellé à l’Assemblé Nationale, Eric Dupond-Moretti, ministre de la justice affirme : « je ne peux intervenir dans une affaire en cours, je n’en ai ni le désir ni la possibilité », que répondez-vous ?
« Le ministre de la justice, Éric Dupont Moretti, mon ancien confrère, je pense qu’il est dans une sorte de carcan qui lui enlève la liberté de sa parole. L’homme que je connaissais, l’insolence que je lui connaissais n’est plus de mise en tant que ministre. Donc, je lui pardonne de ne pas avoir son libre propos dans la réponse qu’il a faite à ce député qui l’interpellait et je pense que lui-même ne doit pas être très à l’aise dans ce qu’il a entendu de lui-même. »
Elodie Soupama