Les adultes européens consomment en moyenne 9,2 litres d’alcool pur par an, ce qui fait d’eux les plus gros buveurs au monde, a indiqué l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, exhortant les pays à mettre en œuvre des politiques « efficaces » pour réduire la consommation d’alcool.
Selon la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la baisse de la consommation d’alcool en Europe n’a guère progressé, voire pas du tout. D’après les dernières données disponibles de 2019, la Région européenne de l’OMS, qui couvre 53 États membres d’Europe et d’Asie centrale, a la triste distinction de consommer la plus grande quantité d’alcool par habitant au monde.
Elle continue ainsi de détenir le record peu enviable des niveaux les plus élevés de consommation d’alcool et des méfaits qui y sont associés dans le monde, ainsi que du nombre le plus faible d’abstinents.
« Lorsque nous examinons le dernier rapport mondial sur l’alcool, la santé et le traitement des troubles liés à la consommation de substances psychoactives, l’une des Régions de l’OMS se distingue », a déclaré le docteur Gauden Galea, Conseiller spécial du directeur régional de l’OMS pour l’Europe sur les maladies non transmissibles et l’innovation.
Baisses « substantielles » de la consommation d’alcool en Russie, Turquie et Ukraine
Selon les dernières données comparables à l’échelle mondiale, les hommes de la Région européenne ont consommé près de 4 fois plus d’alcool (14,9 litres) que les femmes (4,0 litres) par an.
En 2019, elle comptait plus de 470 millions de buveurs actuels (personnes ayant consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois), soit une moyenne de 2 adultes sur 3 consommant de l’alcool. L’OMS estime qu’un adulte sur 10 (11 %) souffre d’un trouble lié à la consommation d’alcool, et près d’un sur 20 vit avec une dépendance à l’alcool (5,9 %).
D’une manière générale, la consommation totale d’alcool par habitant a diminué de 2,5 litres (21 %) entre 2000 et 2019 dans la Région européenne de l’OMS, qui couvre une vaste zone géographique de 53 pays, dont la Russie et d’anciens États soviétiques comme la Moldavie.
Mais les gens continuent de boire, surtout en Europe occidentale. Sur les 10 pays qui boivent le plus au monde (et en tenant compte de la consommation touristique), neuf sont situés dans l’Union européenne (UE).
Bien que la région dans son ensemble semble être en bonne voie pour atteindre l’objectif fixé par l’ONU en 2030, cela est principalement dû à des « réductions substantielles » de la consommation d’alcool dans quelques-uns des pays les plus peuplés. Il s’agit notamment de la Fédération de Russie, la Turquie et l’Ukraine, qui ont pris des mesures « décisives » pour augmenter les droits d’accise sur l’alcool et limiter la disponibilité de l’alcool.
Environ 2 200 personnes meurent quotidiennement de causes liées à l’alcool
Dans les pays de l’UE, en revanche, les niveaux de consommation d’alcool n’ont pas évolué de manière significative depuis plus d’une décennie.
Malgré ces statistiques alarmantes, seuls 12 des 53 pays de la Région ont réalisé des progrès significatifs vers une réduction de 10 % de la consommation d’alcool depuis 2010, conformément aux objectifs convenus du cadre mondial de surveillance des MNT et du cadre européen d’action sur l’alcool 2022-2025.
En Europe, l’alcool est l’une des principales causes de décès, avec près de 800.000 morts par an. Chaque jour, environ 2.200 personnes meurent de causes liées à l’alcool dans la région. Les décès dus à l’alcool représentent près de 9 % de l’ensemble des décès survenant dans la région, soit la plus forte contribution de l’alcool à la mortalité toutes causes confondues au niveau mondial.
Les maladies non transmissibles (MNT), telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques, sont à l’origine de 90 % des décès dans la Région européenne de l’OMS et de 85 % des années vécues avec un handicap. La majorité des décès dus à l’alcool dans la région sont des MNT (plus de 600.000 décès par an), dont environ la moitié sont des maladies cardiovasculaires (maladies du cœur) – la principale cause de décès dus à l’alcool.
L’échéance de 2025 fixée pour la réunion de haut niveau de l’ONU
Le rapport fait également état d’une incidence particulièrement élevée des cancers liés à l’alcool. Les pays européens ont l’une des incidences les plus élevées de cancers liés à l’alcool dans le monde, en raison d’une forte consommation d’alcool et du vieillissement de la population.
L’OMS exhorte donc tous les pays à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs de l’ONU pour 2025 et limiter les influences commerciales qui poussent à une forte consommation d’alcool. En mettant en œuvre les « meilleurs achats » et d’autres stratégies efficaces au niveau de la population, les pays peuvent réduire de manière significative la charge des maladies, des décès, des incapacités et des blessures liés à l’alcool.
« À l’approche de l’échéance de 2025 fixée pour la réunion de haut niveau des Nations unies, nous devons accélérer nos efforts et nous engager à apporter les changements nécessaires pour protéger la santé et le bien-être de nos populations », a insisté le Dr Gauden Galea.