Haïti. Ariel Henry appelle au dialogue, tacle ceux qui choisissent un président ou un PM en petit comité

Le chef du gouvernement, Ariel Henry, s’est adressé à la nation ce 7 février. Accompagné du cabinet ministériel, du secrétaire général du Palais national, le Premier ministre a réitéré son appel au dialogue et insisté sur la nécessité d’organiser des élections afin de restaurer les institutions. « Le 7 février (1986), le peuple avait dit non à la dictature. Quelques mois après, nous avons opté pour la démocratie. Malheureusement, 36 ans plus tard, nous n’avons pu établir correctement le système démocratique. Ce 7 février 2022, un nouveau président issu des urnes devait prêter serment devant l’Assemblée nationale. Il aurait dû être installé au Palais national. Les circonstances ont décidé autrement », a déploré le Premier ministre.

Ariel Henry a invité les démocrates à œuvrer à la réalisation des élections. « Il est important que les fils et filles du pays comprennent la gravité de la situation et la nécessité d’agir différemment. Ce qui est essentiel aujourd’hui, ce n’est pas une lutte pour un pouvoir intérimaire. La vraie bataille est celle qui permettra la restauration rapide des institutions par la voie démocratique. Après 36 ans, le peuple haïtien a rejeté la dictature et adopté la démocratie. Il est donc urgent et important qu’on lui donne la possibilité de choisir ses dirigeants. Ce 7 février, tous les démocrates devraient avoir un seul souci : comment agir pour que cette fois, on organise de bonnes élections, sans fraude, sans violence et sans le support des gangs. Tous les démocrates devraient travailler conjointement afin que cette fois les résultats des élections ne soient pas contestables et n’aggravent pas la crise. Aujourd’hui, il appartient au peuple de choisir ceux qui vont diriger le pays », a fait savoir Ariel Henry.

Le chef du gouvernement a toutefois reconnu que des conditions doivent être réunies avant d’organiser les élections et une consultation populaire pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Comme condition, il a évoqué la question sécuritaire et l’évaluation de la base de données de la carte d’identification produite par la firme Dermalog. « La question de la sécurité doit être résolue. Il faut mettre hors d’état de nuire les terroristes qui tirent sur les innocents, qui kidnappent les paisibles citoyens. On ne peut pas demander aux gens d’aller aux élections si on ne leur donne pas la garantie qu’ils peuvent circuler librement dans le pays, qu’ils peuvent mener campagne où ils le souhaitent, sans crainte pour leur vie. On ne peut pas demander à la population d’aller voter alors que personne ne fait confiance à la carte Dermalog. En ce sens, nous avons lancé un appel d’offres afin de recruter une firme internationale qui pourra réaliser un audit sur le système. L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) nous a également offert son aide en ce sens », a assuré le PM. 

Dans la foulée, le Premier ministre a indiqué qu’il entend avancer avec ceux qui le souhaitent. « On ne peut pas perdre plus de temps. Nous allons avancer avec ceux qui veulent afin de résoudre le problème de l’insécurité, monter un Conseil électoral crédible, organiser une consultation populaire pour valider la nouvelle constitution et organiser des élections crédibles afin de remettre le pouvoir au plus vite aux dirigeants choisis librement par le peuple. Nous allons publier le calendrier qui nous permettra de mettre en place les institutions démocratiques », a-t-il promis. 

Par ailleurs, le Premier ministre n’a pas raté l’occasion de dire ce qu’il pense des initiatives qui ont débouché sur l’élection de président ou de Premier ministre pour diriger un éventuel gouvernement de transition. « Que cela soit clair pour tout le monde. Personne n’a ni l’autorité ni le droit de se réunir dans une chambre d’hôtel ou à l’étranger pour voter, en petit comité, un président ou un Premier ministre. Tout cela c’est de la distraction, de la gaminerie. La situation du pays est trop grave pour se permettre ces pertes de temps, pour effectuer des chaises musicales au plus haut niveau de l’Etat », a asséné Ariel Henry. 

Avant ce tacle en règle, Ariel Henry s’est félicité d’avoir obtenu l’accord du 11 septembre. Il a une nouvelle fois invité les acteurs au dialogue. « Notre société est trop divisée. J’avais promis de rencontrer tous les secteurs. C’est ce que j’ai fait. C’est ce qui nous a permis d’aboutir à l’accord du 11 septembre 2021, qui rassemble beaucoup de grands partis qui jadis étaient rivaux, des organisations de la société civile et des organisations populaires. C’est une bonne chose quand les Haïtiens se mettent ensemble. C’est fort de cela que j’ai rencontré les compatriotes de (l’accord de) Montana. Je continue de leur tendre la main. Il y a trois jours, j’ai rencontré les compatriotes de (l’accord de) Louisiane », a fait remarquer Ariel Henry. 

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/234111/ariel-henry-appelle-au-dialogue-tacle-ceux-qui-choisissent-un-president-ou-un-pm-en-petit-comite

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