4 février 1794 : la leçon d’histoire de René Bélénus

L’historien René Bélénus anime une conférence en ligne autour de la commémoration de la première « abolition » de l’esclavage en Guadeloupe, le 4 février 1794.

Proposée les éditions Nèg Mawon, l’association Une voix, une histoire, et la ville du Gosier, la conférence de René Bélénus, docteur en histoire, revient sur un moment particulier dans l’histoire de la Guadeloupe. Le 4 février 1794 marque, selon René Bélénus, la « vraie-fausse abolition de l’esclavage » en Guadeloupe.

En 1794, l’esclavage avait déjà été aboli dans les faits à la Saint-Domingue partie française (Haïti aujourd’hui). « Le commissaire présent sur place avait écrit au gouvernement de la convention à Paris pour légaliser l’abolition de l’esclavage, explique René Bélénus. Sauf qu’il ne pouvait pas abolir l’esclavage à Saint-Domingue partie française, sans le faire dans les autres colonies, à savoir la Guadeloupe, la Guyane et l’Ile Bourbon (l’actuelle Ile de La Réunion). La Martinique étant anglaise, de 1794 à 1802. »

L’esclavage est aboli, puis rétabli

La Guadeloupe et la Guyane ont la particularité d’être les deux colonies où l’esclavage a été aboli, puis rétabli. « En Guadeloupe, Victor Hugues est le commissaire chargé de porter le décret d’abolition. Quand il arrive sur place, la Guadeloupe est sous domination anglaise. Victor Hugues combat les Anglais pendant plusieurs mois jusqu’à les chasser de la Guadeloupe. Quand il y parvient, on est quasiment au mois de juin ! Il proclame le décret d’abolition. Puis, le lendemain, il prend un arrêté instaurant le travail forcé. »

Officiellement, les esclaves sont libérés, mais dans les faits…, ils restent attachés aux habitations où ils étaient esclaves : ils n’ont pas le droit de se déplacer.

Sous le règne sanguinaire de Victor Hugues

De 1794 à 1797, en Guadeloupe, Victor Hugues est tout-puissant : il passe de commune en commune avec sa guillotine pour couper des têtes. C’est dans ce cadre que le Massacre du morne Savon (à l’actuelle zone de Jarry, Baie-Mahault) se déroule.

« Victor Hugues exige que les Anglais lui livrent les Français qui les avaient aidés. Ils sont entre 200 et 400 à avoir été conduits au morne Savon pour être tués à coups de canon », raconte René Bélénus.

La Guadeloupe est sous une dictature sanglante, hyper-sévère : Victor Hugues en profite pour s’enrichir. Les propriétaires d’habitations ont fui la Guadeloupe. Les autres auront la tête coupée. « Victor Hugues viole toutes les lois de la République, commente René Bélénus. Mais, il reste en poste parce que le gouvernement compte sur lui pour récupérer la Martinique et Les Saintes, voire la Dominique et Sainte-Lucie sous domination anglaise. »

Les exactions se multiplient

Victor Hugues multiplie les exactions dans la Caraïbe. « Au final, le gouvernement français le piège en envoyant son remplaçant Dufourneau en Guadeloupe. Il invite Victor Hugues à monter à bord du bateau. Alors que Dufourneau reste en Guadeloupe, le bateau met le cap sur Marseille avec Victor Hugues. Mais, à peine arrivé en France, il se fait nommer en Guyane. »

Une autre histoire passionnante racontée par René Bélénus. Son intervention sera suivie d’un échange avec Julien Benoit, directeur des Archives départementales, Ary Broussillon et Franck Garain, sociologues.

Cécilia Larney

Conférence à suivre en ligne, vendredi 4 février, à partir de 19 heures. Identifiants de connexion Zoom : 840 93 27 86 28 Code : 613 925.

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