La misère gagne du terrain en Haïti. Le pays compte 4,9 millions de personnes en insécurité alimentaire sur fond d’une inflation ayant atteint 48.3% en mars 2023 en glissement annuel.
Le programme social du gouvernement Henry marche à pas de tortue, à cause, selon des sources gouvernementales, du souci de bien dépenser pour qu’après coup on ne vienne pas demander où est passé l’argent du FMI.
Mais, le gouvernement Henry s’affaire à ce que le programme social du gouvernement trouve sa vitesse de croisière après la décision de mobiliser 25 % de l’enveloppe de 21 milliards de gourdes. Il y a eu des réunions avec la Commission nationale de marchés publics (CNMP) et la Cour des comptes en ce sens, a appris Le Nouvelliste.
« La réunion avec la Cour des comptes vient de se terminer. L’objectif est de solliciter le bénéfice de l’urgence, via la mobilisation, si nécessaire, de cadres additionnels pour écourter le temps de traitement des dossiers, tout en respectant les critères exigés dans la passation de marchés publics », a confié le ministre du Commerce et de l’Industrie Ricardin Saint-Jean, vendredi 16 juin 2023.
Il y a un montant de 1,6 milliard de gourdes dans le programme pour subventionner le transport en commun, la « carte pétrolière ». Le contrat, signé avec Bandari, validé par le CNMP, est arrivé à la Cour des comptes depuis huit jours, a indiqué M. Saint-Jean, évoquant au passage la sélection de 300 petites et moyennes entreprises sur 2 700 candidatures pour l’obtention d’une subvention dans le cadre d’un programme financé à hauteur de 100 millions de gourdes.
Le responsable de l’Association des propriétaires et chauffeurs haïtiens (APCH), Méhu Changeux, interrogé par Le Nouvelliste, a indiqué être au courant du contrat signé entre l’Etat haïtien et la Bandari. Les syndicats vont faire une collecte d’informations sur les véhicules du transport public, transport de passagers et transport de marchandises dans le pays.
Les données collectées seront acheminées à l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI). Ces informations seront ensuite communiquées à Bandari pour l’émission de la carte pétrolière. Le montant de carburant journalier de chaque véhicule sera multiplié par 30 jours, a expliqué Méhu Changeux, soulignant que les transporteurs syndiqués ou non syndiqués peuvent participer à ce programme.
Le MCI doit donner les moyens aux syndicats pour collecter ces informations dans les dix départements du pays, a avancé Méhu Changeux.
Le gouvernement doit avancer rapidement avec ce dossier qui traîne depuis plus de huit mois, a poursuivi M. Changeux. Il faut avancer rapidement pour pouvoir bénéficier de cette subvention avant la fin de l’année fiscale en octobre prochain, a ajouté Méhu Changeux.
« Oui, des conseillers de la Cour des comptes ont participé à cette réunion », a confié une source à la CSCCA.
Interrogée sur la demande de bénéfice de l’urgence, cette source est d’avis que cela va dépendre de la « technicité » de chaque dossier. « Pour le traitement, cela dépend vraiment de la technicité du dossier. S’il est complet, cela représente cinq jours francs au minimum », a confié cette source, qui a confirmé la réception du contrat entre le ministère des Affaires sociales avec deux compagnies de téléphonie mobile pour l’envoi de cash.
Il y a deux semaines, une source gouvernementale avait indiqué que ce contrat a été acheminé à la Cour. Il est prévu de verser en cinq phases cinq mille gourdes aux bénéficiaires à l’échelle du pays via leurs téléphones portables, avait détaillé cette source.
Le programme social du gouvernement est financé à hauteur de 21 milliards de gourdes. En janvier dernier, le FMI a donné son apport de 100 millions de dollars, dans le cadre du « Food shock window program ». À quatre mois de la fin de l’exercice 2022-2023, le programme social du gouvernement marche à pas de tortue sur fond d’aggravation de l’insécurité alimentaire dans le pays. 4,9 millions d’Haïtiens sont en insécurité alimentaire, dont près d’un million en phase d’urgence alimentaire.
« Manger est un besoin vital primaire pour tout individu. Notre pays a le potentiel et la capacité de nourrir sa population. Et pourtant la faim tenaille des Haïtiennes et des Haïtiens par centaines de milliers et par millions. Chaque fois que j’entends les statistiques sur l’insécurité alimentaire, ces chiffres donnent à réfléchir et doivent nous faire prendre conscience de notre devoir de définir des politiques publiques cohérentes pour adresser ce problème. Quand près de la moitié de notre population n’arrive pas à manger à sa fin, quand nous avons autant de compatriotes qui subissent une telle situation de façon chronique, cela ne peut laisser personne indifférent. J’ai tenu à venir participer à la clôture de vos travaux, parce que nourrir nos compatriotes, leur donner accès à une alimentation de qualité, en quantité suffisante et à des prix abordables pour les plus vulnérables, reste et demeure une obligation », avait indiqué le Premier ministre Ariel Henry à la clôture de l’événement « Agenda de l’atelier du bilan et de révision de la mise en œuvre de la Feuille de route pour la transformation des systèmes alimentaires en Haïti ».
Source : Le Nouvelliste