Nourrie à la musique, dans toute sa diversité, au sein du cercle familial, Axelle Saint-Cirel, originaire de la Guadeloupe, a choisi le chant lyrique pour s’exprimer.
Etudiante en première année de master au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Axelle Saint-Cirel, lauréate de la 5e édition du concours Voix des Outre-mer sait, depuis fort longtemps, que la voie qu’elle a choisie exige de la rigueur, de l’application, de la persévérance, entre autres. Sans parler des vacances qui ne sont souvent qu’un vain mot. Des exigences auxquelles elle satisfait depuis son plus jeune âge… pour le bonheur de l’auditoire, mais aussi le sien !
« Il faut vraiment aimer ce qu’on fait, confie Axelle Saint-Cirel à L’Hebdo Antilles-Guyane. Adolescente, quand mes amis allaient au cinéma, le samedi, moi j’avais des cours de solfège, des concerts avec mes parents qui m’emmènent ici ou là en gérant les emplois du temps… Mais, c’est un métier tellement varié ! On aborde les langues, l’italien, l’allemand, j’ai même suivi des options de russe. Il m’est arrivé de chanter en hongrois, en tchèque… C’est très stimulant. En plus, en tant que mezzo, j’ai des rôles dit pantalons, des rôles d’hommes chantés par des femmes ! »
Une voix qui a de l’endurance
En matière de persévérance, Axelle Saint-Cirel a su prouver qu’elle avait… du souffle. Prix d’encouragement au concours Voix des Outre-mer 2021, remporté cette année-là par Edwin Fardini, baryton, Axelle Saint-Cirel s’est à nouveau présentée face au jury avec succès. Lauréate de l’édition 2023, elle sait que cet exercice préfigure ce qui l’attend dans ce secteur d’activité.
« C’est un métier où on apprend tous les jours, reconnaît Axelle. En 2021, je n’ai pas vécu cette expérience comme un échec : au contraire, j’étais ravie d’avoir ce prix d’encouragement. J’ai laissé passer un an pour travailler correctement mon rôle et tenir compte des commentaires des membres du jury. C’était un long travail jusqu’à la finale : j’ai bien travaillé sur l’œuvre que j’ai présentée. J’ai fait en sorte de pouvoir l’interpréter correctement en tenant compte des effets du stress sur le corps, sur la voix. Je voulais pouvoir maîtriser mes mouvements techniques pour refaire le morceau en concert, en Outre-mer, après plusieurs heures de vol… dans différentes conditions. »
Avoir le bon état d’esprit pour progresser
Une implication qui n’a pas échappé à l’oreille du jury. Aujourd’hui, à côté de son Prix d’encouragement, trône son diplôme de lauréate. Une vraie fierté et une source de motivation pour Axelle qui cumule aujourd’hui ses cours au Conservatoire et des prestations, à La Réunion, à Avignon, en Martinique, pour Radio France, à Montpellier, au Théâtre du Châtelet… Autant d’expériences complémentaires que la mezzo-soprano accueille avec gourmandise.
« Dans ce métier, on n’a jamais fini d’apprendre, affirme Axelle. Si à la première occasion, on est prêt à s’arrêter, c’est qu’on n’a pas choisi le bon métier, et on n’a pas le bon état d’esprit. Participer au concours avec des candidats qui ne sont pas professionnels dans le métier m’a permis de prendre du recul sur l’importance du stress qu’on peut s’ajouter, en plus de la performance à réaliser. Mais, il faut se dire qu’on fait ce métier pour donner du plaisir au public. Il ne faut pas qu’on se flagelle avec toutes les remarques qu’on entend, surtout quand on est perfectionniste et qu’on veut tenir compte de l’avis des professionnels du métier. »
Au moment où l’association Voix des Outre-mer de Fabrice Di Falco lance son nouvel appel à candidatures pour la 6e édition du concours, Axelle est de bon conseil. « La voix est un instrument qui se travaille. Le premier essai ne sera pas parfait, mais il faut se faire confiance et ne pas hésiter à y aller. Même si on ne remporte pas le concours, on apprend énormément. Et, ce n’est pas donné à tout le monde de bénéficier de master class et de chanter face à un jury prestigieux ! »
Cécilia Larney