Les 24 premières heures du Défi Atlantique 2023 confirment d’emblée les scénari de course envisagés à Pointe à Pitre : la confrontation Franco-Italienne a bien lieu, deux Class40 Azzurri damant le pion à deux tricolores en avant de la course, sous les regards envieux du voilier Britannique de l’épreuve.
C’est tambour battant et sans la moindre retenue à l’entame des 2 300 milles de l’étape vers Horta que les 13 équipages ont abordé le parcours spectacle mouillé entre Basse-Terre et Marie-Galante. Passée la pointe des Châteaux, ils ont entamé avec une belle ardeur le long bord de près contraint pour tous, cap au Nord Nord-Est et travers à un alizé qui pour l’heure souffle généreusement par la droite. Chaque équipage semble à l’attaque, sur une mer d’alizé propice à secouer fortement hommes et matériels. Point de coups tactiques à jouer ces prochaines 48 heures et c’est bien le gain maximum dans le Nord qui est recherché, en jouant avec les subtiles oscillations du vent et sur l’excellence aux réglages dans cette belle empoignade de vitesse offerte par les monocoques de 12,18 m.
Avantage Italie
Ian Lipinski et ses équipiers haut de gamme Antoine Carpentier et Rémi Fermin ont parfaitement tenu leur rang en baie de Pointe-à-Pitre durant les 12 premières heures de course. Leur plan David Raison Crédit Mutuel (N°159) n’a laissé à personne le soin de franchir en tête les marques de passage de Basse-Terre, Marie-Galante, débordant devant la flotte la Pointe des Châteaux à l’extrémité orientale de l’île. C’est à la nuit tombée qu’ils ont, en vitesse pure, vu tour à tour les deux bolides italiens les dépasser. Alberto Bona tout d’abord, très à l’aise sur son plan Sam Manuard IBSA Group de 2022 (N°186) , venait glisser sous le vent des Français, suivi comme son ombre par son compatriote Ambrogio Beccaria sur son Class40 100% Azzuri, Alla Grande Pirelli (181). Les deux scows s’emparaient du commandement en vitesse pure, démontrant d’emblée que leurs équipages n’avaient aucun souci pour trouver leurs marques. Rappelons qu’Ambrogio navigue avec l’architecte de son bateau, Gianluca Guelfi et son préparateur Alberto Riva, tandis qu’Alberto Bona embarque pour la première fois le tonitruant duo de spécialistes de la Class40, Pietro Lucciani et l’Espagnol Pablo Santurde. Crédit Mutuel a ainsi « pris la roue » des deux transalpins et attend visiblement son heure, quand l’alizé s’affaissera en bordure de l’anticyclone. Un autre français aimerait demeurer au contact, Erwan Le Draoulec, auteur d’un fulgurant départ hier et qui semble avoir déjà tout compris à son Everial, Pogo S4 signé Verdier de 2022 (N°177). Les Britanniques Brian Thompson et Alister Richardson (Tquila – N° 159) sont avec Marc Lepesqueux et Renaud Dehareng (Curium Life Forward – N°187) les seuls à naviguer en double. A moins de 15 milles du leader, ils maintiennent eux aussi leur Mach 40.4 Tquila (N°159) en excellente posture.
Une flotte appelée à se scinder
Travers à l’alizé, progressant au près débridé, bien penchés et copieusement secoués, les voiliers de la Class40 affichent leurs atouts pour les plus récents et leurs carences pour les plus anciens. Inexorablement, sur un unique bord tribord amure programmé pour durer au moins encore 48 heures, c’est bien la vitesse intrinsèque des bateaux qui crée les écarts entre nouvelle et ancienne génération. Si Alex Tréhin (Project Rescue Ocean – N° 162) parvient en compagnie de Marc Lepesqueux à limiter les écarts, les distances parcourues sur un même bord et à conditions égales par les voiliers d’ancienne génération attestent de la suprématie des nouveaux designs, en capacité de couvrir près d’une quinzaine de milles de plus toutes les quatre heures. A ce rythme, et sans présager de l’ampleur du ralentissement que provoquera infailliblement la traversée de la dorsale en développement dans leur Nord, la scission entre les 6 plateaux de tête et le reste de la flotte va continuer d’enfler. Par le travers de Barbuda, c’est Franz Bouvet sur son vénérable Yoda, un Akilaria lancé en 2008 (N°65) qui ferme ce soir la marche d’une flotte privée depuis le tout début de course de l’infortunée Jules Bonnier (Nestenn – Entrepreneurs pour la planète) revenu au port et qui cherche à solutionner son important problème de barres de flèche. Jules essaye de trouver une solution afin de reprendre la mer le plus vite possible pour rallier les Açores et participer pleinement à la 2e étape.
Les mots du large
Alberto Bona – IBSA (186)
« Tout va bien. On a fait une belle nuit sportive avec des grains, 25 noeuds et des rafales à 35. On avance comme prévu. On est content et en bonne forme. On est à l’attaque sous le soleil ! »
Ian Lipinski – Crédit Mutuel (158)
« Cette première nuit s’est bien passée à bord de Crédit Mutuel. Jusqu’ici, pas de DCP dans la quille. Les algues nous ont laissé relativement tranquilles : il faut aller en enlever dans les safrans tous les quarts d’heure environ, parfois moins. Et on devrait maintenant sortir de la zone compliquée de ce côté-là. Le vent a été soutenu toute la nuit, disons 22kts en moyenne, des pointes à 28kts. On a fait un compromis assez rapide vers le 10° sur le fond. Ce n’est pas facile de tenir les vitesses de Ibsa et Pirelli, mais on s’accroche. Le vent va mollir ce matin en se rapprochant de la dorsale… »
Erwan le Draoulec – Everial (177)
« Nuit très humide. Un bord de raton laveur guadeloupéen… Le bateau a fait des bons toute la nuit, on est trempés mais l’eau est chaude. 2 gros grains a 38nds. On continue la route au nord. Les quarts à 4 fonctionnent bien ! »
Brian Thompson – Tquila (159)
« Tout va bien à bord. La première journée de régate entre Guadeloupe et Marie Galante a été superbe. Belle nuit sous la lune, avant l’arrivée de quelques nuages qui ont un peu perturbé l’alizé. Petit déjeuner composé de porridge. »
Raphaël Auffret – Dopamine Sailing Team (104)
« C’est parti pour quelques jours à naviguer penché. Quel côtier, au passage! Des paysages magnifiques, des poissons volants, et des baleines qui bondissent hors de l’eau à quelques centaines de mètres du bateau. Tout va bien à bord! »
Jean Baptiste Daramy – Chocolat Pariès – Screb (123)
« Tout va bien à bord du 123… Au près océanique dans 20-22 noeuds de vent et grains à 30 noeuds…Cap au 10°. C’était une belle entrée en matière avec ce joli parcours entre les Saintes et Marie Galante. Juste derrière les scows durant ce parcours, c’était bien sympa. A présent, depuis la Désirade, ils allongent la foulée… »
Marc Lepesqueux – Curium Life Forward (187)
« 24 heures de course à bord de Curium. Le soleil s’est levé pour nous. On est au près bon plein à 70° du vent. Ca tape. On a Axel 2 ou 3 milles derrière. On l’a passé cette nuit. On n’a pas fait un départ canon. Petit manque à virer, puis des algues. On s’est mis en jambes tranquillement. L’aérien a disparu de l’électronique. Il doit être déconnecté. On a failli s’arrêter à Marie galante pour réparer mais en fait, c’est le boitier de pied de mât qui était débranché. Tout va de nouveau bien! »
Dimanche 2 avril 2023 – Classement à 16h00 (heures françaises)
Lien classement & cartographie : www.defi-atlantique.com – Mise à jour toutes les deux heures.
1. Ibsa Group – Alberto Bona à 1 998.8 nm de Horta
2. Allagrande Pirelli – Ambrogio Beccaria à 2 001.6 nm + 2.8 nm
3. Crédit Mutuel – Ian Lipinski à 2 004.1 nm + 5.4 nm
4. Curium Life Forward – Marc Lepesqueux à 2 014.3 nm + 15.5 nm
5. Project Rescue Ocean – Axel Trehin à 2 017.0 nm + 18.2 nm
6. Everial – Erwan Le Draoulec à 2 017.9 nm + 19.1 nm
7. TQuila – Alister Richardson à 2 018.5 nm + 19.7 nm
8. Chocolat Paries – Screb – Jean-Baptiste Daramy à 2 033.2 nm + 34.4 nm
9. Dopamine Sailing Team – Raphaël Auffret à 2 059.4 nm + 60.6 nm
10. Vicitan – Olivier Delrieu à 2 060.1 nm + 61.3 nm
11. Prendre la mer, Agir pour la forêt – Mathieu Claveau à 2 069.8 nm + 71.0 nm
12. Yoda – Franz Bouvet à 2 081.1 nm + 82.3 nm
13. Nestenn – Entrepreneurs Pour La Planète – Jules Bonnier à 2 211.1 nm + 212.3 nm