C’est demain samedi à 17 heures françaises (11 heures locales), que sera donné le départ de la seconde édition du Défi Atlantique, la course « retour » des Class40 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe.
Treize voiliers, maniés au choix par des équipages de deux, trois ou quatre marins, patientent, fins prêts, dans la darse de Pointe-à-Pitre. 2 300 milles d’Atlantique Nord les séparent de l’arrivée de la première étape, Horta dans l’archipel des Açores, d’où ils repartiront le 17 avril prochain pour rallier La Rochelle, quelques 1 300 milles plus tard. Le vainqueur sera désigné au temps cumulé sur l’ensemble des deux étapes.
Une traversée d’Ouest en Est que peu de marins, y compris parmi les plus aguerris, connaissent. Tous se réjouissent d’affronter des conditions très variées, qui devraient, à un moment ou à un autre du parcours, permettre à chacun de tirer son épingle du jeu, entre le reaching dans l’alizé, la bordure occidentale de l’anticyclone des Açores, et les forts vents d’Ouest attendus loin dans le Nord pour les propulser vers l’archipel portugais. Une course forte en contrastes s’annonce, à l’issue particulièrement incertaine.
Un départ avec un parcours côtier
pour valoriser la richesse des iles de Guadeloupe !
Denis Hugues et sa direction de course proposeront dès demain, samedi, aux 13 équipages un parcours au plus près des rivages enchanteurs de la Guadeloupe. Une première marque de parcours, après le franchissement de la ligne de départ mouillée devant Le Gosier, sera à laisser à bâbord devant Grande-Pointe, quelques 17 milles nautiques plus tard sous Basse-Terre. Les concurrents mettront aussitôt le cap sur Marie-Galante pour une ultime marque de passage à enrouler avant la grande traversée vers les Açores.
Route classique des retours de croisières vers la vieille Europe, le parcours vers les Açores suppose dès le départ de Guadeloupe d’observer une route au Nord – Nord Est. L’alizé sera durant les tous premiers jours encore tonique, 20 noeuds, avant de rapidement s’affaisser au fur et à mesure que les degrés en latitude Nord s’égraineront, et qu’une dorsale anticyclonique alanguie vers la Floride viendra ralentir les premiers concurrents. Des épisodes de petits airs, à négocier au près, seront à gérer, moments de grandes tensions à bord des voiliers en recherche de dépressions venues des côtes d’Amérique du Nord. Les vents d’Ouest annonceront le début d’une navigation plus musclée, et favoriseront les premiers bateaux à en bénéficier, sur une mer potentiellement grosse, au point d’inciter la Direction de course, assistée du météorologue Christian Dumard, à inscrire dans les instructions de course un waypoint par 39° de latitude Nord à ne pas franchir. Les nombreuses dépressions qui agitent en effet en cette fin d’hiver l’Atlantique Nord, lèvent des trains de fortes houles que chacun souhaite éviter. Les concurrents devront ensuite plonger plein Est vers les Açores et s’accommoder de l’angle au vent du moment. Les derniers routages envisagent une arrivée sur Horta d’ici une dizaine de jours.
Rencontre avec quatre marins
au départ de la 2e édition du Défi Atlantique
Alberto Bona – Ibsa Group
N° 186 – 8e route du Rhum – Destination Guadeloupe
« Tout va bien pour nous. On a beaucoup échangé entre mes équipiers, Pietro Luciani et Pablo Santurde sur la façon de fonctionner en course. On a hâte de profiter de ce retour vers l’Europe. Pablo connait parfaitement les Class40. Il va rester avec nous pour les prochaines courses. On va beaucoup apprendre ensemble. Pietro connait bien Pablo et je suis très serein sur l’équipage. Nous continuons d’apprendre le bateau, car il a été mis à l’eau 3 mois avant la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Je n’avais jamais navigué sur un scow auparavant. La Caribean 600 nous a permis d’apprendre beaucoup. Les Class40 sont durs à mener. Les vitesses sont phénoménales, et on paie le prix en confort. Le Défi Atlantique est une superbe idée. Je pense que cette épreuve va se développer, car elle permet de débuter tôt la saison. Ce parcours Ouest Est sera une première pour moi. J’ai découvert les Açores avec la Mini. C’est magnifique de pouvoir y faire escale. La concurrence est sévère, avec de bons bateaux et de super équipages. Cela s’annonce difficile. Les italiens sont très présents en Mini, et logiquement on les voit arriver en Class40. Ce serait bien de développer de grandes courses en Méditerranée. L’éco système qui s’est développé en France autour de la course au large nous fait rêver. Notre partenaire IBSA développe en parallèle du projet sportif des programmes inclusifs, faire naviguer des personnes handicapées par exemple. A nous de donner de la visibilité à ces projets à travers nos courses. »
Allister Richardson – Tquila
N°159
« L’idée de naviguer en double s’est imposée à nous après les défections de deux équipiers, dont notre partenaire retenu par ses affaires. Ce sera donc Brian et moi à bord. Ce qui n’est pas un problème puisque nous voulons faire la Transat Jacques Vabre ensemble. C’est probablement le bateau le plus lent sur lequel j’ai navigué (NDLR Allister est un spécialiste du multi et de la Coupe de l’America) mais son design est chouette et simple, et il marche très bien. Il y a beaucoup de compétitions dans cette flotte. J’ai toujours le record de la traversée des Bermudes au cap Lizard, en 4 jours, en MOD 70 Argo. Brian et moi, nous nous entendons parfaitement. Il a une grande expérience au large, j’ai plus une expérience inshore avec la Coupe, mais j’aime le grand large. C’est exigeant physiquement. J’aime gérer la technique. Brian est fort en navigation et tactique. On est donc très complémentaire. On s’entend super bien. Nous partons avec une grand-voile neuve que nous allons mettre au point en course. Je n’ai jamais mis les pieds aux Açores, contrairement à Brian qui est allé dans tous les ports du monde. »
Brian Thompson – Tquila
N°159
« Nous avons disputé la Caribean 600 pour notre première course à bord de ce bateau. Nous n’avons eu que 3 jours pour le préparer. C’est sympa d’être ici. Nous étions 4 à bord pour la Caribean 600, y compris Simon Koster, l’ancien skipper. Nous avons beaucoup appris de son expérience. Nous serons donc deux à bord. Ce nouveau bateau est un scow avec une plus grosse étrave qui procure de belles sensations au reaching. Le parcours est la route traditionnelle du retour des croisières aux Antilles. Nous sommes tôt dans la saison et le temps peut-être un peu plus tempétueux. Nous nous attendons à une navigation au près pour commencer, avant de négocier des hautes pressions, puis des dépressions sur les Açores. Nous allons pousser fort pour demeurer au contact des meilleurs. Il y a là d’excellents bateaux et d’étonnants équipages ».
Erwan Le Draoulec – Everial
N°177 Pogo S-4
« Le bateau est prêt pour cette transat. On optimisera une fois en France. Ce sera ma première course en tant que skipper de Class40. J’avais fait le tour des îles Britanniques avec Nicolas Troussel sur Corum et la Transat Jacques Vabre avec Nicolas D’Estais. Je récupère un bateau neuf et je crois que c’est le bateau que j’aurai pu construire. Stan Thuret l’a bien mis en jambe. On va être prudent pour ne pas l’abîmer. On va le pousser un peu mais on tient à le ramener en bon état car nous n’aurons que 1 mois de chantier en mai chez Mer Concept. Ce sera une Transat découverte, avec un autre Figariste à bord, Pep Costa. On part à 4, avec la seule femme de la course, Marie Kell de Cannart, et on va travailler sur nos polaires et sur nos voiles. Ce sera une transat de travail mais on n’hésitera pas à doubler les copains si possible. On a un petit trou aux allures de près donc on va essayer de s’étalonner sur les « lièvres » de la course. Mais le bateau est super au portant. Il n’y a pas de pression de résultat. Le format équipage sera une découverte pour moi, surtout en tant que skipper. »
Axel Tréhin – Project Rescue Ocean
N° 162 – 10e de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe
« On est aussi prêt que possible compte tenu de nos contretemps de mât. On part en confiance, tous problèmes réglés. On navigue avec Arno Biston et Laurent Pruvost, un de mes partenaires. Le but du jeu est de passer du bon temps en mer. En général, quand on trouve la formule de bien-être, cela se passe bien côté performance. Ce parcours permet d’appréhender la météo d’une nouvelle manière. Il y aura du jeu. J’attends avec impatience de découvrir Horta. J’espère en profiter cette année. A bord, c’est moi qui doit décider mais j’essaie d’être ouvert dans toutes les discussions et de confronter les idées. On part tôt dans l’année mais j’ai confiance en Denis Hugues et la direction de course pour ne pas nous envoyer dans des conditions scabreuses. On espère faire toutes les courses de la saison, avec une Transat Jacques Vabre pour finir, la transat Anglaise et Québec – St Malo l’an prochain. Le plateau est très relevé sur le Déf Atlantique. On fait partie des outsiders. »