Raymond Boutin : « La capacité de résilience d’une société est plus grande que ce que l’on croit ! »

Premier roman de l’historien Raymond Boutin, Et la vie gagne (Ibis Rouge éditions) donnera lieu à une rencontre littéraire, ce mercredi 22 mars, à l’hôtel de ville de Basse-Terre.

L’histoire se répète parfois sans qu’on en tire les – bonnes – leçons. Le roman de Raymond Boutin, Et la vie gagne (Ibis Rouge éditions), s’appuie sur des faits réels. En 1865, la Guadeloupe est frappée par une terrible épidémie de choléra. Près de 10 % de la population est ainsi emporté. « J’ai toujours pensé qu’il fallait écrire sur cette période de notre histoire, confie Raymond Boutin. J’ai entrepris des recherches en sachant que nous disposons de sources abondantes. Les médecins qui ont vécu cette épidémie de choléra ont publié des ouvrages. Nous avons le détail, parfois au jour le jour de l’évolution de l’épidémie. Ce livre est un moyen de faire connaître aux Guadeloupéens cette partie de leur histoire d’une manière un peu différente. »

« Les corps sont partout, on manque de cercueils… »

L’historien recentre son roman sur Basse-Terre. En effet, quand les morts se succèdent, les Pointois quittent leur ville marécageuse pour trouver refuge à Basse-Terre où, pensent-ils, l’air est plus « sain ». C’est là que le choléra fera le plus de victimes. D’ailleurs, les Basse-Terriens eux-mêmes, voyant les morts s’accumuler, migrent dans les hauteurs, à Saint-Claude, notamment, qui subira le même sort…

« On ne s’imagine pas ce que c’est pour l’époque, commente Raymond Boutin. En 1865, il y a tellement de morts qu’on n’arrive pas à les inscrire à l’Etat civil, ni à les enterrer ! Les corps sont partout, on manque de cercueils. C’était un épisode dramatique. Il y a un turn-over incroyable : un lit ne restait pas libre plus d’une heure. »

Une même cacophonie face à l’épidémie

Plus de 150 ans après cette épidémie, il est intéressant de noter que la gestion de cette situation sanitaire par les autorités aura été à peu près semblable à la cacophonie à laquelle nous avons assisté avec le Covid-19, en 2020.

« A l’époque, l’administration ne déclare pas le choléra tout de suite : elle évoque d’abord une fièvre pour ne pas faire fuir les gens, raconte Raymond Boutin. Dire que la Guadeloupe est frappée par le choléra impliquerait une mise en quarantaine. Au sein du corps médical, certains médecins estiment qu’il faut dire qu’il s’agit du choléra et d’autres, non. En fait, rien n’a changé ! L’administration a tardé à prendre les mesures adéquates face à cette épidémie. Or, on connaissait cette maladie qui avait sévi dans d’autres pays. Mais, la capacité de résilience d’une société est encore plus grande que ce que l’on croit ! »

Pour autant, dans cette situation inédite et angoissante, Et la vie gagne met en lumière l’histoire d’amour improbable entre deux jeunes issus de milieux différents. « Il y a l’épidémie, mais il y a aussi la vie de la société, le rapport des gens à la foi, ceux qui pensent que cette épidémie est une malédiction, une sanction divine. Et, en même temps, une histoire d’amour un jeune homme et une mulâtresse aisée qui voit comment la société dans laquelle elle vit est pesante : les femmes de son milieu vivent enfermées, ne sortent que pour la messe ou accompagnées. Or, elle, à 20 ans, a peur de ne pas vivre et de ne pas connaître le plaisir. »

Publié en 2021 aux éditions Ibis Rouge, Et la vie gagne, de Raymond Boutin donnera lieu à une présentation publique, ce mercredi 22 mars, à Basse-Terre.

Cécilia Larney

Rencontre littéraire à Basse-Terre (salon d’honneur de l’hôtel de ville), mercredi 22 mars, à 18 h 30. Entrée libre et gratuite. Tél. 05 90 80 88 70.

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