Bernard Bourrier : « Il n’y a pas de chômage dans le contrôle technique ! »

Président du Conseil des métiers des services de l’Automobile, président d’Autovision, Bernard Bourrier, en visite en Guadeloupe et en Martinique, a rencontré des professionnels du secteur.

119 778 contrôles techniques et contre-visites depuis 2021. C’est une pratique indispensable et pourtant méconnue du système de sécurité routière. En effet, le secteur est à la recherche de contrôleurs. Un métier qui se trouve en situation de tension.

Quelles sont les difficultés que rencontre le secteur ?

Bernard Bourrier, président d’Autovision.

La principale difficulté est le recrutement du personnel. Notre métier est une directive européenne qui a été transposée au droit français. Lors de la dernière transposition en 2018, il y a eu un changement des pré-requis demandés pour accéder au métier de contrôleur technique. Auparavant, vous pouviez devenir contrôleur technique en ayant un CAP et quatre ou cinq ans d’expérience, maintenant il faut avoir un BAC professionnel en mécanique de manière obligatoire.

Nous nous sommes aperçus que l’offre de formation en BAC professionnel, est parfois quatre à cinq fois inférieur à l’offre de CAP. Au final, le bassin de recrutement a extrêmement été réduit, et avec la pyramide des âges et les départs en retraite nous arrivons à une situation de « métier en tension ». Surtout avec la nouvelle décision du conseil d’Etat, qui permet au gouvernement de travailler sur le contrôle technique de catégorie L (motos), ce qui va augmenter la demande de contrôleurs. 

Cette situation vient du changement des qualifications requises ?

Oui, parce que lorsque vous êtes sur un bassin qui sort 100 BAC pro pour 500 CAP, cela veut dire que nous les professionnels nous avons le choix dans 100 profils où nous en avions 500 auparavant. D’autant plus que les BAC pro sont demandés dans d’autres domaines comme la vente de véhicule, la logistique, le transport et la distribution de pièces. Notre situation commence à devenir très compliquée.

Comment inciter les jeunes à devenir contrôleur technique ?

La première chose que nous demandons, c’est une implication plus tangible de l’état qui pourrait partager plus d’informations sur le contrôle technique car, les seules fois où l’on entend parler du contrôle technique c’est lorsqu’il y a une réforme ou une contrainte pour les automobilistes. C’est dommage parce que ce traitement ne donne pas une image positive de notre métier qui pour moi est un métier très important en matière de sécurité routière et environnementale, mais surtout un métier proche de la vie des gens. C’est ce qui est important, de rappeler la noblesse de ce métier. C’est pourquoi avec mes confrères nous faisons des campagnes dans les centres de formation afin d’informer les professeurs et les étudiants que ce métier existe. Tout le monde sait ce qu’est le contrôle technique, mais on ne pense pas que cela peut être un métier de proximité non-délocalisable ! Il faut dire aux jeunes que c’est un métier qui est devant eux. Avec un BAC pro, ils peuvent travailler dans les trois mois qui suivent l’obtention du diplôme. Il n’y a pas de chômage dans le contrôle technique !

Entretien : Tafari Tirolien

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​