Dans un débat désormais rendu célèbre par Gérard Darmanin, consacré aux Outre-mer et organisé par le journal Le Point, le ministre s’est lâché.
Il a dit son ressenti de quelques mois d’observation des régions d’Outre-mer puisqu’il a, depuis la dernière présidentielle, en plus de sa casquette de ministre de l’Intérieur, celle de ministre des Outre-mer.
Il y a ce qui a été repris par tous les médias, il y a ce que le ministre a dit et que personne (ou presque) n’a repris de son intervention.
Il y a ceci, notamment :
« Je pense qu’en Outre-mer, ce qui nous manque, c’est la diversité politique. Mais, ça touche toute la France. Il y a un tripartisme désormais installé.
Dans les territoires ultramarins où il y a trois millions de nos concitoyens, il y a désormais peu de partis ou d’élus représentatifs de ce qu’on pourrait appeler des partis de gouvernement traditionnels.
Et donc le gouvernement ou les préfets sont en face, soit de collectifs un peu spontanés, numériques, très difficiles à comprendre et à canaliser, soit de partis politiques révolutionnaires, indépendantistes, ce qui rend difficile le pacte de gouvernement qu’on peut avoir avec ces territoires. »
Ces phrases tranchent avec le discours officiel tenu depuis quelques mois par le président de la République, la Première ministre, le ministre délégué chargé des Outre-mer.
Ceux-ci ont admis qu’il était possible (et même souhaitable), avec les élus des Outre-mer, de parler transfert de compétences ou autonomie, en toute quiétude. Des réunions se sont tenues au cours desquelles personne n’a jamais émis le moindre doute sur la compétence des élus locaux de discuter avec Paris, qu’ils soient élus nationaux, sénateurs et députés, grands élus locaux, président de collectivité, président de Région et président de Conseil départemental.
D’ailleurs, lors de son passage en Guyane, Gérard Darmanin n’a pas manifesté son scepticisme en échangeant avec ses interlocuteurs, dont Gabriel Serville, président de la collectivité territoriale.
D’ailleurs, lors de son passage en Martinique et en Guadeloupe, le président du Sénat, Gérard Larcher, a conforté ce désir de renouveler le pacte des régions avec Paris en disant que, dans l’Hexagone, c’était aussi la volonté des élus. Il n’a pas parlé d’autonomie mais de transfert de compétences, certes, mais…
Que s’est-il passé depuis le début de ces discussions qui pourrait laisser penser, du moins à un observateur comme Gérard Darmanin, que les élus ultramarins seraient plus ou moins disqualifiés et que ceci rendrait « difficile le pacte de gouvernement qu’on peut avoir avec ces territoires » ?
A suivre.