Un fourre-tout

Le plan de relance fourre-tout qui a été initié récemment, non encore finalisé, ne répond pas complètement aux préoccupations immédiates d’une économie guadeloupéenne dont la reprise semble s’essouffler, qui va perdre des emplois salariés au quatrième trimestre 2020, et qui accuse des carences dans les infrastructures essentielles.

On y trouve toutes sortes de mesures pêle-mêle, en vigueur, en cours, en chantier, à réaliser, décidées avec un très petit nombre d’acteurs.
Ce n’est pas à la hauteur du phénomène.

L’objectif est de redynamiser vite une économie ébranlée par la Covid 19 et qui plonge, dans « l’atonie « comme le prédisent et le ressentent certains sur le terrain.

La récession que nous subissons et qui va conduire à une contraction de l’activité d’environ 9% est exogène, car due aux cinquante-cinq jours de confinement au début de l’année.

On espère d’ailleurs que le ralentissement provoqué par la désorganisation sanitaire que nous vivons actuellement n’engendrera pas un effet identique, supplémentaire.

Certains secteurs avaient retrouvé leur activité normale (rattrapage).
D’autres qui étaient auparavant assez réguliers sont encore à 20, 30, voire 40 % en deçà de leur chiffre habituel. C’est le cas de la restauration, l’aéronautique, l’hôtellerie et la location de voiture. C’est aussi le cas de secteurs comme l’événementiel et le monde du spectacle.

D’origine sanitaire et non pas économique ou financière, nous sommes pris dans un phénomène très violent. Du coup,la reprise est incertaine car :

  • l’épidémie est loin d’être terminée,
  • elle change nos comportements de consommation
  • elle modifie nos façons de vivre.

C’est aussi un puissant accélérateur de changement qui conduit à s’interroger sur la pérennité de certains comportements des clients.

Que deviendront par exemple les voyages d’affaires, les réunions, les congrès, les centres commerciaux, les centres villes, la croisière, les festivals ?

Les huit semaines de confinement ont provoqué une accélération digitale sans précédent. L’e-commerce, le télétravail ont explosé. Les entreprises et les services publics n’ont eu d’autre choix que de se digitaliser pour conserver intact le lien social.

Cela engendre des surcoûts d’exploitation. Mais attention, les nouvelles technologies ont gommé les distances géographiques, mais ont aussi amplifié les divisions de la société et les inégalités.

A ce tableau sombre se rajoutent les retards considérables accumulés dans les infrastructures de base (eau, assainissement, routes, etc.) et la détresse financière de certaines collectivités publiques.

C’est par le rétablissement (grâce au plan qui serait adopté) d’une économie déconfinée, désendettée, dérouillée (1), démocratisée, moins taxée, et la création, localement, de conditions concurrentielles que nous sortirons indemne de cette impasse.

La concurrence permet surtout de garantir à la population la préservation de son pouvoir d’achat (prix plus élevés en Guadeloupe).

Le soutien aux entreprises et la réparation des infrastructures permettront à ces dernières d’investir massivement, créant ainsi de nouvelles marges de productivité et dopant la croissance durable du territoire. Relancer l’investissement est une priorité absolue.

Enfin, fait aussi cruellement défaut dans ce plan un soutien à la demande, ciblé sur les plus modestes, sous la forme d’un chèque relance.

La tâche primordiale des responsables politiques est d’essayer de réduire l’incertitude massive qui persiste tout en continuant à fournir une aide d’urgence aux personnes et aux secteurs les plus durement frappés.

Philippe Kalil

 

(1) La machine administrative est rouillée et souvent incohérente. De plus les délais de paiements de certaines administrations sont hors normes.

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