Dix-huit des vingt-sept élus ultramarins de l’Assemblée nationale se sont réunis à Cayenne, lundi 9 janvier. Un « mouvement spontané », qui entend dénoncer « l’attitude de mépris du gouvernement ».
Que s’est-il passé ? « C’est un mouvement spontané né en réaction à l’attitude de mépris du gouvernement, une prise de conscience qu’il faut agir ensemble, après une accumulation de décisions », explique Moetai Brotherson, député GDR de Polynésie, président de la délégation aux outre-mer de l’Assemblée nationale.
Les crédits votés pour augmenter le budget des Outre-mer de 220 millions d’euros « balayés par le 49.3 » plus la soirée du 24 au 25 novembre 2022, au cours de laquelle le gouvernement a balayé aussi un texte adopté dans la niche parlementaire de La France insoumise (LFI) pour réintégrer les soignants non vaccinés, la goutte d’eau… qui a fait déborder le vase de la patience.
« Cela a été le coup de trop. Cette nuit-là a eu pour effet de rassembler tous les élus », a souligné l’organisateur de la réunion de Cayenne, Davy Rimane (Guyane, GDR).
« Pour la première fois, nous nous réunissons de manière transpartisane, c’est un signal historique, a dit, au cours d’une conférence de presse une fois revenus à Paris, Olivier Serva (Guadeloupe, groupe Libertés, Indépendants outre-mer et Territoires). Nous devons être conscients de notre poids politique. »
Poids estimé à 5%, à retenir pour la prochaine présidentielle… quand on sait que celles-ci se jouent, généralement, à 2 ou 3% près entre les deux candidats.
Les élus ultramarins ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle Christian Baptiste, a résumé les griefs et les attentes : plus question de se laisser gouverner.
Il a expliqué un concept à retenir : celui de la décolonialité.
Explications :
« La décolonialité consiste à sortie de cette relation verticale que nous avons avec la France. L’homme et la femme doivent être au centre de nos préoccupations. Nous représentons le peuple et nous voulons fortement qu’ici, à l’Assemblée nationale, on puisse bien comprendre notre réalité. »
« Cette action est pour les générations futures. Nous avons des territoires qui ont énormément d’atouts.»
« Ici et maintenant, il est important que nous puissions sortir de cette relation verticale. Il faut que nous ayons une démarche qui soit ascendante et que l’ensemble de nos acteurs économiques, sociaux, quels qu’ils soient, soient avant tout ceux qui décident pour nous-mêmes dans le cadre de nos institutions. »
André-Jean Vidal
aj.vidal@karibinfo.com